Ce vendredi 21 avril (samedi 22 pour certaines régions du monde), des millions de musulman·e·s célébraient la fin du Ramadan à l’occasion de l’Aïd-el-Fitr. Habitué à voyager au Mali depuis l’enfance, Nybé Ponzio n’a passé son premier Aïd à Bamako qu’en 2021. “Étonné de voir autant d’originalité”, le photographe franco-malien a depuis lors décidé d’immortaliser les célébrations de l’Aïd afin de capter “l’essence de Bamako” : “C’est un véritable fashion show dans les rues”, décrit l’artiste depuis la capitale malienne.
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Inspiré par ses “prédécesseurs photographes maliens qui photographiaient en noir et blanc dans leur studio”, Nybé Ponzio a immortalisé sa “famille, des voisins” dans des portraits et compositions qui rappellent effectivement les travaux des grands Malick Sidibé ou Seydou Keïta. Ce “clin d’œil” de l’artiste est d’importance : il affirme par son travail l’importance “de continuer à écrire notre histoire dans une ère contemporaine”.
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Les modèles se font tirer le portrait devant du bazin, “un tissu en coton teinté artisanalement par une technique qu’on appelle le gala, ou encore des nattes”. “J’ai choisi ces fonds car ils font partie intégrante de notre patrimoine culturel, ils possèdent leur propre code traditionnel et évoluent constamment, inspirés par la culture populaire”, précise Nybé Ponzio. Les images sont prises “en plein cœur de Bamako, à Ouolofobougou”, en extérieur, “ce qui rend les couleurs vraiment vibrantes et chaleureuses”.
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En plus de chercher à “évoquer la nostalgie chez celles et ceux qui connaissent déjà le Mali”, l’artiste veut “transmettre l’authenticité du pays, que ce soit par l’originalité des artisan·e·s malien·ne·s ou par la créativité des enfants”. C’est pourquoi les séances sont collaboratives et “organiques” : les enfants érigent “naturellement” leurs poses et “sont leur propre styliste”.
Nybé Ponzio met également à l’honneur la mode malienne et, plus largement africaine : “J’apprécie vraiment les valeurs transmises par le vêtement. C’est tout un langage. Pour moi, ça représente l’unité, l’esprit de famille, la cohésion sociale. C’est aussi très harmonieux d’un point de vue esthétique. [Je veux] montrer au monde que la notion de mode n’est pas uniquement celle des courants occidentaux tels qu’on les connaît. L’Afrique a un potentiel énorme lorsqu’il s’agit de mode, on a la chance de pouvoir être habillés sur-mesure. J’ai bien peur, avec l’industrialisation et la mode du prêt-à-porter, que ces savoir-faire tendent à disparaître.”
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Ainsi, Eid Style est une série de mode, “qui peut ressembler” à une campagne de pub ou à un édito mode, note le photographe qui affirme la nécessité de “récits proprement noirs”. Sa série s’inscrit dans son travail qui vise, de façon plus large, à “briser les stéréotypes existant autour des cultures afro” et documenter les “traditions et rites” africains.
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Vous pouvez retrouver le travail de Nybé Ponzio sur son compte Instagram.