Martin Scorsese, le retour de Saw et des humains-animaux : les 15 films à ne pas rater en octobre

Publié le par Konbini,

(© Netflix / Paramount Pictures / Gaumont Distribution / Metropolitan FilmExport)

Du film fantastique français, de l’horreur dégueu, une grande épopée scorsesienne : il y en aura pour tous les goûts.

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Le Règne animal, de Thomas Cailley (Studio Canal) — Sortie le 4 octobre

Après son premier film Les Combattants, Thomas Cailley ose l’aventure fantastique et conforte le cinéma de genre à la française en s’offrant, avec Le Règne animal, une convaincante virée en fantastique portée par le tandem Paul Kircher – Romain Duris, qui touche en plein cœur en papa dévoué.

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Plongé dans un monde qui voit se propager un mystérieux virus transformant progressivement ses victimes en animaux, du poulpe au caméléon, en passant par le pangolin, le trio s’amuse des codes du genre fantastique pour raconter la grande histoire moderne des Hommes et de leurs égaux animaux. Sur fond de fable écologique et de fantômes covidés, le film faisant directement écho aux réflexes collectifs face à la propagation d’une entité qu’on ne maîtrise pas, Thomas Cailley infiltre l’extraordinaire dans le banal, provoque la tempête fantastique dans le verre d’eau d’un quotidien trivial.

Avec Le Règne animal, Thomas Cailley ose l’aventure fantastique et conforte le cinéma de genre à la française

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Bernadette, de Léa Domenach (Warner Bros.) — Sortie le 4 octobre

On ne pensait pas spécialement qu’une comédie sur Bernadette Chirac serait quelque chose qui fonctionnerait chez nous. Une farce politique menée par Catherine Deneuve sur la première dame de la fin du XXe siècle, de prime abord, ça n’enchante pas.

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C’était sans compter sur l’écriture de Domenach qui, en puisant son inspiration dans beaucoup de vérités historiques, réussit à croquer un portrait d’une fausse figure de l’ombre, d’une femme dotée d’une intelligence politique insoupçonnée, d’une fine communicante. Tout n’est pas simple, tout n’est pas parfait, certains traits semblent exagérés ou maladroits, mais qu’importe : ça fonctionne très bien.

L’Exorciste – Dévotion, de David Gordon Green (Universal Pictures) — Sortie le 11 octobre

On ne va pas se mentir : le projet fait peur. On fait évidemment confiance à David Gordon Green, très bon cinéaste, dont le dernier fait d’armes est la trilogie Halloween qui a ressuscité une franchise morte et enterrée, sauf qu’il travaillait avec John Carpenter pour être dans la parfaite lignée du film culte. Ici, c’est un peu différent.

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Non seulement Friedkin n’a pas aidé à la création de ce qui se veut être la suite directe de L’Exorciste mais, de surcroît, il détestait l’idée même du projet. Et surtout, cela semble compliqué de vraiment le relier à l’original, à part en castant Ellen Burstyn. Halloween a des codes à part entière. L’Exorciste est un film unique. Bref, on est inquiets, mais curieux.

Le Ravissement, d’Iris Kaltenbäck (Diaphana) — Sortie le 11 octobre

Premier film de la réalisatrice Iris Kaltenbäck présenté à la Semaine de la critique à Cannes cette année, Le Ravissement captive, à la lisière de genres multiples. On y suit Lydia, une sage-femme qui aime son métier mais qui est une femme très seule, interprétée par Hafsia Herzi. Sa meilleure amie et unique pilier Salomé (Nina Meurisse) s’apprête à devenir mère, un rôle et une responsabilité qui la dépasseront par moments. Par un concours de circonstances plus ou moins volontaire, orchestré dans le but de garder un contact forcé avec Milos (Alexis Manenti) avec qui elle a passé une nuit, Lydia va s’octroyer un rôle qui n’est pas le sien, allant jusqu’à l’usurpation d’identité.

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C’est par ce narrateur masculin, qui tente de résoudre l’énigme de cette femme que l’on ne pourra nous non plus jamais saisir — sobrement incarnée par la toujours excellente Hafsia Herzi — que l’on suit son errance puis sa perte, tenus par un suspens et une nervosité urbaine qui ne sont pas sans rappeler À plein temps.

