Les peintures magnétiques de Mark Rothko s’exposent en grand à Paris

Publié le par Konbini avec AFP,

© Luc Castel/GettyImages

Et c’est de toute beauté.

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De ses toiles construites autour de rectangles de couleurs surgit la lumière : Mark Rothko, figure majeure de la peinture disparue en 1970 et associée à l’expressionnisme abstrait, s’expose en grand à Paris. Pour la première fois en France depuis 1999, 115 toiles – des premières années figuratives de l’artiste au dernier tableau abstrait devant lequel il s’est suicidé – sont exposées à la Fondation Louis Vuitton. Une expérience à “haute fréquence, toute en couleurs”, souligne son fils, Christopher Rothko, commissaire de l’exposition avec Suzanne Pagé, interrogé par l’AFP. Il publie à cette occasion L’Intériorité à l’œuvre, aux éditions Hazan, un livre sur son père, qui disait lui-même être devenu peintre pour “élever la peinture au même niveau que la musique et la poésie”.

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“Mon père est mort quand j’avais six ans mais on parlait de musique, c’était notre truc. Il écoutait tout le temps de la musique en peignant, presque toujours Mozart et un petit peu de Haydn. On peut dresser un parallèle entre cette musique et sa peinture dans l’effet produit”, ajoute-t-il. Marcus Rothkowitz est né à Dvinsk (en Lettonie actuelle), dans l’Empire russe en 1903, et a émigré aux États-Unis en 1913. Brillant étudiant, imprégné de valeurs acquises à l’école talmudique, il a intégré l’université de Yale avant de la quitter volontairement et a découvert assez tard sa vocation, dans les années 1930, rappelle Mme Pagé. L’exposition retrace chronologiquement ce parcours.

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“La violence la plus absolue”

Ses premières œuvres sont consacrées à “la figure humaine – des scènes de métro avec des personnages très isolés et mélancoliques – qu’il prend conscience de ne pas pouvoir peindre sans la mutiler”, raconte la spécialiste. Avec la Seconde Guerre mondiale et la Shoah, Rothko et les expressionnistes abstraits se demandent comment peindre encore. Ils s’intéressent aux mythes anciens qui croisent l’influence des surréalistes pour inventer de nouveaux mythes fondateurs : naissent alors des œuvres remplies de totems et de personnages mi-oiseaux, mi-poissons.

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La transition vers l’abstraction s’opère dans les années 1946-1948 avec les Multiformes, où des champs colorés sont peu à peu envahis de formes organiques, tendant vers des compositions de plus en plus structurées. Au tournant des années 1950 et jusqu’à la fin, il réalise les toiles les plus connues du grand public, dont 70 sont exposées : “Deux ou trois formes rectangulaires aux bords indéfinis avec des couleurs irradiantes qui infusent entre elles et créent une très grande vibration par une touche atmosphérique et une multitude de strates”, dit Mme Pagé. La palette de rouges, oranges, noirs et marrons densifiés, associés à des bleus profonds, accentue l’incandescence des tableaux.

“La finalité n’était en aucun cas formelle. Rothko cherchait la lumière à travers la couleur, une lumière assez noire car il expliquait y avoir enfermé la violence la plus absolue”, ajoute-t-elle. Il cherchait “à exprimer les émotions humaines fondamentales : la tragédie, la mort, l’extase, une peinture privilégiant avant tout le sens”. Ses tableaux invitent à la contemplation et à la méditation, “une expérience intérieure profonde, pour peu qu’on prenne le temps et le risque de regarder à l’intérieur du tableau et de regarder très longtemps”.

L’exposition comprend deux ensembles exceptionnels : une partie de la collection Phillips (à Washington D.C.) consacrée au peintre et neuf des Seagram Murals, initialement peints en couleurs plus sombres par Rothko pour un restaurant, mais confiés finalement à la Tate Modern de Londres pour respecter l’environnement de leur présentation : lumière tamisée, fond gris et bancs. Un autre ensemble intitulé Blackforms, d’une tonalité gris sombre, présente une série d’œuvres à la limite de la monochromie, où se mêle la présence de Giacometti.

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