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C’est vrai que vous aviez un budget de 100 euros pour ce clip ?
Guillaume : Complètement. En fait, à l’époque, personne ne nous produisait donc on produisait nos clips nous-mêmes et on avait peu d’argent. C’est quelque chose qui nous a poussés à innover, on s’est dit qu’on avait deux acteurs et un appartement, c’est tout. Mais finalement c’est tant mieux, parce que quand t’as peu de moyens, tu dois rester dans une certaine forme de simplicité.
Jonathan : À noter qu’on n’a pas fait ce clip de manière simple par défaut. On s’est dit qu’on voulait développer des histoires simples, qu’il y ait de la thune ou qu’il n’y en ait pas.
Comment ça se passe le casting pour un clip de The Blaze ?
Jonathan : Le casting, c’est une étape cruciale. Quand on fait un film…
Vous appelez ça un film plus qu’un clip ?
Jonathan : On appelle ça un film parce qu’on est entourés par de grosses équipes de tournage, on prend énormément de temps aussi. “Territory” a pris à peu près 8 mois entre le moment où l’idée a émergé et le moment où il est sorti sur YouTube.
Et pour revenir au casting, c’est vraiment une étape cruciale. On a eu beaucoup de chance de tomber sur Dali Benssalah. Dès qu’on l’a casté, on a compris qu’il était capable d’exprimer beaucoup de choses, aussi bien physiquement qu’émotionnellement.
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Dans votre interview pour le New York Times, Manu Barron (l’un des cofondateurs de Bromance Records) vous définit comme un duo de poètes isolé de toutes tendances actuelles. Est-ce que vous êtes d’accord avec lui ?
Guillaume : Il y a une dimension poétique dans notre démarche, comme on travaille beaucoup sur l’émotion, sur l’humain. Ce qu’a aussi voulu dire Manu, c’est que, quand il nous a rencontrés, on n’était pas des parisiens, on arrivait un peu comme ça l’air de rien. C’est surtout parce qu’on était un peu naïfs, déconnectés, dans notre bulle.
En ce qui concerne cet isolement, toujours dans le New York Times, vous apparentez votre espace de créativité à une bulle étanche à tout ce qui pourrait se passer à l’extérieur de votre univers. Comment arrivez-vous à rester dans cette bulle ?
Jonathan : C’est cette ambiance qui règne dans le studio qui forme notre bulle. On reproduit la même chose en live, on est isolés dans une boîte avec deux écrans géants qui s’ouvrent. On veut que les gens, lorsqu’ils viennent nous voir, ne nous voient pas. On veut transmettre un maximum d’émotions.
Quelques mois après “Virile”, vous enchaîniez avec votre deuxième single “Territory”, dans lequel vous mettiez en scène le retour au bled d’un jeune Algérien. C’est à ce moment-là que vous avez senti que les choses s’accéléraient pour vous ?
Jonathan : Forcément oui, quand tu as Barry Jenkins qui commence à parler de toi, tu ne peux pas rester insensible. Mais on essaie de rester dans cette bulle entre cousins, et d’en sortir le moins possible pour rester focus sur ce qu’on aime faire le plus, à savoir des clips et de la musique. C’est pour ça qu’on ne fait pas beaucoup d’interviews, etc.
Guillaume : On a senti que les choses s’accéléraient et je pense qu’on a eu le bon réflexe de se dire : “Protégeons-nous, essayons le moins possible d’être parasités.”
Jonathan : On essaie de continuer à rester instinctifs. C’est pour ça qu’on a fait “Heaven”, qui est un clip beaucoup plus contemplatif, ce qui change pas mal de “Territory”.
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2017, c’est aussi l’année où Barry Jenkins a répondu à un tweet de Romain Gavras sur votre clip “Territory”, en disant de celui-ci que c’était la meilleure œuvre d’art qu’il ait vue de l’année. Qu’avez-vous ressenti quand vous avez lu le commentaire de Barry Jenkins ?
Jonathan : Au début, t’y crois pas trop, tu te dis qu’il y a eu un bug dans la matrice (rires). Mais forcément on était ultra-contents. On a fait le clip avant Moonlight, mais il y a des thématiques qui se répondent si tu regardes bien. On était surpris.
Guillaume : On l’a rencontré une fois Barry Jenkins, et il nous a demandé si le plan séquence du gorille dans “Territory” était un vrai plan séquence, on lui a dit oui et il était comme un fou.
Jonathan, tu as beaucoup voyagé entre la Côte d’Ivoire, la Normandie, le Pérou et Bruxelles. En quoi cette vie de voyageur t’a-t-elle aidé dans ta vision du cinéma et de la musique ?
Je pense que c’est très difficile à expliquer. C’est quelque chose que tu ressens à l’intérieur de toi, c’est con comme réponse, mais c’est le cas. “Territory” ça parle un peu de la même chose, de ce que j’ai vécu quand j’ai bougé du Pérou jusqu’en France. Le voyage m’a beaucoup aidé, ça a forgé ma manière de voir les choses artistiquement en fait.
Guillaume, t’as longtemps bossé en solo, qu’est-ce que le fait d’être en duo, qui plus est avec ton cousin, t’apporte d’un point de vue artistique ?
Lorsque j’ai fini mes études de photo, je suis parti en Inde pendant plusieurs mois, dans l’Inde très profonde. Et c’est un voyage qui a été assez déterminant pour ça, ce choix de vivre de la musique. Tu peux choisir une destinée complètement folle parce que tout est possible. Quand tu vas à la rencontre de l’autre et que tu sors de ta zone de confort, ça te pousse à savoir où t’as vraiment envie d’aller.
Le duo c’est une sorte de démocratie parfaite. Lorsque t’es deux, c’est un parfait équilibre, au niveau du partage et des idées. J’ai aimé faire de la musique tout seul, mais j’adore tout autant faire de la musique à deux. Pour moi c’est vraiment la combinaison parfaite.
Pour ceux qui ne l’ont pas encore écouté, Dancehall, le premier album tant attendu du duo The Blaze.
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