C’était l’un des films les plus attendus de l’année. Après le carton Get Out, tout le monde avait, légitimement, les yeux rivés sur Jordan Peele et son nouveau projet, Us. Le film horrifique raconte le destin de la famille Wilson, qui se voit attaquée par une famille de sosies terrifiants.
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Voilà les 5 choses à savoir sur ce projet :
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1. C’est qui déjà, Jordan Peele ?
Une des raisons pour lesquelles tout le monde s’emballe pour Us est due à la réalisation. Certains n’hésitent pas à comparer Jordan Peele à Hitchcock. Ambitieuse analogie sachant que le cinéaste n’en est qu’à son deuxième coup d’essai cinématographique, mais il tient la route. C’est qu’on connaît le bonhomme depuis quelques années déjà.
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S’il a passé cinq ans sur la série américaine MADtv, c’est surtout pour la série à sketchs sur Comedy Central avec son compère Keegan-Michael Key, Key & Peele, que le commun des mortels l’a découvert. C’est que dans le lot, il y a eu un paquet de pépites. On pense au traducteur honnête (et donc énervé) de Barack Obama, au prof remplaçant, au sketch sur l’importance d’attacher sa ceinture dans l’avion en cas de turbulences, à celui sur la manière dont Obama salue les gens en fonction de leur couleur de peau (qui est par ailleurs devenu un mème génial) ou encore sur les zombies racistes.
Une pépite.
https://www.facebook.com/KeyAndPeele/videos/963642527161958/
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Ces épisodes sont devenus cultes avec le temps, cartonnent sur Internet et ont donné une visibilité aux deux auteurs. Assez pour leur permettre dans un premier temps de pondre une comédie complètement absurde, Keanu, avant que chacun vole de ses propres ailes.
Keegan-Michael Key a fait quelques seconds rôles, pendant que Jordan Peele se concentrait sur l’écriture. C’est ainsi qu’il a écrit et réalisé son premier film, le génialement horrifique Get Out qui tire sur l’horreur basée sur le racisme. Pour un budget de 6 millions de dollars, le film en a rapporté plus de 250.
Depuis, il a coproduit BlacKkKlansman de Spike Lee, cocréé une série pour YouTube, Weird City, et sera l’hôte de la future version de la série La Quatrième Dimension. On comprend pourquoi ce Us est vu comme un véritable évènement donc — il s’agit de sa deuxième réalisation !
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2. Ça a été tourné où ?
Un des coups de force de Us est d’emmener son récit horrifique loin des maisons hantées glauques, ou des cabanes délabrées qu’on trouve au fond d’une forêt sombre et mystérieuse. On se retrouve dans une maison franchement neuve et moderne, du côté de la très ensoleillée Santa Cruz, et de sa fête foraine près de la mer.
Pour ce faire, la production a dû se réfugier du côté de San Bernardino pour les scènes près des domiciles de la famille Wilson, mais aussi reproduire deux versions différentes de la fête foraine (une dans les années 1980, une en 2019). La salle des miroirs, cœur de l’horreur et du récit du film, a été pour sa part créée de toutes pièces.
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S’ils sont peu nombreux, les décors sont fichtrement importants dans le récit. Que ce soit pour les courses-poursuites, les jeux de cache-cache. Peele prend un contrepied complet en plongeant ses protagonistes dans des lieux associés au repos et au calme, pour les soumettre au chaos.
3. Et la musique, elle vient d’où ?
Le trailer nous avait marqués par l’utilisation du titre culte “I Got 5 On It” du duo californien de G-rap Luniz. On y voyait d’abord la famille en voiture chanter le morceau de rap, en chœur, avec une certaine légèreté. Puis on se retrouve au cœur de l’horreur avec une version orchestrale ultra-flippante, basée sur les silences et sur des violons stridents. Un contre-pied intelligent des reprises de chansons célèbres qu’on retrouve dans tous les trailers depuis quelques années.
Le compositeur, Michael Abels, a dû redoubler d’ingéniosité pour essayer d’apporter une ambiance glauque. Il a essayé de renouveler le classique “corde/chorale” en jouant sur les sons, les dissonances, les silences. Bien que parfois discrète, la musique est au cœur de ce récit horrifique.
Dans la dernière séquence phare du film, la reprise orchestrale du titre de Luniz prend tout son sens – il vit dans la durée et donne des frissons. Replongez-vous dans le trailer et vous comprendrez ce qu’on veut dire.
4. C’est quoi les références ?
Us est jonché de multiples références. Certaines sont évidentes (l’œuvre caritative américaine Hands Across America, les cassettes que l’on trouve près de la télé de la version jeune d’Adelaide, dont C.H.U.D., un nanar des années 1980 qui montre une invasion de sans-abri radioactifs vivant dans les égouts…), et d’autres sont plus discrètes. Difficile de ne pas spoiler à partir de maintenant, mais on va faire de notre mieux.
Il y a bien évidemment Les Dents de la mer. Pour la séquence où Jason disparaît sur la plage, mais aussi celle où Gabe se bat sur le bateau. On pense aussi à Alice aux Pays des merveilles, pour la descente dans un monde presque parallèle, mené par des lapins blancs (sur le chemin pour descendre en enfer dans le palace des miroirs notamment).
On pourrait aussi citer la trilogie des morts-vivants de Romero, pour l’aspect “attaque par des monstres humains flippants à petite échelle devenant un truc mondial” ou encore les jumelles maléfiques de Shining qui peuvent rappeler la version doppelgängers des filles de la famille d’amis des Wilson.
À noter que le cinéaste a donné comme devoir au casting de regarder dix films qui partagent le même langage que Us selon lui. On y retrouve donc Dead Again, Shining, The Babadook, It Follows, Deux sœurs, Les Oiseaux, Funny Games (le premier), Martyrs (cocorico), Morse (cocorico bis) et Le Sixième Sens.
Si vous étiez en manque de films d’horreur, vous voilà servi.
5. Un doppelgänger, quèsaco ?
Le côté double, sosie maléfique, n’est pas nouveau en soi. Au contraire, la figure du doppelgänger date de plusieurs siècles. On trouve ses origines dans le folklore germanique, et sa dénomination signifie “le double” (doppel) qui nous “précède” (gänger). Au tout départ, il s’agit d’une espèce de créature qui vit à l’intérieur de nous, qui peut sortir à tout moment pour annoncer mort et autres malheurs.
C’est autour du XIXe que cet oiseau de mauvais augure devient un véritable démon à part entière. On le retrouve dans des romans cultes comme L’Étrange Cas du Dr Jekyll et Mr Hyde de Robert Louis Stevenson ou Portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde.
Au cinéma, le spécialiste de cette figure se prénomme David Lynch (Mulholland Drive, Twin Peaks, Lost Highway), mais on peut en trouver aussi chez Denis Villeneuve (Enemy), David Fincher (Fight Club), Darren Aronofsky (Black Swan) ou encore Stanley Kubrick (Shining).
Peele transforme la chose en une entité rationnelle – plus si fantastique que cela du coup –, et essaye de se détacher de cette lourde mythologie en la retravaillant à sa sauce. Le résultat n’en est que plus grand.