Les 23 de 2023 : Mallory Wanecque, quand la fiction transcende la réalité

Publié le par Manon Marcillat,

© Sarah Salazar

"J’ai beaucoup mûri pendant ce tournage, je n’ai plus cette même rage en moi."

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Depuis plus de 15 ans, Konbini va à la rencontre des plus grandes stars et personnalités de la pop culture dans le monde entier, celles et ceux qui nous font rêver au quotidien à travers leur passion, leur détermination et leurs talents, afin de vous livrer tous leurs secrets.

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En 2023, la rédaction de Konbini a décidé de faire briller avant tout la jeunesse et la création francophones à travers 23 portraits de jeunes talents en pleine bourre, à suivre dès maintenant et dans les prochaines années. Des acteurs et actrices prometteur·se·s aux chanteur·se·s émergent·e·s, des chefs qui montent aux sportifs et sportives en pleine éclosion en passant par des artistes engagées de tout horizon, Konbini vous présente sa liste des 23 personnalités qui vont exploser en 2023.

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La fiche d’identité de Mallory Wanecque, actrice, 16 ans

  • Son signe astro ? Lion.
  • Comment elle aborde 2023 ? Nouvelle année, nouvelle aventure, nouvelle expérience.
  • Ton meilleur moment de l’année 2022 ? La standing ovation à la fin de la projection des Pires au Festival de Cannes. C’était magique !
  • Une personnalité qui l’inspire aujourd’hui ? Rihanna. Son parcours est remarquable. J’admire sa personnalité, cette capacité à se relever des épreuves encore plus forte.
  • La personne qui fera 2023 selon Mallory Wanecque est… Ahmed Sylla !

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“Ce qui m’a le plus marquée, c’est l’existence des tables régie. Acteur, c’est le seul métier où on peut manger 24h/24.”

Portrait. L’histoire de Mallory Wanecque est une de celles que seul le cinéma peut fabriquer. Au dîner des Révélations des César, lundi 16 janvier au Trianon, son nom s’est murmuré parmi les pressenties favorites au titre de Meilleur espoir féminin. Pour preuve, une marraine de choix – Virginie Efira – croit en elle. Pourtant, elle nous aura prévenus : “Si j’entends mon prénom aux César, il y a vraiment moyen que je tombe dans les pommes.

Mallory a aujourd’hui 16 ans et a toujours vécu dans le Nord, à Valenciennes, loin de l’Olympia où se tiendra la cérémonie des César, le 24 février prochain. C’est une simple altercation entre collégiennes, dont elle dit être coutumière, qui a certainement fait basculer son destin. Car à la sortie de son collège ce jour-là, une directrice de casting sauvage était présente pour repérer une adolescente au physique, à l’énergie ou à l’attitude de Lily, le personnage principal du premier long-métrage de Lise Akoka et Romane Gueret, intitulé Les Pires, qui ira au Festival de Cannes en 2021 et sera récompensé par Un certain regard.

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“Une fois que j’ai été retenue pour ce rôle, j’ai demandé à la directrice de casting ce qu’elle avait vu en moi mais elle non plus, elle ne sait pas. Certainement une énergie de colère.”

Vient ensuite la première rencontre avec les réalisatrices où Mallory s’est rendue, sans pression, accompagnée de sa petite sœur, persuadée qu’il s’agissait d’un “projet vidéo pour YouTube“. Puis, au fil des castings successifs, des callbacks et des écrémages, c’est elle qui décrochera le rôle, celui d’une adolescente impulsive d’une cité de Boulogne-sur-Mer, elle aussi retenue pour le tournage de son premier long-métrage. Mais pour les habitants inquiets de la représentation de leur quartier dans le film, Lily fait partie “des pires”.

“Lily me ressemble énormément, notamment parce qu’elle a adoré son expérience de cinéma mais aussi parce qu’elle a beaucoup d’amour à donner, elle est très sensible mais elle a vécu des choses qui l’ont obligée à se créer une carapace. Elle répond donc souvent par la violence, comme moi.”

C’est cette immense responsabilité vis-à-vis des enfants que l’on propulse sous les projecteurs du cinéma et que l’on expose médiatiquement que Lise Akoka et Romane Gueret, anciennes directrices de casting sauvage, ont souhaité interroger dans leur film. Avec beaucoup de justesse et d’humanité, elles questionnent la responsabilité d’une profession qui porte aux nues de jeunes talents jusque-là inconnus et leur fait vivre des moments forts et intenses, mais qui peuvent être très souvent éphémères.

