Swimming de Mac Miller a quatre ans, et l’écouter reste toujours aussi déchirant

Publié le par Eléna Pougin,

Mac Miller nous manque… Il nous laissait cette belle lettre d’adieu avant de partir.

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3 août 2018. Mac Miller dévoile Swimming, treize titres à travers lesquels il dépeint fidèlement et sans détour ses sentiments les plus lumineux, et les plus sombres. À mi-chemin entre l’espoir de vaincre ses démons et celui de se noyer à jamais pour se libérer d’une anxiété qui le ronge, l’artiste conte sa dépression, sa rupture parfois et ses addictions à l’alcool et aux drogues.

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Et si, au premier abord, ceux qui avaient écouté Swimming avant la disparition de Mac Miller s’étaient convaincus qu’il allait mieux et qu’il était sur la voie de la guérison, le 7 septembre dernier a rapidement rappelé aux plus naïfs à quel point le rappeur était meurtri. Certains ont par la suite vu des symptômes avant-coureurs, des signes qui auraient fait que… Tout un tas d’indices qui auraient été glissés aux fans dans l’intention un peu folle que quelqu’un puisse lire ses appels à l’aide.

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Sauf qu’à bien des égards, Swimming était pour Mac Miller une victoire. Celle d’être parvenu à compléter un album des plus cohérents alors même qu’à l’époque, sa vie privée implose, totalement dépassé par son accident de voiture sous stupéfiants plus tôt dans l’année ainsi que par sa relation compliquée avec la célèbre Ariana Grande.

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Antithétique, le disque est à certains moments teinté de la volonté sans égale de Mac Miller de se racheter, “de mettre de l’ordre dans sa vie” et de se séparer des addictions à cause desquelles il a tant perdu. Mais à d’autres, il rappelle à quel point l’équilibre et la stabilité de Mac Miller étaient fragiles, et que pour éviter la noyade, le rappeur se devait de nager constamment à contre-courant, jusqu’à l’épuisement.

Et l’épuisement, c’est cette nuit de septembre, alors que les adolescents retournent tout juste à l’école, quand Mac Miller est victime d’une overdose à son domicile. Il le disait souvent, ce sont l’ennui et l’envie perpétuelle de rester chez lui qui l’ont amené à tout remettre en question. Ce soir-là, il perd la vie seul, à peine un mois après cet album que tous – fans et critiques – chérissent. Alors, Swimming était-il un ultime adieu, ou un ultime espoir ? Difficile à savoir.

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Swimming a permis à Mac Miller de s’accepter…

Une chose est sûre, l’année passée n’a fait que rappeler aux quatre coins du monde que Malcolm James McCormick, de son vrai nom, était compris et, surtout, qu’avec lui avait péri un artiste au moins aussi talentueux que tourmenté. Mais il n’est pas le seul, il faut le rappeler.

Et c’est peut-être pour cette raison que l’album est aussi touchant – parce que les overdoses sont fréquentes et qu’elles reflètent le malaise profond d’une génération de jeunes désabusés. Parce que Mac Miller n’a pas voulu rejeter ses torts sur la drogue, mais parce qu’il a souhaité montrer à quel point il était difficile de sortir d’une spirale qui lui permettait de s’échapper de ses angoisses.

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Sans banaliser l’addiction ou la dépression, il rappelle que les victimes d’un ou plusieurs de ces troubles font souvent de leur mieux et que ce n’est pas l’envie qui leur manque pour s’en sortir. Un discours qu’on associe souvent à sa propre vie, mais qui fait écho au-delà de sa propre existence. En voulant être compris, Mac Miller permet à ceux qui souffrent comme lui de se sentir moins seuls dans leur situation.

C’est aussi pour ça qu’il laisse à la musique un héritage colossal – et donc d’autant plus avec ce dernier disque – qui, à bien des égards, montre la complexité du quotidien de l’artiste, constamment happé par l’un ou l’autre côté du spectre : faire de nouveau la même erreur juste une dernière fois, ou recommencer à zéro.

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… et à d’autres aussi

Même si son succès est en partie lié à la disparition de son auteur, Swimming a prospéré durant toutes ses années et continue de garder une place particulière dans le cœur des gens. Car avant tout, Mac Miller a laissé à ses fans (consciemment ou non) un moyen privilégié de faire leur deuil. Non sans émotions, écouter Swimming rappelle l’âge d’or d’un rappeur qu’on pensait heureux à l’époque de “Nike’s On My Feet” (2009), et surtout, malheureusement, son inévitable lutte contre lui-même jusqu’à “Self Care”.

Toutefois, si Mac Miller a accepté son destin (“So It Goes”), à notre tour de comprendre que la paix a été, pour lui, de lâcher prise.

4 août 2022. Quatre ans plus tard, Swimming résonne encore plus fort qu’à sa sortie dans l’esprit de ceux qui l’appréciaient. Mac Miller nous a laissé des vagues et des vagues de sincérité, et a emporté le reste avec lui. Maintenant, laissons-le nager vers des eaux plus calmes.

Article initialement publié le 4 août 2019 et mis à jour le 4 août 2022.