Si Pauvres Créatures a marqué nos esprits à sa sortie dans les salles obscures, ce n’est pas seulement grâce à ses scènes de sexe crues et aux performances de ses acteur·rice·s, mais aussi à sa photographie très référencée et léchée. L’ouvrage photographique Dear God, the Parthenon is still broken, publié chez VOID et régulièrement en rupture de stock depuis son lancement en mai dernier, raconte les coulisses de ce chef-d’œuvre tourné à Budapest et signé Yórgos Lánthimos – à qui nous devons également Mise à mort du cerf sacré, The Lobster, et plus récemment Kinds of Kindness.
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Le livre s’ouvre sur un poème de Patti Smith. Toutes les images ont été prises par le réalisateur grec, qui rend hommage, à travers ce titre, à une scène coupée dans laquelle Bella Baxter envoie une carte postale à son père, God, depuis Athènes. Les images alternent entre noir et blanc et couleur pour “donner l’impression d’un rêve éveillé, entre passé et présent, à mesure que de multiples couches entre la réalité et la fiction se révèlent”, relate la maison d’édition. Le réalisateur et photographe prend pour paysages ses propres décors et pour sujets ses équipes techniques et ses acteur·rice·s, “fabriquant une histoire dans l’histoire”. Pour illustrer cette mise en abyme, des dépliants sont incrustés dans le livre.
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La contemplation et le silence d’un plateau de tournage en suspens résonnent dans ces images, où se lit davantage la complicité qu’il entretenait avec Emma Stone, avec qui il développait ses négatifs dans une “chambre noire de fortune” installée dans une salle de bains. “La complicité créative que j’entretiens avec Emma ajoute à l’excitation de la tâche. On se motivait, même si nous étions fatigués après une journée complète de tournage, pour développer les négatifs le soir… J’ai toujours rêvé créer des images suffisamment décentes pour en faire un livre photographique – une œuvre qui pourrait exister par elle-même, indépendante du film”, a détaillé Yórgos Lánthimos.
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De son côté, Emma Stone a apprécié participer au développement (littéral) de ce projet : “Un jour, j’ai demandé si je pouvais essayer de sortir les négatifs dans la petite tente que Yórgos avait installée. Puis je suis passée aux produits chimiques, et je suis devenu obsédée. La concentration demandée est très particulière pour moi, il faut garder le contrôle, il ne faut pas gâcher les photos, et bien sûr, ce ne sont que des images, mais ce sont ses images, son art, pas le mien. Je me souviens d’un jour où j’ai accidentellement coupé un beau portrait trop bas pendant le processus de séchage et je vois encore à ce jour les marques que j’ai laissées. […] La photographie, les films, la vie sont plein d’erreurs et l’erreur humaine peut aussi finir par être très belle et vivante”, confie-t-elle. Le livre est un bijou, et si vous voulez en savoir plus sur les projets photo de Yórgos Lánthimos, on vous conseille de jeter un œil à son compte Instagram très conceptuel et monomaniaque.
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