Le peintre Kehinde Wiley accusé d’agressions sexuelles par l’artiste Joseph Awuah-Darko

Publié le par Lise Lanot,

© Sean Zanni/Patrick McMullan/Getty Images

Kehinde Wiley nie les accusations.

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Célèbre artiste de la scène artistique contemporaine états-unienne, Kehinde Wiley est accusé d’agressions sexuelles par l’artiste Joseph Awuah-Darko. Ce dernier a dévoilé ses accusations ce dimanche 19 mai via une publication Instagram. Il y rapporte que les faits auraient eu lieu le 9 juin 2021, à l’occasion d’un dîner tenu en l’honneur de Kehinde Wiley par le Conseil des arts créatifs du Ghana à la résidence artistique de Noldor, lieu fondé à Accra par Joseph Awuah-Darko.

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L’artiste et chanteur ghanéen-britannique détaille la première agression : Kehinde Wiley lui aurait touché, sans son consentement et par surprise, les fesses. Toutefois, il passe sous silence la deuxième agression qu’il aurait subie, “bien plus sévère et violente”. Suite à sa publication, Joseph Awuah-Darko a confié au New York Times avoir été violé lors d’un rapport sexuel qui aurait commencé de “façon consentie” avec Kehinde Wiley.

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Sur Instagram, l’artiste raconte le lent chemin de sa prise de conscience suite à son agression : “Tout comme de nombreuses autres victimes [survivant·e·s] d’agressions sexuelles, je n’ai pas immédiatement reconnu mon agression comme en étant une. Il m’a fallu plusieurs mois pour comprendre ce qu’il m’était vraiment arrivé”. Il parle également de sa peur, à l’époque, de témoigner de “cette agression dans un pays ouest-africain comme le Ghana [où les opinions anti-LGBTQIA+ sont prévalentes, ndlr]“, ce qui “aurait pu être, au mieux, problématique, au pire, dangereux”. C’est pour cette raison, explique Joseph Awuah-Darko, qu’il n’a pas porté plainte, souligne le New York Times.

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Joseph Awuah-Darko confie avoir tenté de se persuader qu’il n’avait pas vécu cette agression, avoir été “consumé par la honte”, avoir “tenté de [se] faire du mal” et s’être longuement interrogé avant d’oser témoigner. “Je me suis posé les mêmes questions en boucle avant de parler. Des questions que doivent se poser toutes les personnes agressées. Des questions comme : qu’est-ce que je portais ? Qu’est-ce que j’ai dit ? Serais-je défini par cela pour le restant de ma vie ? Serais-je ostracisé pour avoir parlé ? Dira-t-on que je fais ça pour de l’argent ou de l’attention ? Qu’est-ce que j’ai fait ?”

Il explique s’être convaincu de parler publiquement parce qu’il pense qu’il existerait “d’autres victimes [survivant·e·s] d’agressions commises par Kehinde Wiley à New York, Pékin, au Nigeria, etc.”, que “d’autres artistes, conservateurs et collecteurs ont discrètement exprimé avoir été témoin de ces schémas de comportements prédateurs” et que “ce comportement de Kehinde Wiley est un secret de Polichinelle au sein du monde de l’art depuis un bon moment”. À l’image d’une Deborah de Robertis qui souhaite lancer un #MeToo dans le monde de l’art, Joseph Awuah-Darko souhaite libérer la parole face à “des hommes comme Wiley qui se croient intouchables”.

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La réponse de Kehinde Wiley

Kehinde Wiley a répondu à ces accusations sur son compte Instagram, affirmant que “quelqu’un avec qui [il avait] eu une brève relation consentie il y a trois ans faisait maintenant de fausses accusations concernant [leur] temps passé ensemble” : “Ces affirmations ne sont pas vraies et constituent un affront à l’égard de toutes les victimes d’agressions sexuelles. Je ne sais pas pourquoi il a décidé de me prendre pour cible de la sorte – surtout sachant qu’il existe pléthore de preuves montrant que ses déclarations sont fausses – mais j’espère qu’il recevra l’aide dont il a besoin dans ce qu’il traverse.”

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Le peintre ajoute travailler à prouver son innocence et a partagé au New York Times une lettre de ses avocats demandant à Joseph Awuah-Darko de supprimer ses publications Instagram et de ne pas tenir de propos qu’ils considèrent comme diffamatoires. Dimanche 19 mai, Joseph Awuah-Darko affirmait ne pas avoir reçu une telle lettre.

Kehinde Wiley est l’auteur d’une œuvre dense, mêlant peinture et sculpture. Il s’est fait connaître pour ses portraits réalistes d’hommes et de femmes noires de notre époque, “réalisés à la manière des grands maîtres, comme le Titien ou Giambattista Tiepolo”, écrivions-nous en 2017. À 40 ans, l’artiste avait été choisi par Barack Obama pour réaliser son portrait présidentiel, exposé à la Smithsonian National Portrait Gallery, qui engage chaque année, depuis 1962, deux artistes pour réaliser les portraits du président et de la Première dame. Le peintre expose désormais son travail à travers le monde et est l’un des artistes les plus prisés de la scène contemporaine actuelle.

Mise à jour du 19 juin 2024 : Artnews rapporte que le Minneapolis Institute of Art a annulé l’itinérance d’une exposition de Kehinde Wiley, intitulée “An Archaeology of Silence”. L’exposition devait voyager au Pérez Art Museum Miami de juillet 2024 à janvier 2025 puis retourner au Minneapolis Institute of Art en février 2025, après être passée par le Fine Arts Museums de San Francisco et au Museum of Fine Arts de Houston, en 2023.

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Elle devait être visible durant la foire Art Basel Miami Beach. Cette décision fait suite aux accusations et à la suspension d’une exposition dédiée à l’artiste au Joslyn Art Museum. Kehinde Wiley s’est dit “déçu” de cette annulation et de voir “cette invention des réseaux sociaux nous distraire du but de cette exposition itinérante : mettre en lumière les inégalités subies par les personnes racisées dans notre société”.