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Naturellement, le sujet du film et le rôle de Lily se sont imbriqués dans la trajectoire et le vécu de Mallory. Ainsi, le personnage principal et son interprète ont vécu des tournages similaires et une première expérience de cinéma très méta mais surtout inoubliable. De cette expérience humaine très forte sont nés, dans la vie comme dans la fiction, des liens d’attachement qui ont dépassé le cadre professionnel, très justement retranscrits dans Les Pires. Fiction et réalité se sont donc entremêlé pour faire jaillir des larmes et prononcer des “je t’aime” aussi intenses en plateau qu’à l’écran.

“Je me souviens d’une scène où je devais m’embrouiller avec une fille et la frapper. Pour arriver à entrer dans cet état d’énervement, je me suis mise dans un coin avec ma musique pour me concentrer. Mais l’émotion est tellement montée que lorsqu’on m’a dit ‘coupez’, je n’ai pas réussi à redescendre, j’étais tellement énervée que j’ai fait une petite crise d’angoisse.”

Avec Mallory, sur le tournage des Pires, il y avait d’autres jeunes acteurs non professionnels un peu cabossés, mais tellement puissants, sélectionnés parmi plus de 800 enfants, aux histoires personnelles parfois douloureuses et qui se sont soudainement retrouvés au cœur de toutes les attentions, avant que tout ne s’arrête, à nouveau.

“On m’a rarement parlé avec autant de bienveillance et de gentillesse. Dès qu’il y a quelque chose qui ne va pas, on t’apporte un plaid ou un café.”

Avant cette première expérience de cinéma, Mallory avait Lily dans la peau – ou inversement – mais l’actrice s’est éloignée de son double, à qui elle témoigne cependant une immense gratitude. Grâce à ce premier rôle de jeune fille impulsive et explosive, elle a appris à simuler des émotions fortes sur commande et donc à canaliser ses émotions à elle et cette rage qu’elle dit avoir eue en elle avant ce tournage.

“Lily m’a apaisée. Quand je joue, je mets en pause ma vie, mon corps, mes émotions. Je me redécouvre dans un personnage. Lise et Romane ont changé ma vie à tout jamais, elles m’ont donné confiance en moi car je me suis trouvée belle à l’image et c’était la première fois.”

On ne sait pas ce qu’il advient de Lily à la fin du film et c’est peut-être ici que leur chemin se sépare car pour Mallory, rien ne s’est arrêté, au contraire. Elle vient de terminer les tournages de deux longs-métrages, Comme un prince, le premier film d’Ali Marhyar avec Ahmed Sylla, où elle incarne le rôle d’une jeune fille de foyer rebelle qui va devenir championne de boxe anglaise, film pour lequel elle s’est beaucoup entraînée physiquement, et Pas de vague de Teddy Lussi-Modeste aux côtés de François Civil, un film sur le harcèlement scolaire où elle sera la “peste qui envenime toutes les situations.

“Avec mon agent, on veille à ce que les rôles ne soient pas trop éloignés de moi car je débute mais on fait attention à ne pas m’enfermer non plus dans ce personnage de grande gueule. Au fur et à mesure, je vais essayer de m’en éloigner.”

Avec cette nouvelle vie est venue l’heure de quitter le nid. Entre la promotion du film, le Festival de Cannes et les deux longs-métrages qu’elle a tournés en simultané, Mallory ne rentre chez elle qu’un week-end par mois et n’est pas retournée au collège. “J’étais en décrochage scolaire quand Lise et Romane sont venues me chercher donc je suis bien contente que tout se soit enchaîné.” Sans regret donc.

“J’ai beaucoup mûri pendant ce tournage, les adultes m’ont expliqué tellement de choses que je me suis beaucoup éloignée de mes amis mais aussi de mes mauvaises fréquentations. Je n’ai plus cette même rage en moi, j’ai changé et je ne suis plus celle qui cherche la merde désormais.”

Le 24 février prochain, son partenaire de jeu Ahmed Sylla fera partie des neuf présentateurs de la cérémonie des César, aux côtés de Leïla Bekhti, Jérôme Commandeur, Jamel Debbouze, Emmanuelle Devos, Léa Drucker, Eye Haïdara, Alex Lutz et Raphaël Personnaz. Une prophétie ? Quoi qu’il en soit, on est déjà assuré de revoir la gouaille et le talent brut de Mallory Wanecque sur nos écrans en 2023, pour le meilleur et certainement pas pour le pire.

Les recos de Mallory Wanecque

  • Une série ? 13 Reasons Why, diffusée sur Netflix.
  • Un livre ? Zombillénium, d’Arthur de Pins.
  • Un film ? Les Enfants des autres, de Rebecca Zlotowski.
  • Un album ? Mental ou Enna Boost, de PLK.

Pour suivre la carrière de Mallory Wanecque, vous pouvez la suivre sur Instagram.