Le 20 juillet 1969, l’homme marche sur la Lune. Un nouvel horizon complet s’offre alors à l’humanité, l’espace sans limite, l’expansion jusqu’à l’infini.
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Trente ans après, le 22 décembre 1999, Milos Forman sort le film Man on the Moon, sa biographie du comédien hors norme Andy Kaufman qui oscilla toute sa vie entre fiction et réalité, entre provocation et réelle dépression. Avec du catch en plus.
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Le 15 septembre 2009, dix ans plus tard, Kid Cudi propose son premier album très attendu : Man on the Moon. Et le résultat est entre ces deux événements, une ouverture unique sur tout le champ des possibles comme la Lune en 1969 et une sensibilité profonde entre la sincérité totale et l’esbroufe déguisée d’Andy Kaufman. Une lignée parfaite des années en “9” sur quarante ans.
La dépression “psychédélique” comme moteur principal
Originaire de Cleveland, Scott Mescudi, alias Kid Cudi, a déjà un style à part sur sa première mixtape A Kid Named Cudi, sortie en 2008. Mixant des instrumentaux de Outkast, N.E.R.D., Ratatat, Gnarls Barkley ou Band of Horses, Cudi est un parfait produit des années 2000, sans barrière, ni barreau, ni frontière.
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Plain Pat, éminence grise de Kanye West, le prend sous son aile au moment même où les deux artistes travaillent sur 808s & Heartbreak. Kanye cherche alors un nouveau son, plus pop, et c’est chez Kid Cudi qu’il va le trouver.
Les deux vont écrire ensemble quatre morceaux, dont le fameux “Welcome to Heartbreak” qui résume bien la mélancolie particulière de leurs collaborations. Appréciant beaucoup le duo qu’ils forment, Kanye le signe sur son label GOOD Music. Et neuf ans plus tard, ils sortiront un excellent projet ensemble : Kids See Ghosts.
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Après une année 2008 bien remplie, l’attente est à son comble l’année suivante pour le premier album de l’extraterrestre qu’est devenu Kid Cudi, un mélange de Kanye, Lil Wayne et Kurt Cobain.
Ce nouveau profil plaît à une génération qui écoute autant de rock et de pop que de musique électronique et de rap, une génération qui fait la fête sans souci avec parfois un énorme mal-être. Et c’est avec son tube “Day ‘n’ Nite” que Kid Cudi réussit le parfait zeitgeist au milieu de tout ça.
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C’est à partir de ce titre doux-amer que l’artiste va construire son premier album comme un rêve entier. Et il va choisir Common, rappeur mythique de Chicago, lui aussi proche de Kanye, pour raconter cette histoire onirique. Les trois artistes vont d’ailleurs se retrouver sur le deuxième morceau de l’album, “Make Her Say”, qui résume bien la proposition mash-up de l’album, vu qu’il reprend habilement une version acoustique du “Poker Face” de Lady Gaga sorti juste quelques mois plus tôt.
Comme une bande-son de sa vie, Kid Cudi raconte, dans ce premier album, ses névroses, des fractures sociales et ses pulsions parfois mégalomaniaques. Il les met en musique avec une nouvelle touche qui va influencer beaucoup d’artistes en devenir, comme Travis Scott, Logic ou Lil Uzi Vert.
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Une influence emo sur les années 2010
Comme une extension plus personnelle de 808s & Heartbreak, cet album, nommé Man on the Moon: The End of the Day ouvre la porte à l’emo dans le rap, la transposition du mal-être à travers la musique.
Kid Cudi cherche à faire une version moderne et plus urbaine des classiques rock psychédéliques et progressifs qu’il écoute à longueur de journée, comme Pink Floyd ou Electric Light Orchestra.
Peu travaillée de cette façon, la musique rap se renouvelle alors, bousculée, ébréchée. Et de nombreux rappeurs vont se mettre à chanter, à fredonner, à transformer leurs mélodies.
Et c’est avec un titre encore plus iconique, “Pursuit of Happiness”, qu’il va s’en rapprocher davantage. En collaboration avec le groupe MGMT, l’artiste de Cleveland chante là toute sa recherche du bonheur qu’il n’atteint jamais, comme dans un décalage permanent de sa vie. Et ses vocalises semblent s’envoler bizarrement, comme suspendues dans le temps.
Capable de véhiculer différentes émotions, ce premier album va être le mètre étalon de la musique des années 2010, de ses meilleurs mais aussi de ses mauvais côtés. Parfois, Kid Cudi se morfond, d’autres fois, son ego dépasse tout.
Mais c’est justement dans ces défauts que réside la force de ce premier disque, car il va parler aux marginaux, aux gens seuls et dépressifs de sa génération. Et ces marginaux vont devenir la norme au fur et à mesure des années qui passent. Donc Kid Cudi sera leur héros.