Aux États-Unis, les militaires et la police s’étaient mobilisés pour encadrer les projections du Joker, lors de sa sortie en salles, le 28 septembre, craignant un débordement. En amont, la presse avait largement souligné la violence du film, entre une sortie R-Rated négociée pendant 1 an et un Joaquin Phoenix très mal à l’aise avec le sujet. Joker ressemble plus à un évènement qu’à un film.
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Pourtant, l’œuvre fictive de Todd Philipps revient sur les origines du Joker, ennemi juré de Batman et maître du crime et de la pagaille à Gotham City. 23 kg en moins, Joaquin Phoenix incarne avec brio ce personnage iconique, nommé Arthur Fleck, dont le récit veut ici qu’il soit au départ un comédien raté, reconverti en clown de rue. Arpentant les rues violentes de Gotham City, il est témoin et surtout victime de nombreuses inégalités, qui vont le pousser à se transformer en Joker, et mettre la ville à feu et à sang.
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Accusé par certains critiques de promouvoir un personnage controversé, le film semble avoir dépassé la fiction pour venir tutoyer la réalité, pénétrant, malgré lui, certaines causes, revendications et pratiques populaires.
Les “Joker Stairs”
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En seulement une semaine, le Joker de Joaquin Phoenix est devenu un véritable symbole dans la vie réelle. En témoignent les instagrameurs qui squattent les escaliers, rebaptisés “Joker Stairs”, utilisés pour une scène de danse dans le film. La forte affluence des touristes du côté du 1 165 Shakespeare Avenue dans le Bronx illustre autant le narcissisme de la génération connectée que la folie que soulève ce personnage. Devenus presque un lieu de pèlerinage, où les fanatiques imitent la chorégraphie du personnage et s’habillent comme lui, ces escaliers qui font office de nouveau spot instagramable prouvent clairement que Joker est un film déjà culte.
Les manifestants déguisés en Joker
Comme les masques du film V pour Vendetta, des masques et le maquillage du Joker commencent à apparaître dans des manifestations, sur différents continents. Au Chili, au Liban et à Hong Kong, qui revendiquent des droits ou encore un changement de régime politique et critiquent taxes et lois, tous à des kilomètres d’intervalles. Un de leurs points communs ? Des manifestants déguisés en Joker.
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Le photographe de Libération, Stéphane Lagoutte, qui couvrait une manifestation à Beyrouth a précisé dans l’enquête de Checknews que ces militants, ainsi accoutrés n’étaient clairement pas majoritaires et invitent à relativiser, comme on peut le lire :
“Il y avait davantage de manifestants portant le masque du protagoniste de V pour Vendetta. Ce masque est devenu depuis le visage du mouvement Anonymous et a aussi été utilisé par le collectif Occupy.”
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Comme le rapporte BFMTV, certaines personnes en détresse s’identifient au Joker. Pour une manifestante libanaise, par exemple, ce déguisement est une manière de souligner davantage ses souffrances, derrière son maquillage :
“Nous nous sommes maquillés parce que nous nous identifions au personnage du film. Parce qu’avant qu’il ne se peigne le visage, il menait une vie de misère. On n’en avait rien à faire de lui, on ne l’écoutait pas. Il est bouleversé, en colère, et ça l’entraîne vers la folie et c’est ce qui arrive au Liban.”
En réalité, dans le film, le Joker est un personnage rejeté de la société, dont la vie n’est qu’une succession de tragédies mais est surtout pénalisé par ses multiples symptômes psychiatriques et neurologiques, entre hallucinations et idées délirantes.
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En France, certains n’ont pas hésité à comparer le Joker aux Gilets Jaunes. Omniprésents dans l’actualité l’année dernière, mais moins ces derniers mois, ils s’indignaient, un peu comme les habitants de Gotham City, de la hausse des prix et revendiquaient de meilleures conditions de vie.
Le masque, dans les manifestations comme dans les marches, est aussi une manière de se protéger et de ne pas révéler son identité. Si certains arborent leur masque d’Anonymous, d’autres ont utilisé le masque de Dalì pour revendiquer leur droit et lutter contre le pouvoir établi, après le succès de la série Netflix La Casa de Papel.
Et même sur Pornhub…
Dans un tout autre registre, le personnage du Joker s’est infiltré dans notre intimité à travers… des vidéos porno. Lors de la sortie du film, Pornhub a enregistré 741 000 recherches du terme “Joker” dans les quatre jours qui ont suivi la sortie du film, rapporte TMZ. Plus précisément, le site aurait enregistré un pic d’activité dimanche, avec 291 628 recherches.
Si le Joker est devenu le nouveau fantasme des consommateurs de porno, comme avait pu l’être Harley Quinn en 2016 lors de la sortie de Suicide Squad, le personnage est en train de hanter notre monde, sur les réseaux sociaux comme dans la vie réelle.