Comme toute grande cérémonie de ce genre devrait l’être, les Oscars du 10 mars dernier n’ont pas manqué d’être touchés par un vent de protestation et d’engagement, notamment au vu de la situation d’urgence à Gaza. Que ce soit sur le tapis rouge, sur la scène du Dolby Theatre ou dans la rue, sur les pancartes des manifestant·e·s, le torse des artistes ou dans les mots d’un réalisateur primé, le conflit israélo-palestinien était au cœur de cette 96e cérémonie des Oscars.
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La manifestation pour un cessez-le-feu devant le Dolby Theatre soutenue par Mark Ruffalo
Avant même le début des festivités, un cortège de plusieurs centaines de manifestant·e·s ont élevé leurs voix et leurs pancartes devant le Dolby Theatre de Los Angeles, où se tenait la cérémonie. “While you’re watching bombs are dropping” (“Pendant que vous regardez, les bombes tombent”) pouvait-on entendre notamment.
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La manifestation a entraîné un trafic routier important, causant le retard du début de la cérémonie, mais aussi de l’arrivée des invité·e·s, à l’instar de Mark Ruffalo, acteur du film Pauvres Créatures, qui n’a pas manqué d’afficher son soutien aux manifestant·e·s. “La manifestation pro-palestinienne a interrompu les Oscars ce soir. L’humanité l’emporte !”
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Jonathan Glazer dédie son discours aux victimes de la “déshumanisation”
Autre moment fort et engagé de la soirée, celui du discours de Jonathan Glazer, réalisateur britannique récompensé pour son film La Zone d’intérêt qui remporte l’Oscar du Meilleur film étranger. L’occasion pour le cinéaste juif d’aborder le conflit israélo-palestinien, dans un discours plein d’émotion qui fait des ponts entre son film et la situation à Gaza, notamment à travers la notion de “déshumanisation” qui transcende tant l’un que l’autre.
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“Les choix sont faits pour nous faire réfléchir et réagir dans le présent, pas pour qu’on se dise dans quelques années : ‘Regardez ce qu’ils ont fait’, mais pour qu’on se dise maintenant : ‘Regardez ce qu’on fait’. Notre film montre là où a pu mener la déshumanisation la plus terrible et cela a forgé notre passé et notre présent. Aujourd’hui, nous nous tenons devant vous comme des hommes qui réfutons notre judéité et l’Holocauste détourné par une occupation qui a mené à une guerre impliquant tant d’innocents. Qu’il s’agisse des victimes du 7 octobre en Israël ou de celles des attaques incessantes qui se déroulent à Gaza, elles sont toutes des victimes de cette déshumanisation.”
L’appel “à la paix et à une justice durable pour le peuple de Palestine” de Ramy Youssef
L’acteur Ramy Youssef, dont l’activisme au sein d’Hollywood n’a jamais fait défaut, a lui aussi tenu à faire passer un message sur le tapis rouge. Au micro de Variety, le comédien à l’affiche du film Pauvres Créatures s’est exprimé sur les pin’s rouges “Artists for Ceasefire” arborés par certain·e·s invité·e·s.
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“C’est un message universel : ‘Arrêtons de tuer des enfants. Ne participons pas à d’autres guerres’. Personne n’a jamais regardé la guerre en arrière et pensé qu’une campagne de bombardements était une bonne idée. Le fait d’être entouré de tant d’artistes qui sont prêts à prêter leur voix, la liste ne cesse de s’allonger. Beaucoup de gens vont porter ces pin’s ce soir. Il y a beaucoup de grandes bouches dans les journaux télévisés, ici c’est un espace de grands cœurs. Nous essayons d’envoyer un grand signal à l’humanité”.
Les pin’s pour le cessez-le-feu et en soutien au peuple palestinien portés par Billie Eilish, Swann Arlaud ou Milo Machado-Graner
Le mouvement Artists4Ceasefire, initié en octobre dernier suite à une lettre envoyée au président Biden par plus de 200 artistes, s’est glissé sur le tapis rouge des Oscars, à travers les pin’s rouges portés par plusieurs célébrités qui ont décidé de s’engager en faveur d’un cessez-le-feu à Gaza. Parmi elles, Billie Eilish et son frère Finneas, Mark Ruffalo, Ramy Youssef, Ava DuVernay, Riz Ahmed, Mahershala Ali, Kaouther Ben Hania, Nadim Cheikhrouha, Eugene Lee Yang, Misan Harriman, Quannah Chasinghorse ou encore Daniel Scheinert.
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Les acteurs français Swann Arlaud et Milo Machado-Graner, à l’affiche du film Anatomie d’une chute, ont pris la décision d’arborer un pin’s aux couleurs du drapeau palestinien, affirmant leur engagement envers le peuple de Palestine. Interrogé sur le tapis rouge, Swann Arlaud a déclaré : “Il y a beaucoup trop de morts depuis le 7 octobre. Qu’est-ce qu’on peut dire ? Qu’est-ce qu’on peut faire ? On aimerait juste que ça s’arrête, en fait. Parce que ce sont des vies, c’est l’humanité. Et il paraît que c’est difficile aujourd’hui d’en parler”.