En 2014, l’Insee comptait 5,9 millions d’immigré·e·s en France, qui représentaient 8,9 % de la population. Un an plus tard, l’institut de statistiques mettait cette fois en lumière les 7,3 millions de personnes nées en France et ayant au moins un parent immigré – soit 11 % de la population. Une preuve, s’il en faut une, que l’histoire des migrations, intimement liée à l’histoire de la France, est aussi celle des personnes qui l’habitent.
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Ce sont ces trajectoires que le Musée national de l’histoire de l’immigration a choisi de raconter lors de son ouverture en 2007. Une quinzaine d’années plus tard et après une année de fermeture des collections permanentes pour travaux, l’établissement est de retour avec une exposition renouvelée et enrichie : rendez-vous dès le 17 juin 2023 pour un retour sur l’histoire de l’immigration, du XXe siècle à nos jours.
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“Nous avons besoin d’un musée de l’histoire de l’immigration parce que c’est notre histoire, celle de notre pays, dont l’identité ne se comprend que par une connaissance de l’histoire de celles et ceux qui y sont venus, des tourments qui ont accompagné ces arrivées, des réussites et des difficultés qui y ont succédé”, pose Constance Rivière, la directrice générale du Palais de la Porte Dorée où est situé le musée.
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Sciences, patrimoine, musique, art, cinéma… Avec une exposition permanente riche de 6 000 pièces (images, objets, textes, vidéos, œuvres), dont 670 items exposés qui renouvellent à plus de 80 % l’ancien parcours, le musée entremêle ses collections d’histoire, de société et d’art contemporain de manière chronologique. Auparavant présentée en chapitres, l’exposition permanente, qui met l’accent sur la science et la connaissance, est désormais articulée autour de 11 dates clés de l’immigration en France.
De 1685 à nos jours
Le parcours débute en 1685, alors que le royaume de France est une terre d’accueil et d’exil, avant de revenir sur les étranger·ère·s durant la Révolution française, sur le droit de vote accordé exclusivement aux hommes, sur la seconde abolition de l’esclavage dans les colonies pendant la Seconde République, puis sur le double droit du sol instauré par la loi en 1889.
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Au XXe siècle, l’exposition met en lumière la condition des étranger·ère·s de la Première Guerre mondiale aux années 1920, les étranger·ère·s face aux crises économiques qui débutent dès 1931 et l’Empire colonial de la France, puis le sort qui leur fut réservé durant l’Occupation.
Décolonisations, politisation de l’immigration et luttes pour les droits constituent la suite du parcours, qui aboutit au temps présent et à l’Europe face aux crises migratoires actuelles. À l’aune de ces événements historiques, l’exposition aborde des thèmes majeurs de l’immigration : l’évolution des statuts des étranger·ère·s à travers les siècles, l’intégration, l’hospitalité, la xénophobie, les discriminations, le quotidien, les mutations sociales et culturelles…
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“Dans nos espaces, c’est bien la connaissance de l’histoire – des grands évènements aux détails de la vie quotidienne, des inflexions majeures aux phénomènes itératifs – et la découverte de documents historiques ou d’œuvres artistiques cristallisant les interrogations qui permettent à chaque visiteur de mieux connaître cette part souvent peu considérée de l’Histoire de notre pays. Le musée donne à chaque visiteur la possibilité de réfléchir et de comprendre à partir de données, d’images, de témoignages et non d’enjeux politiciens ou de sensationnalisme”, détaille Sébastien Gokalp, le directeur du musée et commissaire général de ce nouveau parcours permanent.
Les parcours migratoires dans l’art
Puisque la connaissance de l’histoire passe aussi par l’art, l’institution met en lumière des artistes contemporain·e·s réputé·e·s pour leurs travaux sur les parcours migratoires ou leur exploration des notions de frontières, d’identité, d’exil ou de colonialisme.
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On retrouve ainsi Kader Attia, qui a grandi entre la France et l’Algérie et dont l’œuvre sonde “la perspective que les sociétés ont sur leur histoire, en particulier en ce qui concerne les expériences de privation et de suppression, de violence et de perte, et comment cela affecte l’évolution des nations et des individus” ; l’artiste franco-algérienne Zineb Sedira qui travaille notamment sur la transmission de la mémoire de l’immigration ; ou Babi Badalov, dont les peintures, installations et performances portent sur des notions géopolitiques à travers le langage et ses limites.
On retrouve également des œuvres de Moussa Sarr, Barthélémy Toguo, Enrique Ramírez, Kimsooja, Samuel Fosso, Gaëlle Choisne, Claire Fontaine, Valérie Mréjen… Souvent inspirées des histoires personnelles de leurs créateur·rice·s, ces œuvres nourrissent les réflexions sur les vécus et enjeux liés à l’immigration de manière sensible. À découvrir dès le 17 juin.
Le Musée national de l’histoire de l’immigration ouvrira ses portes le 17 juin 2023.