Ils représentent la nouvelle vague du rap français. Freestyles, interviews, photos : de leur style à leur flow, voici les FRENCHMEN, par Konbini. Après Prince Waly, Demi Portion, Siboy et Sofiane… une jeune rappeuse qui ne se laisse pas marcher sur les pieds : Sianna.
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Elle a gratté ses premiers textes à l’âge de 11 ans et s’est lancée dans le grand bain du rap français en 2013. C’est là qu’elle commence à évoluer en solo, après avoir fait ses premières classes dans un groupe de sa ville. Depuis un premier EP homonyme convaincant, sorti en 2015, Sianna s’impose comme l’un des espoirs du hip-hop hexagonal.
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Souriante et déterminée, la kickeuse de Beauvais ne se laisse pas marcher sur les pieds, dans un univers où peu de femmes parviennent à s’imposer. Ses armes : une énergie éloquente portée par un flow et des textes en béton armé, exercés en dualité avec une musique parfois plus mélodieuse, plus pop.
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Le Diamant noir, c’est elle, et c’est aussi le nom de son premier album disponible depuis le 24 février 2017. Du haut de ses 22 ans, Sianna représente, dans cette série, la jeune relève ; une relève qui a les crocs, comme en témoigne ce que vous allez voir par la suite.
À commencer par son freestyle exclusif sur un beat signé Black Stars – producteur attitré de cette série –, avant un petit échange fort sympa.
Freestyle, interview, photo : Trois en un avec Sianna, pour une petite claque du samedi soir
Publié par Konbini sur samedi 8 avril 2017
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Konbini | Salut Sianna, quel est ton vrai prénom ?
Sianna | Mon vrai prénom c’est Anaïs. Et mon prénom malien c’est Awa.
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Quand et où es-tu née ?
Je suis née le 17 avril 1995 à Bamako au Mali.
T’es arrivée en France assez jeune ?
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En fait je suis arrivée en France à l’âge de 6 mois, j’ai été adoptée par des parents français. Puis j’ai toujours vécu ici.
T’as vécu où précisément ?
À Beauvais, dans l’Oise, en Picardie.
Quand est-ce que t’as pris un stylo, une feuille et commencé à rapper pour la toute première fois ?
En fait, j’ai toujours aimé écrire, même n’importe quoi, fallait que j’écrive. Donc parfois j’écrivais des histoires etc., mais j’étais vraiment petite, hein, j’avais 11 ans, par là. Puis vers 12-13 ans, je pense, j’ai écrit mes premiers trucs. À la base, c’était vraiment pour rire, puis j’ai écrit pour des potes à moi, sans vraiment avoir l’envie de rapper, au début. Je ne me voyais pas dedans.
Et tu te souviens du tout premier morceau que tu as réalisé ?
Je crois que ça s’appelait… “Ma Fierté”, ou un truc comme ça [rires]. À l’ancienne, mais ça fait si longtemps. Je m’en souviens, c’était marrant, les sessions home studio, c’est des bons souvenirs.
T’écoutais quoi à cet âge-là ?
J’ai beaucoup écouté de rap américain. Quand on me parle de rap français, avant 2005-2007, je suis un peu perdue. Niveau US, j’écoutais de tout, Fat Joe, Missy Elliott, Michael Jackson aussi, quand j’étais petite. Après, il y a eu les Rihanna, les Chris Brown, parce que je suis de 1995 [rires].
Et aujourd’hui ? Par exemple, ce que tu écoutes actuellement sur ton téléphone.
En ce moment, il y a Ninho beaucoup. Niro aussi, toujours ; depuis Paraplégique, Niro, ça a été constant, j’aime vraiment. Quoi d’autre ? Timal aussi, j’aime beaucoup. Tu vois j’écoute beaucoup de rap français quand même, aujourd’hui [rires]. Mais il y a aussi Kehlani, le dernier album de J. Cole, The Weeknd aussi… il y a de tout.
Il y a un artiste qui t’influence plus que d’autres ?
Beaucoup Beyoncé, en fait. Alors que ça n’a rien à voir avec moi [rires]. Mais quand j’étais petite, je passais des heures à regarder des DVD de Beyoncé sur scène, c’est ce qui m’a donné cette motivation à monter sur scène et y mettre toute mon énergie, depuis que j’ai la chance d’en faire.
C’est ce que je préfère dans le rap, la scène, les concerts, le contact avec le public, même dans de toutes petites salles. Ça ne m’intéresse pas de faire de la musique pour faire de la musique.
Tu te souviens de ta toute première scène ?
[Rires.] Grave, je m’en souviens ! Ça devait être en 2010, je crois, dans le cadre de La Nuit des artistes, à Beauvais. Et j’avais même pas rappé, mais chanté, avec une pote à moi, Chanez, à l’époque. C’était un petit prix mais tu vois, dans notre ville, c’est genre la scène de l’année [rires].
Ça va, ça s’était bien passé ?
Ouais, mais… j’étais super stressée, c’était horrible. Mais ça s’était bien passé en soi, même si je pense que si je revoyais les images aujourd’hui, j’serais pas bien.
T’aimerais chanter, aussi, dans ta carrière ?
J’aimerais beaucoup. Je ne suis pas la pire des chanteuses, mais je pense qu’il faut que je prenne des cours de chant. Il me faut de la confiance en moi, aussi, pour chanter. Je construis peu à peu mon univers, au-delà du rap, en ce moment. Plus j’avance, plus je construis ce que je suis. Ça peut même aller vers l’électro, la soul, pourquoi pas.
