Inspiré de l’univers de Harry Potter, le quidditch a conquis une quarantaine de pays, mais cet ovni sportif à califourchon sur un bâton veut s’émanciper du célèbre sorcier pour devenir une discipline à part entière. Dans les romans de J. K. Rowling, les joueurs virevoltent sur leurs balais pour lancer le “souafle” à travers des anneaux, éviter les “cognards” et attraper le “Vif d’or” pour mettre fin au match.
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En 2005, des étudiants américains en ont créé une version pour les “moldus” (non-magiciens) soumis à la gravité, mélangeant des aspects du hand et du rugby mais aussi de jeux de cours d’école. Peu à peu, la discipline s’est codifiée et structurée au sein de fédérations nationales et de championnats officiels, comme la coupe de France disputée le week-end dernier à Angers (ouest).
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Certains ont découvert le sport lors d’échanges universitaires à l’étranger, d’autres à l’occasion de rassemblements de fans de Harry Potter, d’autres encore sont tombés par hasard sur un entraînement dans un parc… Sur les terrains, les capes et les chapeaux de magiciens des premiers adeptes ont quasiment disparu, de même que les références au monde de la magie sur les maillots.
Hand, rugby et dodgeball
“On vient pour Harry Potter, on reste pour le sport”, martèle Cédric Chillan, 38 ans, sélectionneur de l’équipe de France. Cet ancien joueur de hand, qui évolue avec les Frogs de Paris, vante ainsi le côté physique, l’ambiance bon enfant et la complexité des stratégies. Mais le vocabulaire des sorciers est resté, tout comme les balais, sous forme de bâtons en plastique. Un tantinet ridicule ?
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Pas du tout, assure Tiphaine Pasquereau, 32 ans, chargée de communication de la fédération et vice-présidente des Éléphants de Nantes, arrivée au quidditch après quinze ans de judo. “Ce n’est pas pour faire semblant de voler. C’est un handicap, de la même manière qu’il faut dribbler pour avancer au hand ou passer en arrière au rugby. Ça oblige à manipuler les balles à une main, à plaquer à une main…” explique-t-elle.
Du bord du terrain, elle harangue son équipe : “Fabien, priorité souafle. Maëva, tu protèges ta pointe !” Comme les instructions, le jeu peut paraître confus pour les non-initiés. D’ailleurs, pas moins de cinq arbitres et deux assistants veillent au respect des règles. Dans chaque équipe, quatre poursuiveurs cherchent à faire passer le souafle (un ballon de volley) dans les anneaux adverses, deux batteurs essaient de les mettre momentanément hors-jeu en leur tirant dessus avec des cognards (des ballons de dodgeball ou balle aux prisonniers) et, au bout de 18 minutes, un attrapeur entre en jeu pour tenter de s’emparer du Vif.
Changement de nom
Faute de petite balle dorée aux ailes délicates comme dans les films, le Vif est une balle de tennis logée dans une chaussette et accrochée au short d’un coureur neutre vêtu tout en jaune. Les actions sont rapides, les courses constantes, les chocs parfois rudes, les changements fréquents. Particularité du jeu : les équipes doivent être mixtes, avec un maximum de quatre joueurs du même genre engagés en même temps.
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Encore confidentielle en France, avec 200 à 300 adeptes au sein d’une douzaine d’équipes actives, la pratique est en plein essor aux États-Unis, en Australie, au Royaume-Uni, en Allemagne… Au point qu’un changement de nomenclature est à l’étude aux États-Unis, afin de pouvoir poursuivre le développement sans passer par la Warner, détentrice des droits sur l’univers Harry Potter.
Ce développement devra s’accompagner aussi de la création d’équipes de jeunes, pour ne pas laisser la discipline s’étioler au fur et à mesure du vieillissement de la génération biberonnée à Harry Potter. En attendant, Cédric Chillan peaufine ces jours-ci sa sélection pour les championnats d’Europe organisés fin juillet en Irlande, après deux années d’interruption pour cause de Covid. L’enjeu est réel : vainqueur en 2019, la France a un titre à défendre.
Konbini avec AFP
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