Contes et silhouettes, de Lotte Reiniger (Carlotta) — Ressortie le 11 octobre

Trop peu de gens savent que l’un des noms les plus importants de l’animation est une femme, que Lotte Reiniger est une pionnière inégalée, avec ses films en silhouettes et ombres, sans qui Michel Ocelot n’existerait pas. Trop peu de gens savent que Les Aventures du prince Ahmed n’est pas que l’un des premiers longs d’animation de l’Histoire mais qu’il est aussi et surtout un chef-d’œuvre et que Reiniger n’a pas fait que ça.

Carlotta continue son travail de mémoire en proposant un programme de quatre courts-métrages remastérisés, tous basés sur des contes européens, à savoir Hansel et Gretel, La Belle au bois dormant, Blanche-Neige et Rose-Rouge, et Poucette. Un petit court d’histoire (43 minutes), en plus d’une leçon de beauté visuelle et hypnotisante.

Une année difficile, Éric Toledano et Olivier Nakache (Gaumont) — Sortie le 18 octobre

Pour leur huitième long-métrage et leur nouvelle comédie sociale, le tandem Éric Toledano et Olivier Nakache a choisi de s’attaquer à un gros morceau : l’écologie. Pio Marmaï et Jonathan Cohen y sont Albert et Bruno, tous les deux dans une situation de surendettement préoccupante. Malgré eux et surtout guidés par la nécessité, ils vont s’embarquer dans une aventure écologique associative sans aucune conviction.

Si l’opposition endettement et écologie, pauvreté et sobriété n’est ni des plus subtiles, ni des plus justes, le duo revient à la comédie plus assumée — là où ils sont les meilleurs — portée par un duo d’acteurs facile mais extrêmement efficace.

Killers of the Flower Moon, de Martin Scorsese (Paramount) — Sortie le 18 octobre

Alors qu’on nous promettait un film sur l’enquête du FBI suite à une série de meurtres perpétrés sur la communauté amérindienne des Osages, dont le seul crime fut d’avoir découvert du pétrole sur les terres où ils ont été délocalisés de force, la réalité du dernier film du maestro est toute autre. Le FBI, en la personne de Jesse Plemons, n’apparaît à l’écran qu’au bout de 2 h 30 de film, pour tenter de résoudre l’affaire, éclipsant ainsi une classique histoire de sauveur blanc pour muer le long-métrage en un grand film de gangsters et le premier western du réalisateur de 80 ans.

Malgré une durée intimidante, on y est saisis par la représentation inédite dans l’Histoire du cinéma de cette communauté de natifs américains, peuple fascinant qui étale richesse et domestiques blancs tout en restant fidèle à ses rituels et à ses traditions. On y salue également l’inspiration d’un réalisateur qui, après plus de 50 ans de carrière, continue encore et toujours d’innover, notamment dans une conclusion beaucoup plus inventive que les habituels cartons réservés aux films inspirés de faits réels.

Critique : derrière le duo glamour DiCaprio/De Niro, Killers of the Flower Moon est le film le plus politique de Martin Scorsese

Linda veut du poulet !, de Chiara Malta et Sébastien Laudenbach (Gebeka films) — Sortie le 18 octobre

Oui, l’un des meilleurs films de l’année raconte le parcours d’une maman partie chercher du poulet aux poivrons pour sa fille un jour de grève. Ce n’est pas une blague.

Sur le fond, c’est l’histoire d’une mère et d’une fille très belle, drôle et déchirante, sur le deuil. C’est aussi l’histoire d’un territoire, la France, la France rurale, la France des banlieues, la France des classes populaires. C’est surtout un film canon, à l’animation sublime, colorée, peinturée, vivante. Un petit grand film.

The Old Oak, de Ken Loach (Le Pacte) — Sortie le 25 octobre

La star du dernier film de Ken Loach est un pub miteux d’une ancienne cité minière sinistrée, dernier lieu de sociabilité du village mais également celui d’une xénophobie décomplexée, que va investir un groupe de militants souhaitant organiser des repas gratuits destinés aux enfants réfugiés. C’est au beau milieu des tranchées que va naître une amitié singulière, entre une photographe et réfugiée syrienne et le propriétaire du bar, dont l’humanité nous rappelle celle du héros de Moi, Daniel Blake.

Si Ken Loach y pousse un peu trop loin les curseurs du misérabilisme, The Old Oak doit être pris comme le dernier film (dans tous les sens du terme) du vieux chêne du cinéma anglais et le point final d’une filmographie entièrement dédiée à son combat humaniste.

