Choisir ou mourir
Créer des atmosphères mystérieuses et comico-mortifères est l’une des activités favorites de Yorgos Lanthimos. Là encore, il parvient à vaporiser un parfum anxiogène sur son entreprise familiale. Sous le vernis du confort, un corps étranger attend en effet de faisander l’horizon. C’est sous les traits de Martin, un ado impénétrable, que déboule la nuisance. Le jeune homme, qui a perdu son père des suites d’une maladie du cœur, réussit à se faire prendre sous l’aile de Steven. Bémol : ses intentions sont aussi sibyllines que son discours. Que veut-il ? Quel est le but de ce rapprochement ? Pour répondre à ces questions, le cinéaste grec va s’engouffrer dans le genre pur, faisant de la vie de ses sujets le théâtre d’un film d’horreur.
Les enfants perdent ainsi leur repère et, bientôt, leur motricité, forcés d’errer dans la bâtisse sous le regard acéré comme un scalpel de la mère Kidman. Derrière la caméra, Yorgos Lanthimos s’amuse, non sans humour, avec les codes du film de contamination, jouant sur la lumière et la musique, déroulant des travellings à la pelle. Des plans qui lui permettent de matérialiser l’idée du mystère irrésolu, du labyrinthe imprenable et, de facto, d’une issue sacrificielle dont ni le spectateur ni le héros ne pourront se départir. Tout n’est pas convaincant, soyons-en conscients. Le cinéaste oscille constamment entre grands instants formalistes et saillies grand-guignolesques. Mais il ose, propose, échafaude et nous offre une vision atypique et radicale de son univers. Après tout, n’est-ce pas le propre du cinéphile que d’explorer de nouveaux terrains ?
Publicité