Un nouveau musée consacré aux exilé·e·s a ouvert ses portes, en 2022, au Danemark pour mieux raconter les histoires personnelles derrière la migration forcée. Baptisé Flugt (“la fuite”), il a été construit à Oksbøl, une petite ville sur la côte ouest du pays scandinave, un des États d’Europe à la ligne la plus dure en matière d’immigration.
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Dans ce qui fut jadis l’hôpital du camp auquel a été ajoutée une aile moderne, au milieu d’effets personnels – d’une tente à un ours en peluche –, les expositions retracent les parcours individuels des exilé·e·s. L’histoire, à l’origine du lieu, des réfugié·e·s allemand·e·s à la chute du nazisme, mais aussi de celles et ceux ayant trouvé refuge au Danemark pour fuir la guerre et l’oppression. “Nous voulons raconter l’histoire, derrière les chiffres, des vrais gens”, explique à l’AFP le directeur du musée Claus Kjeld Jensen.
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Ici, au crépuscule de la guerre de 1939-1945, des dizaines de milliers d’Allemand·e·s fuyant la progression de l’Armée rouge ont trouvé refuge sur ces terrains militaires de landes et de plages au bord de la mer du Nord. Oksbøl était alors devenue en quelques semaines la cinquième ville du Danemark en termes de population.
Dans le camp, opérationnel de 1945 à 1949, il y avait derrière des barbelés des écoles, un théâtre et un atelier. En dehors des deux bâtiments de l’hôpital et d’un cimetière caché par une forêt touffue, il restait peu de traces de ce passé que le musée vient ressusciter.
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“Il y a cette période de l’histoire du monde qui s’est déroulée ici même, où nous sommes. Mais il y a aussi la situation d’aujourd’hui”, souligne Kjeld Jensen. “Nous avons beaucoup plus de réfugié·e·s dans le monde que nous n’en avions à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Donc je suppose que la question est plus pertinente que jamais”, dit le conservateur.
“Sanctuaire”
Inauguré par la reine du Danemark Margrethe II et le vice-chancelier allemand Robert Habeck, le musée a coûté au total 16 millions d’euros, dont 1,5 apporté par Berlin. “Personne n’aurait pu penser qu’il serait si tristement actuel de parler de réfugié·e·s et d’exil”, a souligné la monarque de 82 ans. Fin 2021, le monde comptait près de 90 millions de personnes déracinées, réfugiées et déplacées internes, selon le HCR, l’agence des Nations unies pour les réfugié·e·s.
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L’invasion de l’Ukraine par la Russie a déclenché un nouveau mouvement sur le continent, avec au moins 12 millions de personnes ayant quitté leurs foyers, selon l’ONU. Le nouveau musée a été conçu par l’architecte danois de renommée mondiale Bjarke Ingels, qui a récemment signé le nouveau siège de Google dans la Silicon Valley.
“Lorsque nous avons commencé ce projet, nous pensions que cela faisait partie du passé pour l’Europe occidentale”, a-t-il dit lors de l’inauguration. À l’intérieur de son œuvre, d’imposantes charpentes en bois s’étirent vers le ciel, créant un grand foyer ouvert à partir duquel le public explore les expositions. Un lieu conçu comme “une oasis ou un sanctuaire qui s’ouvre vers la forêt”, selon son concepteur.
Pour certain·e·s, la politique actuelle du Danemark vis-à-vis des réfugié·e·s colle mal avec la philosophie du musée. Ces dernières années, les gouvernements de droite comme de gauche ont mené l’une des politiques migratoires les plus strictes d’Europe.
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Le Danemark est ainsi devenu le premier pays de l’Union européenne à réexaminer les cas de plusieurs centaines de Syrien·ne·s de Damas ayant obtenu l’asile, jugeant que la situation leur permettait de rentrer dans leur pays natal. Les politiques migratoires danoises “sont très orientées politiquement et nous espérons, bien sûr, qu’il y aura un moyen de changer cela”, a déclaré le représentant du HCR, Henrik Nordentoft.