Faux-Semblants, de David Cronenberg (Capricci Films) — Ressortie le 25 octobre

David Cronenberg est l’un des auteurs les plus importants de l’Histoire du cinéma. Pas simplement du cinéma d’horreur, non, du cinéma, point. S’il vous fallait qu’une preuve, qu’une seule : Faux-Semblants. Il n’est pas loin d’être son plus grand film, dont la remastérisation est sublime et la ressortie en salle un évènement.

Que vous l’ayez déjà vu ou non, que vous ne connaissiez que la série dérivée, le film aux deux Jeremy Irons est un chef-d’œuvre, à voir, encore et encore, comme toute l’œuvre de Cronenberg, au passage.

Le Syndrome des amours passées, d’Ann Sirot et Raphaël Balboni (KMBO) — Sortie le 25 octobre

Sandra et Rémy s’aiment et veulent un enfant. Lorsque l’infertilité vient gâcher la fête et qu’un gynécologue leur apprend qu’ils sont atteints du syndrome des amours passées, le couple se voit prescrire une drôle d’ordonnance : pour débloquer la situation, ils vont devoir recoucher avec tous leurs ex.

Dès lors que le postulat surréaliste du film est installé, toutes les fantaisies sont possibles. Grâce à son duo d’acteurs belges en symbiose, Le Syndrome des amours passées est une comédie romantique tendre et absurde qui propose un dialogue amoureux inédit et décomplexé.

Saw X, de Kevin Greutert (Metropolitan FilmExport) — Sortie le 25 octobre

Vous pensiez que la saga Saw était un beau bordel ? Vous aviez raison, et ce n’était que le début, puisque après un spin-off totalement raté, la franchise gore revient avec son dixième volet, qui est en fait la suite directe du premier — vous me direz, c’est la mode. Oui mais…

En ramenant le duo de tueurs originel (on s’est compris), le film veut renouer à la recette initiale : les petits jeux morbides, les pièges impossibles et surtout John Kramer. Je ne sais pas pourquoi, si on devrait ou pas, mais on a étrangement beaucoup d’espoir pour ce Saw X.

Second tour, d’Albert Dupontel (Pathé) — Sortie le 25 octobre

Albert Dupontel revient avec un nouveau long qui semble être dans la parfaite continuité d’Adieu les cons, sur sa vision du monde, son univers visuel, sa réalisation, et sa manière d’écrire des personnages. À la différence près que cette fois, Dupontel assume d’être un cinéaste politique.

En racontant le parcours de cette journaliste à qui on impose de suivre une élection présidentielle assez plate, et notamment le parcours de ce nouveau venu devenu chouchou de la droite et favori à la course, Dupontel s’amuse à décrire tout un univers assez cradoque, où les valeurs humaines se perdent au détriment de l’ambition… jusqu’à ce qu’on le réalise.

Le Vourdalak, d’Adrien Beau (Jokers) — Sortie le 25 octobre

Vous l’aurez compris, le 25 octobre va être un gros jour de sortie, et vous en aurez pour votre argent, puisque vous êtes sûr de trouver soulier à votre pied. Rien que pour l’horreur d’Halloween, vous avez le choix. Un film de patrimoine culte, une suite d’une saga gore à souhait, voire une autre suite, plusieurs décennies après, d’un grand film d’angoisse. Mais si vous voulez plus d’originalité encore, c’est vers Le Vourdalak qu’il faudra se tourner.

Film à costume, de vampire, d’époque, français, effectué avec un budget limité, le film est à la parfaite jonction entre le film auteurisant français et le film de genre effrayant. Laissez-vous tenter, vous risquez d’être conquis.

Marchands de douleur, de David Yates (Netflix) — Sortie le 27 octobre

C’est un mois léger côté sorties de films exclusif inédits sur les plateformes, mais si nous devions n’en retenir qu’un, ce serait bien celui-ci pour son pitch, celle de l’histoire vraie d’une femme qui se retrouve au milieu d’une machination capitalistique un peu dégueu, dans le monde du médicament, mais pas que.

Parce qu’Emily Blunt, évidemment. Parce que Chris Evans, aussi. Et puis, parce qu’on a la curiosité de voir ce que peut nous offrir David Yates, le cinéaste qui n’a fait que des films Harry Potter et Animaux Fantastique (à part pour un Tarzan médiocre). Et s’il n’a fait que ça, il en a quand même fait sept — et ils ne sont pas tous réussis. À voir ce que Yates a dans le ventre.