En trois étapes, l’application Xpression chat propose à son public de “bavarder avec leurs idoles”. Grâce à une intelligence artificielle, l’entreprise tokyoïte spécialisée dans le deepfake EmbodyMe crée “en temps réel des vidéos à partir de photos”. Il est proposé d’entrer le portrait de son choix, d’indiquer la “personnalité” de son avatar (“Tu t’appelles João et tu es un footballeur pro portugais. Tu joues attaquant et tu as marqué plus de 150 buts au cours de ta carrière”, illustre l’application), avant de lui sélectionner une voix parmi une cinquantaine de propositions : “Anglais états-unien, Justin, homme”.
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Vous pouvez ensuite poser des questions au personnage créé, qui répondra des paroles générées “par l’intelligence artificielle de ChatGPT”. Le résultat n’est pas très convaincant : on se retrouve face à un visage figé dont les lèvres bougent au rythme d’une voix sans âme. À côté, Spirit, l’étalon des plaines est un chef-d’œuvre de réalisme niveau doublage.
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Mais les faibles performances techniques de l’application ne composent que le sommet d’un iceberg peu attrayant. Xpression chat offre la possibilité de discuter avec “des célébrités, des proches disparus, un animal de compagnie ou des personnages générés artificiellement”. Et c’est là que le bât blesse : qu’en est-il de celles et ceux qui décideraient de garder en vie leur ex-partenaire dans leur téléphone ? de celles et ceux qui se créeraient des relations virtuelles avec des fantasmes (célèbres ou imaginés, souvent fétichisants) jusqu’à basculer hors des réalités ?
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Du divertissement au glissement, il n’y a qu’un scroll
Un·e internaute commente la vidéo promotionnelle de l’entreprise en quémandant “une nouvelle option” : “Ajoutez de la généalogie, pour qu’en quelques clics, on puisse accoupler virtuellement deux personnes et générer un enfant qui rassemble les caractéristiques physiques des deux personnes. Ce serait super pour les personnes qui vivent dans un monde de fantasmes.” S’il n’y a rien de mal avec l’idée de se trouver une soupape de décompression dans les méandres de la Toile, considérer les intelligences artificielles comme des réponses systématiques aux maux du quotidien, jusqu’à demeurer “dans un monde de fantasmes”, constitue une glissade dangereuse question santé mentale.
Bon, arrêtez de crier, on sait bien que l’application peut aussi être seulement un chouette divertissement pour souhaiter un joyeux anniversaire à son meilleur ami avec la voix et le visage de Billie Eilish (tant qu’il ne s’agit que de souhaiter un joyeux anniversaire et de ne pas dépasser les limites de l’éthique et du respect). On doute cependant de la récurrence d’utilisation de l’appli tant elle est… moyenne, tout simplement. D’autant que si mon écran me conseille de “manger de la barbe à papa” si je lui confie que “je ne me sens pas au top”, je pense que j’éteins mon téléphone et respire un bon coup. Quoique, la mission sera ainsi à moitié réussie : la médiocrité bouclera-t-elle la boucle ?
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