La relation entre Kanye West et Kid Cudi va bien au-delà de la musique. Histoire de graver tout ça dans le marbre, les deux artistes viennent de sortir un premier album commun.
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Les fans de hip-hop en rêvent depuis des années, ils ont fini par le faire. Kanye West et Kid Cudi ont formé un groupe, Kids See Ghosts, et ont sorti un album du même nom ce vendredi 8 juin. Nos oreilles seront d’accord : lorsqu’on écoute ces deux artistes ensemble, on leur trouve une complémentarité évidente.
Les titres “Father Strech My Hands”, “Welcome to Hearbreak”, “Gorgeous”, All of the Lights” et tout récemment “Ghost Town” en sont d’ailleurs des preuves irréfutables. Autre chose à savoir : sans Kanye West, il n’y aurait jamais eu de Kid Cudi, et sans Kid Cudi, Kanye West n’en serait probablement pas là aujourd’hui.
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Scott Mescudi de son vrai nom rejoint GOOD Music en 2008 après que Kanye est tombé sous le charme de sa mixtape A Kid Named Cudi. Il y découvre l’univers d’un gamin névrosé, d’un astronaute rêveur, solitaire et dépressif, qui trouve refuge dans la musique. C’est la révélation pour le natif de Chicago. Comme s’il contemplait son reflet dans un miroir.
Sur GOOD Music, Cudder sortira ses deux premiers albums – ses classiques, n’ayons pas peur de le dire –, Man on the Moon I et II. Projeté sur le devant de la scène par ses singles “Day ‘n’ Nite” et “Pursuit of Happiness”, le gamin de Cleveland s’impose progressivement au sein du label avec sa voix plaintive reconnaissable entre mille et ses vibes brumeuses.
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Kanye/Cudi, le combo gagnant
Cudder s’en sort très bien tout seul, mais c’est aux côtés de son mentor qu’il laisse s’exprimer tout son potentiel, et il ne faudra pas attendre longtemps pour que les deux artistes exploitent leurs affinités en studio. Conscient des capacités de “hook maker” de sa nouvelle recrue, Kanye les mettra au service de sa musique.
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À l’écoute de leurs deux premières collab’, un constat s’impose. Cudi parvient aussi bien à trouver sa place en partageant le micro avec Kanye que sur ses productions. Mais c’est l’année suivante que les choses vont s’accélérer. Grâce à son originalité et au savoir-faire de son mentor, il perce immédiatement dans le mainstream avec Man on the Moon.
Les collaborations entre les deux musiciens vont se multiplier au fil des années (et atteindre leur paroxysme pendant l’ère bénite de My Beautiful Dark Twisted Fantasy). Mais, en seulement deux ans, le duo est parvenu à élaborer un catalogue solide, mettant en évidence son alchimie si particulière.
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Après le succès de Man on the Moon II, Cudi entreprend un virage audacieux vers le punk rock. Pendant cette phase expérimentale, il continuera néanmoins à collaborer avec ses camarades de GOOD Music, notamment sur la compilation du label, Cruel Summer. Malheureusement, ces derniers éclats symbolisent aussi la fin d’une époque.
Bye, bye GOOD Music
En 2011, Cudi décide de quitter GOOD Music pour se lancer en indé sous l’étiquette Wicked Awesome. La nouvelle fait l’effet d’une bombe, mais le rappeur l’assure : tout va bien entre lui et “son frère” Kanye, et il continuera de collaborer avec lui. Il souhaite simplement continuer dans la musique en prenant une nouvelle direction.
D’un point de vue personnel, Cudi explore donc de nouveaux horizons, mais le public ne le suit pas. Bien qu’il ait affirmé que son album Speedin’ Bullet 2 Heaven soit le meilleur de tous les temps, ses fans le lâchent, la faute à des sonorités bien trop éloignées de celles qu’ils avaient appréciées lors des débuts de l’artiste.
Le public n’était pas prêt. En 2013, Cudi signe tout de même “Guilt Trip” sur l’album Yeezus de Kanye West et, trois ans plus tard, il officie à nouveau avec son mentor sur son septième album, The Life of Pablo, avec le single phare “Father Stretch My Hand Part 1”. Mais derrière les sourires affichés lors de la Yeezy Season 3 se cache en réalité un futur un peu moins rose.
Du drama à la réconciliation
En effet, quelques mois plus tard, la rupture entre les deux artistes semble proche. Sur Twitter, Cudi va se plaindre que Kanye ne lui prête aucune attention et que les artistes avec qui il travaille sont des faux. Après quoi ce dernier va répliquer, blessé dans son ego, pendant l’un de ses concerts :
“Ne prononce plus jamais mon nom. N’essaye pas de me dicter avec qui je dois faire des chansons. C’est moi qui t’ai donné naissance. Tu rages parce que je fais des chansons avec Drake. Personne ne dit à Ye avec qui faire des chansons. Respecte le Dieu !”
Que les fans se rassurent, à la différence de son histoire avec Jay-Z avec lequel il peine à recoller les morceaux, Kanye va rapidement se réconcilier avec son poulain et lui présenter ses excuses. Dans un énième élan élogieux sur scène, il va même dire de Cudi qu’il est “l’artiste le plus influent de ses dix dernières années”.
Hasard du calendrier, les amis réconciliés iront en hôpital psychiatrique à quelques mois d’intervalle. L’un pour craquage émotionnel, l’autre pour dépression et pulsions suicidaires. Cudi remontera la pente grâce à son album thérapeutique Passion, Pain and Demon Slayin’. Quant à Kanye, au sortir de sa cure, il commencera à faire les yeux doux à Donald Trump. Mais ça, c’est une autre histoire.
Dans la douleur, ils vont se retrouver et se tirer vers le haut sur la route de la rémission. C’est finalement sur scène que le duo se reformera le temps d’un live à Chicago, et quelques mois plus tard lors d’un événement Adidas. Entre-temps, quelque chose se trame : selon les rumeurs, ils seraient ensemble au Japon pour enregistrer un album commun. Le monde ne veut pas y croire. Et pourtant.
Kids See Ghosts, ensemble comme une évidence
C’est dans la flopée d’annonces de sorties faites sur Twitter par Kanye, que l’on apprend l’existence tant espérée du projet de duo entre West et Cudi. Kids See Ghosts sera le nom donné au nouveau groupe formé par les deux hommes. Concernant ce premier projet, Kid Cudi nous a prévenus lors de notre échange avec lui dans le Wyoming : “Cet album sera beau.”
Habillé d’une magnifique pochette designée par Takashi Murakami, l’album a donc été dévoilé le vendredi 8 juin lors d’une listening party organisée à Los Angeles. Au menu ? Sept morceaux globalement sombres, abscons et spirituels dans lesquels les artistes tentent de s’exorciser d’un lourd fardeau émotionnel.