Ville de musées, de collectionneur·se·s et d’artistes, Mexico conforte sa place de capitale du marché de l’art moderne et contemporain en Amérique latine avec plusieurs événements où se retrouvent des galeries et acheteur·se·s étrangers.
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Principal rendez-vous de la Semaine de l’art inaugurée le 8 février dernier, la foire Zonamaco reçoit 216 galeries exposantes, dont 51 % du Mexique et 49 % de l’étranger d’après les organisateur·rice·s. Avec l’Espagne, les États-Unis représentent le gros des galeries qui sont venues à Mexico, située à trois ou quatre heures d’avion de Miami ou Los Angeles.
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Ces galeries sont attirées par le marché local des collectionneur·se·s privé·e·s et un réseau de quelque 170 musées – ce qui ferait de Mexico l’une des trois villes au monde les mieux équipées dans ce domaine avec Londres et Paris, d’après certains classements touristiques sur Internet. “Mexico est un hub de collectionneurs très important au niveau international”, avance Mauricio Sampogna, venu de Houston pour le compte de la galerie Art of the World, qui propose des œuvres du maître colombien Fernando Botero.
Zonamaco accueille aussi des dizaines d’investisseur·se·s internationaux·les, selon son nouveau directeur artistique, Juan Canela : “Cette année, nous avons plus de 55 groupes de musées internationaux qui viennent à la foire, et des collectionneurs de divers endroits d’Asie, d’Afrique, d’Europe, et des États-Unis bien entendu. Ils viennent acheter pour des musées ou pour des collections particulières.”
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“Il y a un intérêt grandissant pour les industries culturelles mexicaines”, estime Julien Cuisset, un galeriste français qui vit à Mexico depuis plus de 20 ans. Autre événement de la Semaine de l’art, la foire Bada présente l’originalité de mettre des artistes – mexicain·e·s pour la plupart – en contact direct avec des collectionneur·se·s particulier·ère·s, sans l’intermédiaire des galeries.
Inégalités profondes
Une aubaine pour la créatrice numérique Anni Garza Lau, qui expose ses images scientifiques fictives générées par ordinateur avec recours à l’intelligence artificielle : “Il n’y a pas de galerie d’art purement numérique à Mexico. Généralement, je ne vends pas”, confie-t-elle. Les acheteur·se·s y trouvent également leur compte : “Tu peux trouver de bonnes affaires à des prix plus accessibles et non pas gonflés comme ils le sont dans les galeries”, affirme une amatrice d’art, Cecilia de la Vega.
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La foire d’art contemporain indépendant Material et le salon Acme “une plateforme d’art créée par des artistes pour des artistes”, complètent l’agenda de la semaine consacrée à la création contemporaine. Pont entre les États-Unis et l’Amérique latine, le Mexique, composé de 126 millions d’habitant·e·s en 2020, est un pays traversé par de profondes inégalités économiques.
“La classe supérieure mexicaine occupe un territoire estimé à 1 467 kilomètres carrés, qui représente à peine 0,07 % du territoire national […] d’où ils contrôlent 47 % de la richesse réelle du pays”, avançait récemment El País. “D’abord les pauvres” est l’un des slogans du président Andres Manuel Lopez Obrador (de la gauche nationaliste).
Dans le domaine culturel, sa politique se traduit par un soutien aux expressions artistiques ou artisanales des peuples premiers, les plus touchés par la pauvreté. Le gouvernement fédéral a boycotté ces dernières années un autre événement international, la Foire du livre de Guadalajara, qualifiée par le président de “forum du conservatisme”.
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La foire d’art contemporain Zonamaco “est un événement très singulier, très important au Mexique”, a cependant reconnu son ministre des Affaires étrangères Marcelo Ebrard, présent le jour de l’inauguration. “Le Mexique a une puissance culturelle considérable”, a ajouté le possible candidat en 2024 à la succession de Lopez Obrador.