À l’intérieur d’une “demeure vénitienne du XVIIe siècle jamais ouverte au public jusqu’alors”, les grands coups de pinceau instinctifs de Channatip Chanvipava racontent les amours queers, les bonheurs qui les habitent et les conflits qui les tendent. Le travail de l’artiste thaïlandais s’y présente comme un modèle de liberté, dans le fond comme dans la forme puisqu’il “ne fait jamais de travaux préparatoires”, peignant “directement sur la toile, en se fiant à sa mémoire et à son appréhension de l’espace”. Son traitement des formes, des textures et des thématiques tend également vers un idéal de liberté, en témoigne le motif récurrent de l’eau qui habite sa dernière série, exposée par la plateforme curatoriale Roman Road à l’occasion de la 60e biennale de Venise.
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La fluidité et le pouvoir liant de l’eau y sont utilisés comme métaphore de “l’identité queer et de ce qui nous lie dans un monde divisé”, de façon à explorer “les notions d’identité, d’appartenance et de mémoire subjective”, détaille Roman Road. Touché par les événements qui secouent le monde, l’artiste autodidacte réalise des “grands et petits formats qui abordent des sujets intimes comme la gestation pour autrui et les droits LGBTQIA+”, mais aussi la banalité du couple et du sentiment amoureux, qu’importe par qui il est partagé.
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Les œuvres de Channatip Chanvipava laissent le champ libre au public tant elles se jouent des limites entre la figuration et l’abstraction. Le dialogue ouvert entre les formes, les couleurs et le public convoquent “des moments de méditation, de contemplation et de libération”, note Roman Road. Fidèle au symbole de l’eau et à sa multiplicité, le peintre refuse étiquettes et simplifications, ne laissant la place qu’à l’énergie de son pinceau et du sentiment amoureux.
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L’exposition suit “le thème de la biennale ‘Foreigners Everywhere'”, ajoute la plateforme, puisque cette 60e édition vise à mettre en avant des artistes “qui sont étranger·ère·s, immigré·e·s, expatrié·e·s, diasporiques, émigré·e·s, exilé·e·s, réfugié·e·s – surtout celles et ceux qui sont passé·e·s du Sud au Nord”, énumérait Adriano Pedrosa en février dernier. Le directeur artistique de cette année soulignait également ne pas oublier les différentes acceptions de ce que signifie se sentir étranger·ère, rappelant l’importance de présenter les œuvres d’artistes en marge (“outsiders”) et queers, “celles et ceux qui ont vécu différentes sexualités et genres et ont souvent été persécuté·e·s ou condamné·e·s”, tout en évitant une vision occidentalo-centrée.
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Les œuvres de Channatip Chanvipava seront présentées du 17 au 27 avril 2024 au sein de l’exposition conçue par Marisa Bellani, à l’occasion de la 60e biennale de Venise.