Le reboot de Road House, film d’action culte de Rowdy Herrington sorti à la fin des années 1980, continue de faire parler de lui pour de mauvaises raisons. Le long-métrage était déjà dans la sauce il y a quelques semaines alors que son réalisateur, Doug Liman, appelait à boycotter son avant-première au festival SXSW suite aux annonces d’Amazon et Metro-Goldwyn-Mayer, qui préfèrent diffuser uniquement le film sur Prime Video et plus dans les cinémas du monde entier contrairement à leur promesse originale.
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Aujourd’hui, et comme le rapporte le Los Angeles Times, les deux studios sont carrément traînés en justice pour une raison complètement différente mais symbolique des bouleversements (et conflits) à venir dans les prochaines années dans l’industrie cinématographique : l’usage de l’intelligence artificielle. Ainsi, R. Lance Hill, le scénariste du Road House original de 1989, attaque MGM et Amazon pour “violation du droit d’auteur” et demande un recours des contentieux en justice.
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Il accuse les deux studios d’avoir volé sa création sans son accord, en violant la constitution des droits d’auteur aux États-Unis. C’est un peu compliqué mais pour résumer, R. Lance Hill avait déposé une requête pour récupérer les droits de Road House en 2021 auprès d’United Artist, le distributeur original du film aux US. Ces mêmes droits, qui devaient expirer en novembre 2023, appartenaient en réalité à MGM, de par le statut d’actionnaire majoritaire de la société de distribution, or Amazon a racheté le studio en mars 2022, devenant ainsi le détenteur des licences de la firme au lion, dont celle de Road House.
Un nouveau bras de fer sur l’IA dans le milieu du cinéma
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Au final, R. Lance Hill reproche aux deux géants d’avoir ignoré voire comploté face à sa requête de récupération des droits d’auteur qui était pourtant légale. Pour rester détenteurs des droits de Road House, Amazon et MGM devaient impérativement sortir le reboot avant l’expiration de la licence, en novembre 2023. C’était une période marquée par les grosses grèves à Hollywood, qui ont duré presque quatre mois. C’est à ce moment-là qu’interviendrait l’usage d’IA de la part des studios, histoire de terminer au plus vite le film et ce malgré le bras de fer entre les syndicats des acteurs et scénaristes d’un côté (WGA et SAG-AFTRA), et celui des grands studios américains de l’autre (AMPTP).
Selon la déclaration de R. Lance Hill, Amazon “a pris des mesures extrêmes et investi une somme d’argent conséquente” pour finaliser le film avant la date butoir. Le scénariste les accuse notamment d’avoir “reproduit la voix des acteurs” par intelligence artificielle pour accélérer le processus de post-production (dont la partie de post-synchronisation des comédiens). Le réquisitoire de Hill assure également qu’Amazon a dépassé le délai de novembre 2023 pour sortir le long-métrage, dont la production s’est achevée en janvier dernier. Enfin, l’usage de l’IA, qui était au cœur des revendications pendant les grèves, violerait également les nouvelles règles en vigueur entre les deux syndicats votées fin novembre 2023.
Dans son droit de réponse, le géant du streaming affirme que la plainte de R. Lance Hill est “déshonorante” et que “ses allégations sont fausses”. “Le film n’a jamais utilisé d’IA pour répliquer la voix des acteurs”, poursuit Amazon dans son communiqué. Par ailleurs, les journalistes américains affirment qu’une source proche de la production aurait parlé sans l’accord de ses dirigeants. Celle-ci suggère que le studio a bien fait appel à l’IA sur les premières versions du film, mais qu’elles ont disparu du montage final.
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En attendant le verdict de la justice, la sortie du reboot de Road House, programmée au 21 mars sur Prime Video, pourrait être gelée. Dans cette version, c’est Jake Gyllenhaal qui remplace Patrick Swayze dans la peau de James Dalton, un ancien combattant de MMA reconverti en videur de boîte de nuit qui souhaite faire régner sa propre loi avec ses poings.