Le Frac Nouvelle-Aquitaine MÉCA met à l’honneur Pierre Molinier, peintre et photographe longtemps marginalisé parce que considéré comme obscène. L’artiste a traversé le XXe siècle : né en 1900, il se suicide en 1976 d’une balle dans la bouche, après une existence faite de hauts et de bas et une carrière tout aussi turbulente. De peintre figuratif qui représente des paysages, des natures mortes et des portraits de sa femme et ses enfants, il devient photographe surréaliste et il est vite considéré comme, et “cantonné à”, note France Culture, “la figure du pervers de l’underground artistique”.
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Cette étiquette qui lui colle à la peau repose sur des bases nébuleuses, entre réalités et fantasmes, appuyées sur des éléments biographiques, sur ses œuvres ou sur ses paroles. Se construit alors la “légende Pierre Molinier”, façonnée autour de son obsession pour les jambes de femmes, l’utilisation de son sperme pour vernir ses toiles, les rumeurs selon lesquelles il se serait masturbé sur le cadavre de sa sœur.
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Mais, plus importantes que sa mythologie, ses œuvres s’inscrivent dans une réflexion de l’histoire de l’art contemporaine autour des genres. Pierre Molinier réalise son Autoportrait travesti, se photographie vêtu de bas, réalise des photomontages où les membres se démultiplient, où l’androgynie règne et où les corps défient le public.
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Jugée radicale, son œuvre a mis du temps à intégrer les sphères institutionnelles de l’art. Cette année, le Frac Nouvelle-Aquitaine MÉCA consacre une exposition à l’artiste, qui vise à le “dé-fétichiser”, souligne la journaliste Maïlys Celeux-Lanval pour Beaux Arts Magazine. Malgré cela, l’expo est réservée aux personnes majeures et interdite aux moins de 18 ans : “La dimension érotique de certaines œuvres de l’exposition ‘Molinier rose saumon – ‘Nous sommes tous des menteurs” a conduit le Frac à interdire son accès à un public mineur.”
Le Frac a tout de même pensé à son jeune public. En plus de proposer un service de garderie (à partir de 3 ans, huit places sont disponibles sous réservation), le musée consacre son sixième étage à l’exposition d’une quinzaine d’œuvres qui explorent “les représentations des corps féminins et masculins, les notions de genre et de travestissement”.
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On y retrouve des travaux signés de Pierre Molinier, donc, mais aussi de Marcel Moore et Claude Cahun, artiste surréaliste lesbienne qui brouillait les genres au XXe siècle, Lisetta Carmi, Laura Gozlan, Ellande Jaureguiberry, Mirka Lugosi, Joachim Mogarra, Jean-Charles de Quillacq et Lena Vandrey. Ces dialogues proposent un petit tour de piste des explorations artistiques des genres tout en y intégrant, durablement, Pierre Molinier.
L’exposition “Molinier rose saumon – ‘Nous sommes tous des menteurs'” est visible au Frac Nouvelle-Aquitaine MÉCA jusqu’au 17 septembre 2023.
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