Lancé en 2009 comme un “petit studio sans prétention”, le Français Fortiche espère reconquérir le monde avec la mise en ligne sur Netflix ce samedi 9 novembre de la saison 2 d’Arcane, série animée adaptée du jeu vidéo League of Legends.
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Destinée aux plus de 16 ans, cette fiction au style rétrofuturiste suit Vi et Jinx, deux sœurs qui se déchirent sur fond de conflit entre Zaun, territoire des bas-fonds, et Piltover, riche cité des dominants, à une époque où magie et technologie s’entremêlent.
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Fidèle à l’univers du titre du studio Riot Games qui l’a produite et écrite, acclamée pour sa patte graphique mêlant 2D et 3D propre à Fortiche, la saison 1 a créé la surprise en dominant le classement des séries Netflix pendant trois semaines dans 65 pays, avant de glaner une multitude de récompenses outre-Atlantique, dont quatre Emmy Awards.
De quoi mettre la pression avant l’arrivée samedi de neuf nouveaux et derniers épisodes ? “On aimerait bien renouveler cette réussite”, reconnaît auprès de l’AFP Pascal Charrue, cofondateur de Fortiche Production et coréalisateur d’Arcane.
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“Mais on n’a pas à rougir de nos images. On a essayé d’atteindre et même de dépasser le niveau d’exigence de la saison 1”, assure-t-il. Cette “exigence”, caractéristique selon lui de la “Fortiche touch”, est illustrée par le budget élevé accordé au projet.
“À la main”
Huit ans de travail, 12 heures de contenu, 700 collaborateurs… Avec un total avoisinant 250 millions de dollars, selon le magazine américain Variety, pour la production et la promotion des deux saisons, c’est la série d’animation la plus chère jamais réalisée.
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Grâce à elle, Fortiche, lancé dans l’appartement d’un de ses trois fondateurs, a changé de dimension. Le studio, désormais basé à Paris, Montpellier et Las Palmas, aux Canaries, a ainsi employé jusqu’à 450 personnes en simultané (contre 160 actuellement).
Les animateurs font tout “à la main”, produisant chacun moins d’une demi-seconde de film par jour, détaille Martial André, superviseur de l’animation, lors d’une visite du studio parisien.
Telle une “marionnette”, chaque personnage 3D est doté “d’environ 300 contrôleurs” sur le visage et le corps, des sourcils aux phalanges, les animateurs se filmant au préalable pour “comprendre les mécanismes corporels” à reproduire, déroule-t-il.
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De même, “chaque décor, c’est une peinture [numérique] faite à la main”, insiste Barthélémy Maunoury, directeur créatif et coréalisateur d’Arcane, avec “beaucoup de références à l’Art Déco et à l’Art Nouveau”.
“Un style unique”
Il y a aussi une volonté de “créer de nouvelles directions artistiques” lors de séquences particulières recourant par exemple au fusain, relève la productrice Christine Ponzevera. “On sent toujours que l’artiste derrière l’image se soucie vraiment de ce qu’il fait”, déclare à l’AFP le cocréateur d’Arcane et directeur créatif de Riot Games Christian Linke, pour justifier la collaboration entamée avec Fortiche dès 2013.
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À l’époque, le studio tricolore, qui depuis a également réalisé la série Marvel Rocket et Groot (2017), se fait la main sur des publicités et des clips, notamment pour le groupe britannique Gorillaz. Séduit par l’un d’entre eux (“La Gaviota” du groupe français Limousine), Christian Linke lui confie une vidéo musicale autour de Jinx, personnage de League of Legends qui compte plus de 130 millions de vues à date.
D’autres projets suivent, dont un clip pour le groupe de K-pop virtuel K/DA (613 millions de vues) jusqu’à la consécration Arcane. “Il y avait des studios plus établis en Amérique […] qui auraient été un pari plus sûr”, se remémore Christian Linke.
Fortiche a “un style si unique, un instinct créatif et une passion” tels que “cela méritait d’investir et de les aider à se développer”, ajoute-t-il, alors que Riot Games détient une participation minoritaire dans le studio.
Si Arcane s’arrêtera après la saison 2, dont les trois derniers épisodes seront diffusés le 23 novembre prochain sur Netflix, des histoires autour d’autres personnages sont envisagées, selon Christian Linke.