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Originaire de Pittsburgh, Mac Miller multiplie les mixtapes à la fin des années 2000 alors qu’il n’a que 15 ans. Encore lycéen, le jeune rappeur va se faire un nom avec sa mixtape K.I.D.S. sortie en 2010. Mélangeant nouveautés cloud rap, style de vie d’un fan de skateboard et boom bap à l’ancienne, la formule de Mac Miller est vite adoptée par tous les adolescents du pays.
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Il s’affirme ensuite avec un premier album, Blue Slide Park, en 2011, largement produit par ID Labs et Clams Casino. L’album prend le nom d’un playground de Pittsburgh, où Mac Miller passait tout son temps. Ce terrain de jeux, officiellement appelé Frick Park, a d’ailleurs été renommé “Mac Miller’s Blue Slide Park” depuis la disparition de l’artiste.
Malgré tout, ce premier album est une petite déception pour la critique, le public et l’artiste. L’opus sera pourtant le premier album indépendant à finir numéro un du Billboard ; mais sans titre fort ni engouement général, il n’arrive pas à passer au niveau supérieur. À la même époque, son voisin Wiz Khalifa prend son envol total avec un son un peu similaire.
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Adolescent turbulent qui ne veut pas grandir, Mac Miller se cherche alors et ne prend pas toute la mesure de son statut de star du renouveau rap des années 2010, plus décomplexé. C’est avec un album sombre et tourmenté qu’il retrouvera sa route, Watching Movies with the Sound Off en 2013, très influencé par les équipes charismatiques Odd Future et TDE. Entre la mélancolie d’Earl Sweatshirt et la paranoïa de ScHoolboy Q, Mac Miller se trouve une route tumultueuse, jalonnée par ses addictions et pics de dépression.
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De plus en plus actif à la production sous l’alias Larry Fisherman, Mac Miller explore une créativité en dents de scie, toujours à la recherche d’une tempête artistique. Sur Watching Movies with the Sound Off, il appréhende son univers comme un compositeur de musique de films, cherchant l’illustration parfaite à sa vie décousue.
Lâchant les nappes vaporeuses et les sirènes stridentes de ses débuts, c’est finalement au sein d’un nouveau jazz lo-fi que Mac Miller atteindra une certaine rédemption. Entre la BO de Taxi Driver signée Bernard Herrmann et les élucubrations délirantes de MF DOOM ou Madlib, Mac Miller digère son trop-plein d’images en tout genre, ajoutant une touche personnelle, à fleur de peau. En plongeant dans son univers profond, il réalise une véritable renaissance.
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Entouré de Flying Lotus, Thundercat ou Terrace Martin, il entamera une nouvelle direction sur son excellente mixtape Faces en 2014, puis l’album GO:OD AM dans la même lignée en 2015. Comme un crooner en fin de tournée à Las Vegas, Mac Miller tente d’exorciser ses démons avec des notes de plus en plus blues. Il tire ainsi les fils d’une musique d’illustration, presque easy listening.
En l’écoutant, on atterrit dans une salle d’attente de la vie, avec sa musique sans âge ni direction forte, ce jazz facile mais enivrant qui permet de laisser passer le temps. Mac Miller trouve dans ces instrumentations enjouées et réconfortantes le véritable écrin pour ses tourments.
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Mais sa dépression empire. Le rappeur se renferme sur lui-même entre chaque album, alternant excès en tout genre et éclairs de génie. Chantant de plus en plus, il collabore avec les plus grands du moment, de Pharrell Williams à Kendrick Lamar en passant par Ariana Grande, qu’il emportera dans son sillage pendant quelque temps. Après un passage durant lequel il est moins exposé, Mac Miller redevient populaire mais pas forcément pour les bonnes raisons.
Sublimant son mal-être avec des textes de plus en plus noirs et introspectifs, Mac Miller parle d’une jeunesse qui se cherche à travers le parcours d’un mec normal qui s’interroge et a du mal à trouver sa place. Avec The Divine Feminine en 2016, son véritable classique, puis Swimming dans la profondeur en 2018, le rappeur continue sur cette lancée d’une musique réconfortante pour une dépression abyssale.
Le contraste est de plus en plus saisissant, prenant à la gorge une grande partie de sa génération en manque de repères, capable de passer de la fête la plus folle à la mélancolie la plus dure en quelques minutes. La musique de Mac Miller a trouvé tout son sens à cette époque, entre succès critique et populaire, une véritable thérapie de groupe à ciel ouvert, un remède intime pour le mal du siècle.
Toujours en équilibre au bord du trou noir, Mac Miller finit par sombrer le 7 septembre 2018. Il laisse derrière lui un héritage musical riche, un album posthume touchant nommé Circles et un chemin accidenté pour une communauté en suspens, repoussant encore les limites de l’extrême.