Mais c’est quoi ces consignes envoyées aux musées français pour ne plus inviter d’artistes des pays putschistes d’Afrique ?

Publié le par Konbini avec AFP,

© Michael Fousert/Unsplash

Des consignes qui ont provoqué l’indignation des institutions muséales françaises.

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Le gouvernement français a assuré jeudi soir n’avoir demandé “aucune déprogrammation d’artistes” du Niger, du Mali et du Burkina Faso, face à l’émoi suscité par une note de l’administration faisant craindre une suspension de tous échanges culturels avec ces pays. Les professionnel·le·s de la culture ont tiré le signal d’alarme, via le Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles (Syndeac) et ses homologues, l’Aac, l’Accn, l’A-CDCN, l’ACDN et l’ASN.

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En cause, un message qu’ils disent avoir reçu la veille des directions régionales de la culture (Drac), qui représentent le ministère, et sont chargées de conduire la politique culturelle de l’État dans les régions et les départements. Ce message, “rédigé sur instruction du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères” selon les syndicats, et que l’AFP a pu consulter, énonce que “tous les projets de coopération qui sont menés […] avec des institutions ou des ressortissants de ces trois pays doivent être suspendus, sans délai, et sans aucune exception”.

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“Tous les soutiens financiers doivent également être suspendus, y compris via des structures françaises, comme des associations, par exemple. De la même manière, aucune invitation de tout ressortissant de ces pays ne doit être lancée”, poursuit le message. Ce message a été “relayé par toutes les Drac”, a précisé à l’AFP un responsable de celle d’Occitanie, interrogé par téléphone.

Indignation

De quoi susciter, à raison, la colère des acteur·rice·s culturel·le·s : “Cette interdiction totale concernant trois pays traversés par des crises en effet très graves n’a évidemment aucun sens d’un point de vue artistique et constitue une erreur majeure d’un point de vue politique. C’est tout le contraire qu’il convient de faire”, a cinglé le Syndeac dans un communiqué. “Cette politique de l’interdiction de la circulation des artistes et de leurs œuvres n’a jamais prévalu dans aucune autre crise internationale, des plus récentes avec la Russie, aux plus anciennes et durables, avec la Chine”, a-t-il ajouté.

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À gauche, plusieurs responsables se sont indigné·e·s. “Les artistes sont l’expression de la liberté. Cette décision du Quai d’Orsay d’interdire de programmer en France les artistes du Niger, Mali et Burkina Faso, est absurde. En quoi ces artistes sont responsables des coups d’État dans leurs pays ?”, a déclaré le patron du Parti socialiste Olivier Faure.

“Faire taire la culture, condamner au silence les artistes, comme s’ils étaient responsables des conflits internes ou entre pays est une erreur grave”, ont déclaré les élu·e·s communistes et ultramarin·e·s dans un communiqué. Jean-Luc Mélenchon, lui, a moqué le “ministère de l’inquisition culturelle”.

“On ne boycotte jamais d’artistes”

Mis en cause, les services de la ministre Rima Abdul-Malak se sont employés à déminer le terrain jeudi soir, soulignant qu’il n’était pas question de déprogrammer d’artistes, mais de tirer les conséquences de la suspension des délivrances de visas à Niamey, Ouagadougou et Bamako “pour des raisons de sécurité”, qui frappe tou·te·s les ressortissant·e·s et non les seul·e·s artistes.

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“On ne boycotte jamais d’artistes”, a affirmé ce matin sur RTL la ministre française de la Culture Rima Abdul-Malak. “Nous n’avons aujourd’hui pas de service de visa en fonctionnement dans ces pays pour des raisons de sécurité”, a-t-elle expliqué, dénonçant une “confusion” et expliquant qu’il est aujourd’hui “matériellement” impossible de “délivrer des visas pour venir en France”.

Ces mêmes raisons ont entraîné également la suspension de “la mise en œuvre dans ces pays de nos actions de coopération culturelle”, a rappelé le ministère. Interrogé par l’AFP, le ministère a assuré n’avoir demandé “aucune déprogrammation d’artistes, de quelque nationalité que ce soit”. “Cette décision n’affecte pas les personnes qui seraient titulaires de visas délivrés avant cette date ou qui résident en France ou dans d’autres pays”, a-t-il ajouté.

“Il n’est pas question d’arrêter d’échanger avec les artistes”, a-t-elle martelé, précisant que tou·te·s celles et ceux “qui ont déjà des visas et qui ont des tournées ou des spectacles prévus […] vont pouvoir venir comme prévu”. “On ne boycotte jamais d’artistes, nulle part”, a-t-elle encore souligné, ajoutant qu’“il n’y a ni boycott, ni représailles”.

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“La sphère culturelle est impactée comme les autres par la fermeture des services consulaires et de sécurité”, a précisé à l’AFP une source proche du dossier. Pour la ministre de la Culture, “la France a toujours été au rendez-vous pour accueillir les artistes en danger”. “On continuera à le faire”, a-t-elle aussi dit. “C’est une adaptation à un contexte sécuritaire extrêmement dégradé qui cible particulièrement les bâtiments français et les équipes françaises dans ces trois pays”, a-t-elle encore justifié. La France a interrompu le 29 juillet avec le Niger et le 6 août avec le Burkina Faso toutes ses actions d’aide au développement et d’appui budgétaire. En novembre 2022, elle l’avait déjà fait pour le Mali.