Est-ce que t’as rencontré des difficultés par rapport au fait d’être une fille dans le rap, ou ça va ?
J’avais pour habitude de dire que tout se passait bien [rires]. Mais en vrai, tout se passe bien dans le milieu, j’ai été bien accueillie par plusieurs artistes en place depuis un moment, comme Mac Tyer, Booba, Soprano [dont Sianna a pu faire les premières parties, ndlr]… et plein d’autres, qui m’avaient donné de la force.
Mais après… je me rends compte que c’est en fait plus difficile d’être acceptée par le public, tu vois. Pas forcément par les rappeurs, mais plutôt le public, avec qui c’est moins évident. Peut être que c’est plus difficile pour certains d’entendre une fille rapper… On m’a même déjà sorti que je n’écrivais pas mes textes alors que j’ai toujours tout écrit [rires].
Il y a quand même eu Diam’s, mais elle, c’est un ovni ! Peut-être que ça viendra, j’espère un jour, petit à petit. Mais au final, c’est compliqué sans l’être : j’ai quand même principalement de bons retours, sur scène ou sur les réseaux sociaux, de la part du public.
Quand est-ce que t’as vraiment eu cette envie de faire carrière dans la musique ?
J’ai commencé à aller sur Paris quand j’avais 15-16 ans. Je voulais bouger, justement pour faire de la musique. J’étais en cours à Beauvais, je comptais aller au lycée là-bas, mais j’allais sur Paris pour y rejoindre des potes qui faisaient du son. C’était quand j’avais 15-16 ans. Beauvais c’est compliqué, que ce soit niveau studio d’enregistrement ou contacts, pour faire de la musique. Puis j’ai commencé à aller à Paris plus régulièrement.
Je faisais partie d’un groupe, qui s’appelait Crack House, et c’est là que j’ai vraiment commencé à kiffer la musique. Tous de Beauvais. Ça c’était au tout début, quand j’avais environ 16-17 ans.
Puis tu te lances sérieusement en solo.
Yes, depuis que j’ai 18 ans. Avec mon groupe on avait réussi à faire pas mal de concerts en Picardie, et on avait un petit peu fait le tour, après avoir sorti un premier projet qui avait bien marché localement. Puis on s’est dit qu’on allait commencer à faire des projets solo.
J’ai eu la chance de rencontrer Mohand et Seven, mes producteurs et, de fil en aiguille, tout est parti plus sérieusement.
Comment s’est passée la rencontre avec Seven, qui rappait par le passé d’ailleurs ?
C’est marrant, j’étais allée à un concert de la Sexion d’Assaut, c’était au mois de mai 2013, je crois. À la fin du concert, il y avait Lynda Shérazade, une chanteuse. Je l’ai attendue pour lui demander de faire un freestyle, et il y avait son manager, Issam, l’un des meilleurs potes de Seven, qui m’a vue. Et c’est de ça que tout est parti.
Ah yes, le genre de belle histoire qui part d’un freestyle à l’improviste. Un peu comme l’histoire de Big Sean… le destin.
Ouais, c’est cool ! Vraiment, je remercie le destin. Déjà, je ne devais même pas aller au concert, j’avais même pas de place, je suis rentrée comme ça… destin de ouf.
Ensuite, Seven t’a prise sous son aile, et c’est là que ça s’est accéléré pour toi.
Ouais, c’est allé très vite. C’est là que j’ai connu vraiment le studio, le vrai studio. J’ai été très productive, on avait plein d’idées, on a fait la série des freestyles “Tour du monde”, en 2014…
Ça t’a fait quoi quand tu as signé ton premier contrat ?
J’étais super contente, mais en même temps, je cachais cette joie pour rester humble car le plus dur restait à faire. Et je me suis mise directement au travail.
Et ton premier chèque, t’en avais fait quoi ?
Ah, je me suis acheté des trucs, hein [rires]. Je suis partie en vacances aussi, ça faisait longtemps que c’était pas arrivé. J’ai donné de l’argent à ma mère aussi, puis j’ai vécu, simplement, en payant à manger à mes potes par exemple… Faire plaisir aux autres, tu vois, c’est pour moi le plus important.
Et à toi, qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour la suite ?
J’espère faire beaucoup de concerts, des tournées. Plein de bonheur… et un disque d’or, ça serait génial.
Rendez-vous demain soir pour le sixième épisode des FRENCHMEN.
Une série dédiée à Polo, force et courage. <3
Crédits :
- Auteur du projet et journaliste : Rachid Majdoub
- Direction artistique : Arthur King, Benjamin Marius Petit, Terence Mili
- Photos : Benjamin Marius Petit
- Vidéo (cadrage, montage) : Paul ‘Polo’ Bled, Mathias Holst, Simon Meheust, Redouane Boujdi, Adrian Platon, Maxime Touitou, Fanny
- Son : Manuel Lormel
- Remerciements : à tous les rappeurs ayant accepté de participer et à leurs équipes, à la team Konbini ayant aidé de près ou de loin, Lucille, Florent Muset, les attachés de presse cools, Julien Choquet pour la disponibilité de son enregistreur audio, Thomazi pour sa petite enceinte Supreme, XXL Magazine…