Lundi 1er juillet à 23 h 45, sortait “NO PASARÀN”, morceau réunissant 27 rappeurs dont Zola, Fianso, Akhenaton, Zed ou encore UZI en réaction aux récents résultats électoraux de l’extrême droite. Alors que le deuxième tour des élections législatives anticipées se tiendra le 7 juillet, revenons sur 10 morceaux qui ont marqué le rap français dans son engagement politique.
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“11’30 contre les lois racistes” (1997)
Comment ne pas commencer par ce morceau qui a grandement inspiré la création de “NO PASARÀN” et qui apparaît comme le morceau référence du rap face à l’extrême droite. Pour Le Parisien, Fianso explique que ce morceau est “une chanson fondamentale pour [lui] et qui [l]’a aidé à comprendre à la fois le racisme en société, mais aussi la manière de s’en défendre. La culture a son mot à dire et a vocation à s’exprimer sur cette typologie de sujets”. On retrouve sur le morceau les pionniers du rap de cette époque, d’Akhenaton à Passi en passant par le groupe Assassin et Freeman.
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Kery James – “Lettre à la République” (2012)
Tout est dans le titre. Dans un morceau de près de quatre minutes, Kery James adresse une critique acerbe et puissante aux politiques françaises et revient sur le passé colonial de la France, évoquant le racisme et le rapport ambivalent qu’entretiennent la France et une partie de sa population face à l’immigration : “Vous n’êtes pas venus en paix, votre histoire est agressive” avant de poser la question “Est-ce que les Français ont les dirigeants qu’ils méritent ?”.
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Diam’s – “Marine” (2004)
Morceau frappant de la discographie de la rappeuse, “Marine” est un titre qui a traversé les générations par son message, son texte profond et la froideur avec laquelle Diam’s s’adresse directement à Marine Le Pen. La rappeuse évoque son père, ses idées, l’accusant parfois du pire et tentant à d’autres moments de lui faire entendre raison, utilisant le médium du rap pour faire passer un message puissant se terminant par le clair et net : “Moi, j’emmerde le Front National”.
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IAM – “La fin de leur monde” (2007)
Concernant le groupe marseillais, on aurait pu également citer d’autres titres de leur discographie qui est truffée d’engagements sociaux forts, marque de fabrique d’un groupe qui a toujours rappé ses convictions les plus profondes, tout comme ses désaccords. Toujours engagés, avec “La fin de leur monde”, Akhenaton et Shurik’n le sont dans toute leur splendeur dans un morceau fleuve de 10 minutes. À l’écoute de ce titre, l’air semble parfois se raréfier tant on peut se sentir tomber sous le poids des mots et leurs intensités. C’est une performance rare visible dans l’album Soldats de Fortune.
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NTM – “Le monde de demain” – (1991)
Il s’agit là d’un des premiers succès du groupe et un titre hautement important dans l’histoire du rap français. Criant la vérité d’une banlieue en manque de repères et livrée à elle-même, le refrain donne tout de même de l’espoir quant au monde de demain : “Le monde de demain quoi qu’il advienne nous appartient”. Le titre du morceau inspirera même un documentaire du même nom sorti en 2022 et retraçant la naissance du groupe, entre autres.
SNIPER – “La France” (2001)
Dans ce solo de Tunisiano inscrit dans l’air SNIPER, le rappeur rappe farouchement une colère et un désarroi puissant face aux institutions gouvernementales, de la police et le traitement reçu de leur part, aux politiques, politiciens et médias. Tunisiano vient pointer du doigt le racisme et son expansion : “Nous sommes traités de racistes par les gosses à Hitler”. Ce morceau aura valu au groupe une poursuite en justice pour “propos raciste” et SNIPER ressortira logiquement exempt de toute condamnation.
Youssoupha – “Menace de mort” (2011)
Le clip démarre par un flash-back des différents déboires subits par le rap français après ses prises de position et leurs retentissements politiques. On peut également entendre les propos de Zemmour avec qui Youssoupha était en procès (finalement gagné, une nouvelle fois). Dans “Menace de mort”, le rappeur clame son droit à la liberté d’expression, de plus en plus bâillonnée par un contexte social hautement conflictuel, surtout quand il s’agit de la prise de position des rappeurs : “On a les critiques imparables d’une France qui oublie qu’les paroles de son hymne sont plus violentes que celles du gangsta rap”. À coups de punchlines toutes plus tonitruantes, on entre dans ce que le rap et Youssoupha peuvent faire de mieux en matière d’engagement, que ce soit social, politique et idéologique.
Médine – “Raison sociale” (2017)
Pur morceau contestataire, “Raison sociale” est un des nombreux titres engagés de Médine. On ne pouvait pas parler de ce pan du rap français sans en évoquer l’essence même : un Médine toujours à propos de l’actualité, que ce soit dans sa série “Enfant du destin” ou dans d’autres morceaux comme “Speaker Corner” par exemple. Dans “Raison sociale”, Médine fait état de la situation en France au moment de l’arrivée des élections en 2017 : “2017 ce sera la guerre, pour les khel, les crouilles et les gwer. J’irai aux urnes en militaire”.
Ärsenik – “Boxe avec les mots” (1998)
Track deux de l’iconique album Quelques gouttes suffisent, c’est notamment dans “Boxe avec les mots” qu’on peut entendre la phrase culte : “Qui prétend faire du rap sans prendre position ?”, captant alors ce que le rap représentait principalement, un miroir de la vie dans les quartiers défavorisés.
“Marche” (2013)
Morceau de 6 minutes issu de la bande originale du film La Marche, on retrouve à la production DJ Kore, 11 ans avant qu’il remette le couvert avec “NO PASARÀN”, ainsi que 13 rappeurs à la plume affinée, dont Nekfeu, Disiz, Sadek, Akhenaton, Kool Shen du groupe NTM ou encore Lino d’Ärsenik. Le titre parle de l’État, de l’immigration, du vote, plus globalement de la situation en France, évoquant le racisme ou encore le FN et ses adhérents. Le morceau se distingue par des couplets de grande qualité et une belle représentativité du rap, de l’ancienne à la nouvelle génération.
Ces morceaux présentés ici datent, pour certains, d’il y a presque 20 ans et pourtant, ils résonnent comme jamais actuellement, comme si le sablier avait décidé de faire un sombre retour en arrière.