La décision a eu l’effet d’une bombe dans le monde de la musique. Pour la première fois de son histoire, Spotify avait radié de ses playlists automatiques (celles formées par les algorithmes) des artistes comme R. Kelly et XXXTentacion à raison de leur comportement haineux, notamment envers les femmes. Après quoi, le débat s’est enflammé.
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Certains ont estimé que cette nouvelle politique était plutôt un outil de censure jugé raciste (les trois artistes concernés sont noirs) tandis que d’autres ont encouragé la démarche en clamant qu’il s’agissait d’une première étape nécessaire dans le combat engagé par des mouvements comme #MeToo.
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Dans cette logique, des associations sont montées au créneau pour faire élargir les sanctions à d’autres artistes. On aurait donc pu penser que la purge n’en était qu’à ses débuts, mais le géant du streaming suédois a finalement fait machine arrière.
En effet, selon un communiqué relayé par Bloomberg, Kendrick Lamar aurait contacté le PDG du service de streaming, Daniel Ek, et le responsable des relations artistiques, Troy Carter, en les menaçant de retirer sa musique de la plateforme si cette politique continuait, avançant que cette radiation pourrait avoir des répercussions sur la découverte musicale du public.
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Les enjeux étaient donc trop importants pour Spotify, qui a finalement réintégré XXXTentacion dans ses playlists. En sachant qu’en deux semaines d’application de la charte sur les contenus et les comportements haineux, le sulfureux rappeur avait vu son taux d’écoute baisser de 17 %.
Kendrick, le sauveur
Voir des artistes comme Kendrick soutenir XXXTentacion n’est pas surprenant. En ayant parfaite connaissance des controverses auxquelles le rappeur de Floride est sujet (15 chefs d’accusation dont des agressions et des abus sexuels), son homologue de Compton avait tweeté un lien vers son album 17 sorti l’année dernière, le qualifiant de “pensées brutes”.
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Et quid de R. Kelly, qui a également été radié des playlists par la nouvelle politique de Spotify ? Même si son éjection n’a a priori pas affecté ses chiffres, trouvera-t-il un ange gardien dans la lignée de Kung Fu Kenny pour voir ses morceaux réapparaître dans les algorithmes de la plateforme ? En tout cas, sa musique est toujours disponible en recherche directe.
En attendant de nouveaux rebondissements, la question de savoir s’il faut dissocier un artiste de sa personne quand celui-ci fait l’objet de graves accusations de violence ou de harcèlement sexuel n’a pas fini de faire parler.