Troquer son baquet de gamer pour celui de pilote de course, “cela n’a rien d’habituel” : Jann Mardenborough, dont la vie a inspiré le film Gran Turismo, en salles ce mercredi 9 août, revient pour l’AFP sur la passion qui l’a conduit de sa chambre aux circuits.
Publicité
“Souvent, les gens me demandent comment j’en suis arrivé là mais, dès que je commence à leur raconter, je vois qu’ils ne comprennent pas. Maintenant, je leur dirai : ‘Regardez les 45 premières minutes de Gran Turismo, vous verrez qu’elles sont très parlantes‘“, garantit le Britannique de 31 ans.
Publicité
Loin du profil type des paddocks des courses automobiles, son histoire commence à l’aube des années 2010.
C’est en participant à la GT Academy, un concours annuel ouvert de 2008 à 2016 aux joueurs du jeu vidéo Gran Turismo, que ce fils d’un ancien joueur de foot, gamer invétéré, se fait remarquer à 19 ans.
Publicité
“C’était une chance pour moi de devenir pilote“, se souvient Jann Mardenborough (incarné à l’écran par l’acteur britannique Archie Madekwe) :
“Mon idée n’a jamais été de gagner, je voulais juste voir ce que je valais face aux autres.”
Le jeune homme franchira toutes les étapes jusqu’à la finale européenne à Silverstone (Grande-Bretagne), en 2011, où il prendra le meilleur sur ses concurrents parmi 90 000 joueurs au départ. À la clé, le début d’une carrière professionnelle de pilote.
Publicité
Petites voitures
Cette passion pour les voitures, il la cultive depuis l’enfance :
“Je devais avoir 7 ans et mes parents avaient un ami dont le fils était à peu près du même âge que moi et qui avait un tas de Matchbox [des jouets modèles réduits réalistes, ndlr].”
Publicité
“J’en ai ramené plein à la maison et c’est là que l’amour des voitures est apparu. Ensuite, j’ai commencé à les regarder à la télévision. Puis j’ai découvert Gran Turismo sur la PlayStation”, retrace celui qui a grandi à Cardiff, au Pays de Galles.
Les choses se préciseront plus tard :
“Vers 10 ans, dès que j’ai eu une idée plus spécifique de ce qu’était le métier, j’ai su que je voulais être pilote de course.”
Publicité
À son entrée dans l’âge adulte, exit les études, le jeune homme abandonne l’université.
“Je n’avais pas vraiment prévu cette année sabbatique mais il s’est avéré que j’étais au bon endroit au bon moment. […]
Mon père, comme mon frère, m’a toujours dit ‘Tu dois faire quelque chose dans la vie qui t’apporte un but et qui te passionne.’ Pour moi, c’est la course automobile et, quand l’opportunité s’est présentée avec la GT Academy, j’ai été complètement emballé.”
Hostilité
Du championnat de Super GT au Japon à celui de GP3 (face notamment au futur pilote français de Formule 1 Esteban Ocon), en passant par les 24 heures du Mans (il a terminé 3e dans sa catégorie en 2013), Jann Mardenborough vit “une vie rêvée“.
“Quand on m’a dit qu’on pensait faire un film sur ma vie, en 2017, je n’y ai pas tout de suite cru”, se souvient-il. “J’ai toujours essayé d’être aussi rapide que possible pour réussir. Le film n’est que le fruit de mon dévouement.”
Un dévouement qui est d’abord passé par une préparation physique intense :
“Je me suis entraîné tous les jours pour me préparer à prendre le volant de ces missiles. […]
Lorsque j’ai piloté pour la première fois, j’ai simplement reproduit ce que je faisais dans le jeu, comme si je me connectais inconsciemment. Et cela a fonctionné.”
Les choses ne se sont toutefois pas révélées aussi simples face aux autres pilotes : “J’ai eu des échanges qui n’ont pas toujours été agréables à cause de mon parcours de gamer”, retrace le Britannique.
Il poursuit :
“Imaginez quelqu’un qui fait de la course depuis 12 ans, qui a financé sa carrière grâce à des sponsors, des fonds privés, et qui se retrouve en compétition avec quelqu’un qui a dépensé 500 euros pour une PlayStation3 et Gran Turismo.”
La trentaine passée, Jann Mardenborough espère intégrer l’an prochain la catégorie reine du championnat du monde d’endurance (WEC) avec, en ligne de mire, les 24 heures du Mans.