Les Mauvais Garçons, une ode émouvante à l’amitié masculine

C’est l’histoire de Victor, Cyprien et Guillaume, qui se connaissent depuis le lycée et qui, chaque semaine, se retrouvent au Mille et une nuits, le kebab du coin, un lieu hors du temps. Un jour, Victor leur apprend qu’il va devenir père et qu’il ne pourra plus honorer leur rendez-vous hebdomadaire. Entre bières, frites et rencards Tinder, Cyprien et Guillaume vont désormais devoir avancer seuls et réinventer leur amitié.

Montré en salles en début d’année aux côtés de son double féminin, Pauline asservie, le court-métrage de Charline Bourgeois-Tacquet avec Anaïs Demoustier, Les Mauvais Garçons a fini sa course vendredi soir à l’Olympia en remportant un César mérité, celui du Meilleur court-métrage de fiction.

“Dans le court-métrage, il y a une aussi une grande importance de la singularité et de la mise en scène car ce sont des films qui sont souvent regardés dans un continuum. Ce n’est pas le même geste que celui d’aller au cinéma”, analysait Élie Girard, son réalisateur, lorsque nous l’avions interviewé, quelques jours avant la cérémonie.

Sa singularité est de mettre à mal le tabou d’une amitié masculine viriliste. Face au bonheur de leur ami, Cyprien (Aurélien Gabrielli) et Guillaume (Raphaël Quenard, magnifique loser et figure montante du cinéma français, récemment aperçu dans Fragile, Les Olympiades et Mandibules) se remettent en question. Sous les néons blafards du kebab ou dans l’obscurité de la nuit nancéienne, ils font le compte de leurs erreurs et le bilan de leurs errances.

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L’amitié s’inscrit en fil rouge de la filmographie d’Élie, qu’il célèbre et interroge dans Les Mauvais Garçons, dans Platonique, la série qu’il a co-écrite avec Camille Rosset bientôt diffusée sur OCS, et dans son futur long-métrage.

Et si les déboires sentimentaux des trentenaires ou le décalage qui s’installe entre les vieux amis dans ce grand virage de la vie est un marronnier chez les cinéastes – cette année, Jacques Audiard en a aussi fait le sujet des Olympiades et Joachim Trier de Julie (en 12 chapitres) –, ils sont ici filmés avec beaucoup de sincérité et une infinie tendresse à l’égard de ces garçons complexes et maladroits.

“Si on est sincère avec ce qu’on a envie de raconter, ça finit toujours par se frayer un chemin jusqu’au spectateur. Avant, j’imaginais ça comme un vœu pieux mais là, j’ai vu ce processus à l’œuvre”, constatait Élie, clairvoyant.

Les Mauvais Garçons, ode délicate à l’amitié masculine, est disponible en replay sur Arte.tv jusqu’au 20 mars.