Cette rentrée, La Villette prolonge l’été avec un spectacle parfum chouchous et monoï. Loin des opéras classiques, Sun & Sea revisite le genre pour aborder le dérèglement climatique sur fond de vacances en cité balnéaire. Un opéra-performance qui nous rendrait presque nostalgiques des vacances à peine terminées, et qui sera représenté durant trois jours consécutifs, les 15, 16 et 17 septembre dans la Grande Halle de La Villette.
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Orteils dans le sable, bikini, raquettes de plage et cris de mouettes : dans Sun & Sea, les chanteur·se·s incarnent des baigneur·se·s et vacancier·ère·s en pleine session farniente, avec les discussions légères que ces moments de paresse lourde de chaleur impliquent. Mais sous l’apparente banalité du décor et des discussions qui l’animent se dessine un enjeu bien plus important et global : celui de la crise climatique. Avec ses 30 tonnes de sable importé, ce décor de plage vivant s’observe depuis un balcon, où le public prend de la hauteur pour voir l’ensemble de la scène.
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Éco-conscience sur fond de châteaux de sable
Créé en 2017 à la galerie nationale d’art de Vilnius en Lituanie et présenté à la Biennale d’art de Venise en 2019 où il a remporté le premier prix, Sea & Sun a fait le tour du monde avant de poser ses transats à Paris. Composé par Lina Lapelytė avec la librettiste Vaiva Grainytė et la metteuse en scène Rugilė Barzdžiukaitė, l’opéra-performance met en scène 13 chanteur·se·s italien·n·es et lituanien·ne·s accompagné·e·s de personnages secondaires – pour un total de 24 artistes.
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Entre une partie de frisbee, une sieste et un check sur leur iPhone allongé·e·s sur leur serviette, les vacancier·ère·s abordent de manière anecdotique la pollution des océans, le blanchiment de la barrière de corail et les menaces environnementales. Qualifiée de “captivante, déchirante, morbide et drôle” par le Guardian, l’œuvre s’appuie sur la dissonance créée par une insouciance triviale et le côté inéluctable et terrifiant d’une planète qui court à sa perte. Derrière la dolce vita propre aux vacances en bord de mer, tou·te·s partagent leurs préoccupations et leurs angoisses liées à un futur commun qui n’est autre que celui de notre planète.
“Contrairement à la plupart des œuvres sur le changement climatique, qui tentent de vous effrayer et de vous pousser à l’action mais qui, souvent, vous paralysent simplement face à l’immensité du problème, cette performance s’enfonce en se concentrant sur le banal”, résume Artnet. Avec son esthétique familière et iodée et le discours puissant qu’il délivre, l’opéra de Lapelytė, Grainytė et Barzdžiukaitė se situe quelque part entre la paresse, la banalité et la sonnette d’alarme, sans jamais tomber dans le didactique.
L’opéra-performance Sea & Sun sera représenté les 15, 16 et 17 septembre à la Grande Halle de La Villette.
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