On ne sait pas vous, mais on s’est toujours demandé quelles seraient les choses qu’on considérerait comme de mauvais goût dans trente ans. Ce moment où l’on aura assez de recul sur la tendance actuelle pour finalement se dire “mais c’est fou comme c’était laid et de mauvais goût”, alors qu’on était à l’époque ravi·e·s de les porter ou de les voir sur les autres. Vous nous direz que juger le mauvais goût est la chose la plus snobinarde à faire, et vous avez raison. Est-ce que quelque chose qui n’est pas à notre goût devient forcément de mauvais goût ?
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Dénoncer le mauvais goût, c’est être élitiste ?
Comme nous rappelle si bien l’expression “on est toujours le beauf de quelqu’un”, nous sommes toujours le mauvais goût incarné pour un·e autre. Et ce n’est pas si grave. Mais il existe une sorte de définition du mauvais goût assez unanime : le mauvais goût désigne quelque chose de vulgaire, de décalé. Ce sont les choix que certain·e·s font et qui ne sont pas tout à fait en accord avec les normes socio-culturelles d’une société. Des motifs mal assortis, des objets kitsch, des couleurs criardes… Malgré tout, chacun·e est libre de porter ce que bon lui semble.
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On peut parler aussi de manque de finesse quand on est face à quelque chose de mauvais goût. Il suffit parfois d’un détail pour que toute la beauté et le raffinement soient gâchés. Et ça, c’est vraiment dommage. Mais ne soyez pas buté·e·s, les courants changent autant que les façons de penser, et vous pourrez être amené·e à adorer quelque chose que vous avez auparavant détesté. Alors oui, vous êtes élitiste si vous dites que quelque chose est de mauvais goût, mais tout le monde le fait, alors ça va.
L’ugly chic
En ce moment, on le remarque bien, le mauvais goût est de retour pour nous jouer de mauvais tours. Plus c’est moche, mieux c’est. Plus c’est clinquant, plus c’est canon. Strass, paillettes, couleurs vives et motifs léopard sont de sortie pour le plaisir de nos yeux. L’exagération et l’extravagance sont de mise, allant des formes jusqu’aux matières, de la tête aux pieds. Avoir des chatons sur son crop top, qui est en réalité un T-shirt taille 8 ans ou la culotte dépassant du pantalon n’a jamais été aussi à la mode, surpassant même les années 1990. La routine du matin se transforme en une volonté de faire croire que l’on a passé cinq minutes à s’habiller, alors qu’en réalité, tout est pensé.
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On transgresse les codes en voulant s’habiller avec des choses qui ne vont pas ensemble, et ça, ça s’appelle l’ugly chic. On peut dire que c’est la tendance de porter du moche avec tellement de confiance que ça pourrait presque le rendre beau (le moche, pas vous). L’ugly chic est partout et vous y avez vous-même répondu en critiquant les Birk-chaussettes pour finalement en porter. Ou encore les bermudas. Non, porter un pantacourt n’était pas si sexy avant. Ou même les ballerines. Oui, on vous voit hein.
Has been is cool
Par ailleurs, le mauvais goût ne se retrouve pas uniquement dans les vêtements, mais partout. On pourrait évoquer l’inimitable et fantastiquement glauque nain de jardin. Mais ça, c’est has been pour la plupart d’entre vous – autant que l’expression has been, d’ailleurs. Le mauvais goût aujourd’hui, ça pourrait être le retour du mulet, qui, jusqu’ici, n’était pas preuve de bon goût mais que nombreux·ses d’entre vous arborent fièrement. Et quand toutes les normes sont transgressées, cela déclenche des erreurs irréparables telles que l’alerte du mauvais goût.
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C’est bien évidemment valable dans l’art. Si les normes esthétiques ne sont pas respectées, cela suffit pour estimer que l’œuvre est de mauvais goût. Saviez-vous que les ornements que l’on admire tellement aujourd’hui autour des peintures d’époque n’ont pas toujours été des signes d’élégance ? Vous l’aurez compris, le mauvais goût n’existe pas. Enfin, pas vraiment. Il est tellement en constant mouvement, selon les modes, qu’il en est devenu un concept, plutôt qu’un point objectif que l’on peut juger. Alors, permettez-vous de vous habiller comme bon vous semble, vous serez toujours à la mode quelque part.