La photographe Petra Collins accuse Sam Levinson de lui avoir volé son esthétique pour Euphoria

Publié le par Lise Lanot,

© HBO

Une pierre de plus dans le sac déjà bien chargé de reproches faits au réalisateur d’Euphoria.

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Ce n’est pas la première fois qu’on partage ici le travail de la photographe Petra Collins. On vous a déjà parlé de son ouvrage érotique réinterprétant des contes de fées avec l’actrice Alexa Demie (notamment connue pour son rôle de Maddy dans Euphoria), de ses collaborations avec la star Olivia Rodrigo et de son premier livre, Coming of Age, récit photographique aussi universellement touchant qu’intime sur la sortie de l’adolescence et la construction de son identité.

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Depuis plus de dix ans, Petra Collins s’est forgé une patte bien reconnaissable où elle intègre ses réflexions sur le passage à l’âge adulte à des mises en scène à l’esthétique particulièrement léchée qui fait la part belle au mystique, à l’érotique, au fantasmagorique, à tout ce qui se termine en “-ique” et fait voyager l’esprit. Dans ses compositions, la lumière est traitée comme un personnage principal, elle se pare de néons, d’atours colorés fluorescents ou de lueurs caressantes. On pourrait croire à une description d’Euphoria, n’est-ce pas ? Eh bien, il semble que ce ne soit pas une coïncidence.

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Dans un entretien largement relayé sur X (ex-Twitter), Petra Collins expose “la vérité jamais dite sur Euphoria. Elle y confie avoir déménagé à Los Angeles “à cause de Sam Levinson”, réalisateur du projet, qui lui aurait assuré avoir “écrit une série basée sur [ses] photos”. La photographe rapporte avoir travaillé pendant cinq mois pour HBO, diffuseur de la série : “J’ai créé tout un monde, j’ai fait le casting, bref, à la dernière minute, HBO me dit : ‘On ne t’embauche pas, tu es trop jeune.’ Je me suis dit : ‘Tant pis, merci beaucoup’, et qu’ils ne prendraient pas ma version de toute façon.”

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Quelle ne fut pas sa surprise en voyant, un an plus tard, un immense panneau faisant la promotion de la sortie de la série qui présentait “une copie de [son] travail”, selon ses propres termes. “J’ai commencé à pleurer, j’étais tellement choquée. Ça m’est déjà arrivé plusieurs fois, ce genre de choses, mais pas à cette échelle. C’était tellement intense, parce que c’est l’esthétique que j’ai mis toute ma vie à bâtir, et maintenant, je dois la modifier parce qu’elle est entrée dans le mainstream, on me l’a volée. Le pire, c’est quand des gens qui ne sont pas au courant me disent que la série ressemble à mon travail.”

Sur les réseaux, de nombreuses voix se sont élevées en soutien à la photographe, rappelant son talent et soulignant à quel point il est courant que des artistes femmes et/ou issues de minorités se fassent voler leur travail sans qu’elles ne puissent rien y faire. Au contraire de nombre d’artistes spolié·e·s dans l’ombre, Petra Collins a la chance d’être déjà célèbre (moins que Sam Levinson, cependant) et d’avoir imposé sa patte sur de nombreux projets, personnels mais aussi en collaboration.

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La photographe a notamment travaillé avec – tiens, tiens – plusieurs membres du casting d’Euphoria (Barbie Ferreira, Zendaya, Alexa Demie) bien avant la sortie de la série, et avec nombre d’artistes, telles que Selena Gomez, Carly Rae Jepsen, Olivia Rodrigo ou encore Cardi B. Difficile de regarder ses réalisations sans faire le lien avec la série star. En attendant, il lui manque toujours l’argent, l’expérience et la reconnaissance qui allaient de pair avec son nom au générique d’une des séries états-uniennes les plus plébiscitées des années 2020.

Déjà accusé d’avoir un comportement toxique à l’égard de ses équipes sur le tournage d’Euphoria, Sam Levinson accumule critiques et incriminations depuis la sortie de sa dernière série The Idol, vivement dépréciée (et annulée après une saison) pour ses “dessous chaotiques” et “son climat constant d’hypersexualisation sordide”.

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On apprenait en juillet dernier que la réalisatrice Amy Seimetz, initialement attachée au projet, avait été virée de la production alors que “80 % des scènes étaient déjà filmées”. Il semble que l’affaire Petra Collins ne soit qu’un exemple parmi d’autres d’un mode opératoire bien huilé de la part du réalisateur.

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