Machisme, plafond de verre, violence ou harcèlement passés sous silence : “Il est temps que la peur change de camp.” À l’image du mouvement #MeToo et #Balancetonporc de 2017, le monde de la musique se soulève à son tour contre les violences sexistes et sexuelles.
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Depuis le 17 juillet, le collectif Music Too France appelle les victimes de ces violences à témoigner, pour faire face, comme il l’explique dans son manifeste, à ces oppressions qui “s’imbriquent et se cumulent” dans l’industrie de la musique.
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Derrière ce collectif, nous retrouvons des “anonymes issu·e·s du secteur musical“, des membres qui dénoncent ainsi “une filière professionnelle parfois dangereuse, souvent toxique pour les femmes, pour la communauté LGBTQIA+ et les personnes racisées sous-représentées.”
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C’est dans une volonté de libérer la parole autour de ces violences que le mouvement s’organise. Pour cela, les membres du collectif travaillent avec des avocates et deux associations spécialisées, souhaitant offrir “un soutien psychologique et un suivi juridique aux témoins qui en auraient besoin“.
Un appel aux témoignages
#MusicToo souhaite mettre au grand jour ces “histoires d’agressions sexuelles que tout le monde connaît dans le milieu mais dont personne ne parle” au même titre que “l’impunité des agresseurs (professionnels à des postes clés, artistes omniprésents dans les médias) qui n’ont aucune raison d’arrêter leurs agissements si personne ne parle.” Alors, parlez.
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“Sur notre Google Form jusqu’au 30 septembre, nous recueillons vos témoignages de violences sexistes – propos sexistes, dégradants, ambiance sexiste – et sexuelles”, explique le collectif.
Les victimes peuvent ainsi témoigner, en restant anonymes ou non, en remplissant ce formulaire disponible en ligne.
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Cet appel de #MusicToo sait en tout cas se faire entendre et a déjà été relayé par des artistes comme Chris, Camélia Jordana ou Pomme.
L’objectif de ce collectif est avant tout d’identifier les agresseur·euse·s en recoupant les témoignages nominatifs, tout en protégeant les victimes d’éventuelles répercussions (action en diffamation ou autre). L’anonymat et l’union sont ainsi les maîtres-mots de leur initiative, et ce qui donnera certainement toute sa force à leur mouvement. La récente dénonciation du graffeur parisien, célèbre pour son tag “L’amour court les rues” en est la preuve, l’union fait la force des victimes de violences, qu’elles dévoilent, ou non, leur identité.
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Dans la continuité de plusieurs initiatives
Music Too France se construit dans la continuité même de plusieurs initiatives lancées au cours de l’année 2019 : des coups de gueule qui n’ont pas été suffisamment entendus.
L’an dernier, le fonctionnement de l’industrie musicale avait en effet déjà été pointé du doigt à plusieurs reprises, notamment par la page Paye ta note et l’enquête de la journaliste Valérie Lehoux parue dans Télérama.
Par la suite, près de 1 000 artistes et autres professionnelles du milieu avaient alors lancé et signé en avril, un manifeste dans ce même média pour dire “stop” au sexisme dans ce secteur. Toutes réclamaient alors des “mesures concrètes et nécessaires” pour “garantir l’égalité et la diversité” dans les métiers de la musique. On retrouvait notamment parmi les signataires F.E.M.M. (Femmes Engagées des Métiers de la Musique), des techniciennes, journalistes et artistes de tous horizons.
À l’automne, une enquête publiée par le collectif CURA révélait à son tour des données ahurissantes : une femme artiste sur trois a été agressée ou harcelée sexuellement dans l’industrie musicale française. D’autres études réalisées par Fedelima ou Slate montraient aussi que 97 % des groupes programmés par les grands festivals sont aujourd’hui composés majoritairement voire exclusivement d’hommes, 88 % des programmateurs de salles de musiques actuelles sont des hommes et seulement 4,3 % de femmes sont cheffes d’orchestre dans le monde.
Un mois plus tard en novembre 2019, Emily Gonneau, autrice et cofondatrice de l’agence de conseil d’artistes Nüagency, témoignait en son nom pour parler de son agression sexuelle. Elle fut finalement suivie par les sœurs Camille et Julie Berthollet qui dénonçaient auprès de Loopsider les pratiques et tabous persistant dans la musique classique. Comme nous le rappelait il y a quelques semaines la créatrice du compte Instagram D.I.V.A., Lola Levent : aucun style musical n’est épargné par ces violences.