En 2020, Josué disait dans “Argent propre” :
Publicité
“La télé, c’est pour Netflix.”
Publicité
Quelques années plus tard, c’était pour lui. Début mai, il est annoncé comme participant de la saison 2 de Nouvelle école et se place, pour le public et les médias, comme l’un des favoris du concours de rap diffusé sur Netflix. Puis la saison sort, et rien. Josué n’apparaît dans aucun des épisodes. Les gens se questionnent, aucune information n’est donnée et le rappeur lance alors le #MaisOùEstJosué qui accentue l’incompréhension générale.
Le 28 juillet 2023, le rappeur originaire de Meaux clôture l’épisode Netflix et dévoile un EP de cinq titres qui reprend ce même #. La ligne de conduite est claire : regarder vers l’avant. Lors d’une rencontre avec Josué chez Tealer, marque de streetwear française créée en 2012 qui suit la carrière du rappeur de près : “C’est eux qui m’ont donné la force en premier”.
Publicité
Mais où a bien pu passer le rappeur Josué ?
Au départ de cette aventure, Josué est contacté directement par les organisateurs du concours pour qu’il intègre le casting de la saison 2 de Nouvelle école. “Après le tournage du premier épisode, ils ont vu qu’on n’était pas allé bien loin et, d’un commun accord, il était prévu qu’ils ne gardent pas mes passages.” Au final, le jour de la promo, Netflix annonce le rappeur comme candidat. Erreur manifeste ou stratégie ? Jusqu’à aujourd’hui, Josué ne sait pas comment cela s’est passé mais soit, pas question de se morfondre, lui qui a appris grâce à sa famille et à ses échecs passés à ne pas rester bloqué, à toujours avancer.
Publicité
“Quand j’ai vu qu’ils m’ont cité dans la promo, on a accéléré les bails avec le Palace (label indépendant). En une journée, on savait comment on allait réagir et on a foncé. En plus, avec le # on a eu un petit coup de pouce.”
Ce fameux #, c’est Josué qui l’a lancé pour répondre à l’amas immense de messages reçus concernant son absence dans le concours. “Carrément, les gens se faisaient des films, pensant que j’allais arriver plus tard dans la saison. Du coup j’en ai joué, j’ai juste mis un # sur fond noir et c’est parti.” Malgré ce qu’on pourrait croire, Josué explique que Nouvelle école ne lui a “apporté que du bien au final”.
Dans un live du youtubeur Lonni, il avait déjà rapidement pris la parole à ce sujet :
Publicité
Dans l’ombre, Josué a donc préparé “un projet où [il] kicke”, ce qui, il le dit lui-même, représente vraiment le style qui lui va le mieux. Une ligne directrice qu’il souhaite garder notamment pour son prochain EP qui devrait arriver avant 2024 et qui sera de nouveau en collaboration avec le producteur Clyde Bessi : “Pour #MaisOùEstJosué, on s’est dit qu’il ne fallait bosser qu’avec un seul beatmaker pour garder une couleur précise et c’est comme ça que je travaille maintenant”. Un album commun est également en préparation et devrait justement lui permettre de sortir de ce cadre, plus strict, mais qui, d’après lui “[lui] fait du bien et fait du bien à [sa] musique”.
Publicité
Par l’affirmation de son style, Josué y voit aussi une forme de transition. L’aspect religieux, spirituel qui régissait ses projets précédents comme Amen, Béni et Confessions disparaît peu à peu au profit d’autres thèmes plus personnels, sans filtre : “Avec Confessions, j’ai eu l’impression de conclure un bail quand j’ai fait le morceau ‘Mauvais’“.
13 ans de rap
La carrière de Josué commence en 2010 malgré la réticence de sa mère. Lil Wayne, A$AP Rocky, ses inspirations sont foncièrement américaines même si “le rap français a aussi fait immerger quelque chose en [lui]“. Il cite Sexion d’Assaut qui lui a fait enchaîner les freestyles ou encore Ol Kainry et son morceau “Frédéric (Enfant du divorce)” qui donnera lieu à son tout premier texte, il est alors dans la même situation que le rappeur décrit dans ses paroles et le rap apparaît comme un soutien vital :
13 ans de rap, des échecs, des désillusions, des changements de route qui forgent Josué plus qu’ils ne le minent. Après une première partie de carrière, il relance les dés et se rapproche d’A2H, rappeur lui aussi du 77, qui lui propose d’entrer chez Palace Prod, son label : “Il m’a dit : ‘Par contre, si on se lance, il faut savoir que ça ne va pas prendre d’un coup et il faut que tu arrêtes tes conneries'”. Il débute alors une réelle professionnalisation, change de nom et voit ce nouveau départ comme une “bénédiction” comme il l’explique dans le morceau “Au cas où je vais percer”. Quelques années s’écoulent et il dévoile “Argent propre”, single important dans sa carrière et qui l’est encore à l’heure actuelle :
“Comme beaucoup de sons, celui-là, je l’ai fait chez moi. Il a eu des super répercussions, encore maintenant. Le son est toujours premier, et il fait encore 60 000 streams par semaine, donc tu vois. C’est une fierté, ce son, mais on va le tuer, je sais qu’on va le tuer un jour !”
Qu’une affaire de transmission
La passion. C’est ce qui guide Josué mais également son équipe : “On s’appelle tout le temps. Je n’arrive pas à décrocher du son, parfois les meufs, elles sont saoulées. Là, on est en train de parler de partir un peu mais, même en vacances, on veut bosser”, dit-il amusé. Le dessin, la mode, plus jeune le break et plus globalement le hip-hop sont des choses qui lui ont permis d’avancer : “Si je n’avais pas ça, je ne sais pas trop où je serais.” En seconde, il arrête l’école, le rap étant déjà bien présent dans son quotidien : “Je disais à ma mère que je voulais vivre de ma passion mais, au début, elle ne comprenait pas, elle voulait que je fasse des études et je lui disais qu’avec la passion on pouvait aller loin aussi”.
“J’avoue, toute ma vie c’est la musique je veux m’amuser” – 2022 / “Ça fait longtemps”
Josué réalise des ateliers d’écriture auprès d’enfants depuis plusieurs années. Mieux s’exprimer, créer l’amour des mots et susciter la passion, l’idée est de faire partager ce qu’on lui a transmis auparavant. Une passation continue pour ne pas garder les choses pour soi. “Ol Kainry, je lui ai dit merci il n’y a pas longtemps et on se parle maintenant. Avec les animations avec les enfants, c’est ce que j’essaye de faire aussi. L’art, c’est un truc ou tu peux te lâcher et j’ai envie de leur apprendre qu’avec cette passion, tu fais ce que tu veux.”