Le meilleur album de Pharrell Williams n’est pas celui que vous croyez

Publié le par Aurélien Chapuis,

Pharrell a eu de nombreux succès comme "Happy", "Frontin" ou "Get Lucky" avec les Daft Punk. Mais lequel est vraiment classique ?

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Pharrell Williams vient de fêter ses 50 ans. Il ne vieillit pas. C’est un fait, une constante qui ne change pas au fil des années. La moitié du duo The Neptunes a toujours eu cet air facétieux et juvénile, comme un petit prodige toujours en avance sur son temps. Il est possible que Pharrell ait suivi Marty McFly dans la DeLorean et qu’il ait eu un aperçu de ce qui nous attend.

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Avec Chad Hugo, ils ont créé un empire musical dès la fin des années 1990 avec un croisement inédit entre rap dur et pop sucrée. Le duo de producteurs est à la fois à l’aise avec l’univers de dealers de Clipse et le R’n’B éclatant de Kelis. Les Neptunes ont mélangé la science rythmique de leur mentor Teddy Riley, l’esprit taquin et jazzy de A Tribe Called Quest et un minimalisme synthétique, voire métallique, totalement contemporain.

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Pharrell Williams et Chad Hugo ont inventé la musique populaire des années 2000, écornant les images lisses de Britney Spears ou Gwen Stefani tout en acidulant celles de Snoop ou Jay-Z. Le meilleur des deux mondes. À côté de cette œuvre, les deux producteurs avaient leur propre label, Star Trak Entertainment (dédicace Spock).

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Ils lancent aussi leur groupe, N.E.R.D, une plateforme expérimentale qui franchissait toutes les frontières entre les genres – rock, punk, soul et musique électronique. Comme George Clinton et ses formations tentaculaires entre Funkadelic et Parliament, Pharrell et Chad créent des milliers de mondes parallèles pour assouvir leur créativité sans fin.

Une carrière solo qui se dessine doucement

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Au fil des années, le duo se laisse aussi plus de marge, plus d’espace. Pharrell est devenu petit à petit une icône car il accompagne très souvent les productions des Neptunes par un refrain addictif de sa voix haut perchée. C’est le cas sur son solo “Frontin” en 2003, et surtout sur les albums de Snoop, Jay-Z et Nelly, artistes qu’on retrouve sur son premier album solo, le très attendu In My Mind.

Et comme tout album extrêmement anticipé, ce premier solo déçoit. Pourtant, tout est là : des beats fracassants, des mélodies électriques, des stars pop, du beatbox et beaucoup de rap. Mais la recette ne prend pas. Même la rencontre inédite entre les deux cadors Pharrell et Kanye ne devient pas vraiment “Number One”. Appelé Skateboard P pour l’occasion, Pharrell s’en donne à cœur joie, mais le projet reste comme une récréation sonore, une respiration personnelle.

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Mais In My Mind a bien vieilli. Le réécouter 17 ans après offre une lecture unique sur la création de Pharrell Williams et des Neptunes dans leurs plus grandes années, les années 2000. Si on ajoute la superbe version bootleg Out of My Mind entièrement rejouée par Questlove avec l’autorisation de Pharrell, on a sûrement une des œuvres les plus foutraques mais complètes de Pharrell Williams à cette époque.

À l’orée des années 2010, le nom de Neptunes est toujours auréolé de succès, même si la formule tourne en rond. Chaque blockbuster pop a son morceau produit par Pharrell et Chad, mais ils se ressemblent un peu tous. Pharrell fricote avec Odd Future et devient le modèle de Tyler, the Creator, Frank Ocean ou même Mac Miller et Kendrick Lamar.

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Une nouvelle génération se met en place avec les Neptunes comme toile de fond. Mais Pharrell est de moins en moins sur le devant de la scène. Normal. Les cycles. Il s’intéresse alors à la musique de film. En 2010, il travaille avec les équipes françaises de Moi, moche et méchant, accompagné de la légende Hans Zimmer. C’est le début d’une aventure qui va l’emmener beaucoup plus loin qu’il ne le pensait.

2013, l’année surprise

2013 est l’année charnière, celle qui va tout changer. Daft Punk sort un nouvel album, le premier en huit ans. Le premier single est un véritable raz-de-marée avec Nile Rodgers du groupe Chic à la guitare et… Pharrell Williams au chant. “Get Lucky”. Quasiment au même moment, Pharrell compose pour Robin Thicke, son pote de toujours. “Blurred Lines” se colle en haut des charts avec un clip dont l’esthétique fera date.

Dans le même tempo, Pharrell travaille sur la bande-son de la suite de Moi, moche et méchant, avec trois morceaux inédits : “Just a Cloud Away”, “Scream” avec Cee Lo Green et… “Happy”. Accompagné d’un clip hyper novateur, “Happy” devient le zeitgeist de Pharrell Williams, son moment pop ultime. Alors qu’il est peut-être son titre le moins intéressant de sa carrière.

Suit alors un deuxième album, Girl, comme pour continuer sur ce mouvement inédit, ce 2013 béni. Mais le résultat est morne, on s’ennuie, c’est trop éclatant, trop lisse. Pharrell n’arrive pas à retrouver son excellence, il ronronne.

Pourtant, en 2015, une grosse année plus tard, il va offrir le meilleur de toute cette période et il ne le fera pas pour lui, mais pour son meilleur allié dans le rap depuis le début : Snoop Doggy Dogg. Avec Bush, Pharrell Williams est le parfait chef d’orchestre qu’il fallait pour rendre Snoop plus crooner que jamais.

L’ambiance de l’album oscille entre show rodé à Las Vegas, funk hyper léchée à la Lamont Dozier, Isaac Hayes, Curtis Mayfield, Chic, Michael Jackson ou encore Quincy Jones ou… Stevie Wonder. Stevie et son harmonica qu’on retrouve d’ailleurs sur l’incroyable “California Roll”, parfaite synthèse du projet.

Finalement, c’est peut-être là le meilleur projet de Pharrell Williams. Pas vraiment un solo mais quasiment, vu qu’il est sur chaque morceau, accompagnant Snoop dans ses chansonnettes. Car oui, il chante, et très peu de rap, sur ce disque qui se veut un superbe hommage à leurs aînés. Un peu suranné parfois, mais avec une production vraiment superbe de bout en bout. Chad Hugo est aussi de la partie, ajoutant encore une donnée unique à l’album. Charlie Wilson avec “Peaches N Cream” a sûrement le deuxième meilleur titre.

La passation de pouvoir a lieu sur le dernier morceau, où Snoop et Pharrell invitent Rick Ross et Kendrick Lamar pour un morceau facile mais très symbolique. Une symbolique énorme qu’on retrouve sur le “Allright” de ce même Kendrick, composé par… Pharrell.

L’année 2015, avec ce Bush est sûrement l’aboutissement ultime des années 2010 de Pharrell, sa nouvelle célébrité et son rôle fédérateur sincère. Il est aussi finalement le retour d’ascenseur du projet mi-figue mi-raisin qu’était In My Mind. Donc le meilleur album de Pharrell Williams est un album de Snoop Dogg. Yes, sir !