Cette année, Mounia Nassangar figurait parmi notre sélection des Talents of Tomorrow, qu’on voyait exploser sur la scène culturelle francophone. C’est chose faite : la chorégraphe, danseuse, DJ et mannequin, qui a créé sa propre compagnie l’an dernier, vient de signer sa première création dansée : S.T.U.C.K, et on est hyper fières. Comme elle nous le confiait, en avant-première, lors d’un entretien, sa pièce chorégraphiée a été commandée par le Centre chorégraphique national de Rennes.
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Ce spectacle est porté par cinq interprètes aux histoires fortes : Suzanne Degennaro, Serena Freira, Oumrata Konan, Nicole Kufeld et Carla Parcianello partagent la scène, sous la lumière de Xavier Lescat, dans les costumes de Lydie Tarragon, sur la musique de Mac L’Arnaque et avec l’aide de Sofia Staníc.
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“Je n’avais pas du tout prévu de lancer ma compagnie de danse à 31 ans, car je voulais attendre encore dix ans avant de la créer. Sauf que le hasard de la vie a fait qu’un de mes shows à Amsterdam a tapé dans l’œil de professionnel·le·s du métier, qui m’ont proposé de m’accompagner et m’ont commandé une création pour le Centre chorégraphique national de Rennes et de Bretagne. C’était un signe. Je croyais en ce que je défendais. Je savais que ça parlerait aux gens de ma communauté. Quand une femme comme moi danse, c’est forcément politique, que je le veuille ou non. […]
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Depuis le confinement, les idées s’alignent : je me sentais coincée, je n’osais pas exprimer certaines choses, j’ai toujours été timide… J’arrivais à la trentaine avec tous ces trucs-là. Je venais de subir du harcèlement moral lors d’un show, quelques années auparavant. C’était si intense que ça m’a marquée, j’en avais honte. J’ai fini par en parler et on m’a protégée, mais je pensais qu’on allait me prendre pour une folle. Ça m’a rappelé plein de choses de mon passé.
Quand j’ai créé ma compagnie, je voulais que ma première création, S.T.U.C.K, parle de mon introspection, de mon déni, de mon acceptation, de cet épisode de ma vie et de l’état psychologique dans lequel j’étais plongée. Je n’ai casté que des personnes qui me touchaient émotionnellement : elles déclinent différents types de féminité, de masculinité et de danse, du UK jazz au Krump, et défient les diktats de beauté. […] J’espère qu’elle parlera à tout le monde.”
S.T.U.C.K raconte “les différents états psychologiques du burn out à travers le whacking”, côtoie la mise en scène de clip vidéo, de film et de comédie musicale. Nous sommes chanceux·ses puisque cette création originale a plusieurs dates en France et en Europe, durant l’année : le 27 juin au Nouveau Studio Théâtre de Nantes, les 3 et 4 juillet au Roskilde Festival, au Danemark, le 6 juillet aux Ateliers Médicis de Clichy-sous-Bois, le 22 août au Summer Dance Forever à Amsterdam, le 26 septembre à la Briqueterie de Vitry-sur-Seine, le 11 octobre au Centre des Arts d’Enghien-les-Bains, et les 21, 22 et 23 janvier 2025 à La Villette, à Paris.
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