Ce fait divers rare avait choqué Hollywood et provoqué des appels à interdire les armes à feu sur les plateaux.
Baldwin clame son innocence
L’acteur devait comparaître lors d’une audience préliminaire le 3 mai. Mais à deux semaines de l’échéance, les nouveaux procureurs en charge du dossier ont annoncé l’abandon des poursuites actuelles contre lui, tout en se réservant le droit d’en engager de nouvelles.
“Au cours des derniers jours, […] des faits nouveaux ont été révélés qui exigent une enquête plus approfondie et une analyse médico-légale“, ont expliqué dans un communiqué Kari Morrissey et Jason Lewis, les deux magistrats qui ont repris l’affaire depuis mars.
Ces nouveaux éléments justifient l’abandon des chefs d’accusation actuels. Mais “cette décision n’exonère pas M. Baldwin de toute culpabilité pénale et des poursuites peuvent être engagées à nouveau”, ont précisé ces procureurs. La défense de l’acteur a salué ce rebondissement majeur.
“Nous nous réjouissons de la décision de classer l’affaire contre Alec Baldwin et nous encourageons une enquête appropriée sur les faits et les circonstances de ce tragique accident”, ont déclaré les avocats Luke Nikas et Alex Spiro, dans un communiqué transmis à l’AFP.
Alec Baldwin, connu notamment pour son rôle dans la série 30 Rock, a toujours clamé son innocence et avait plaidé non coupable du chef d’accusation d’homicide involontaire retenu contre lui. Selon l’acteur, on lui avait assuré que son arme était inoffensive. Il nie aussi avoir appuyé sur la détente, une affirmation mise en doute par de nombreux experts.
En cas de condamnation, le comédien de 65 ans risquait jusqu’à 18 mois d’emprisonnement et une amende de 5 000 dollars.
L’armurière toujours poursuivie
Les poursuites contre l’armurière du film, Hannah Gutierrez-Reed, également accusée d’homicide involontaire, sont en revanche maintenues, ont expliqué jeudi les procureurs. Lors de l’enquête initiale, les policiers ont conclu que c’est elle qui avait mis la munition dans l’arme utilisée par M. Baldwin, au lieu d’une balle factice.
Sa défense a dit s’attendre à ce qu’elle “soit également disculpée” au terme du processus judiciaire. Dans un communiqué, ses avocats ont salué “l’approche très diligente et approfondie” adoptée par les nouveaux procureurs. L’accusation avait déjà montré des signes de fragilité ces dernières semaines.
En février, la procureure de Santa Fe, Mary Carmack-Altwies, avait décidé d’abandonner une circonstance aggravante visant M. Baldwin, qui lui faisait encourir cinq ans derrière les barreaux. Elle s’était ensuite retirée du dossier, en assurant que ses services étaient submergés de travail.
L’annonce de l’abandon des poursuites contre M. Baldwin intervient le jour même de la reprise du tournage de Rust dans le Montana, après un an et demi d’interruption. Placé sous contrôle judiciaire, l’acteur, qui est également coproducteur de Rust, avait été autorisé à finir son western, à condition de s’abstenir de boire de l’alcool et d’utiliser des armes à feu ou des armes dangereuses.
Le tournage du film reprend avec le veuf de Halyna Hutchins, Matthew, en tant que producteur exécutif. En octobre, il a abandonné les poursuites qu’il avait engagées au civil contre Alec Baldwin au terme d’un accord dont le montant n’a pas été divulgué.
Les parents ukrainiens et la sœur de l’ex-directrice de la photographie réclament en revanche toujours des dommages-intérêts au civil. En parallèle de Rust, un documentaire sur la vie de Mme Hutchins et la fin du tournage doit également être réalisé.
Fin mars, le premier assistant réalisateur du film, Dave Halls, a écopé de six mois de prison avec sursis dans cette affaire. Il avait tendu le pistolet au cœur du drame à M. Baldwin, en lui assurant qu’il n’était pas dangereux, et il avait accepté de plaider coupable.
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