Fellow Travelers : le plus gay, sexy et touchant des cours d’histoire, c’est cette série avec Matt Bomer et Jonathan Bailey

Publié le par Flavio Sillitti,

© Showtime

Disponible en France depuis le 18 janvier sur Canal+, Fellow Travelers raconte le maccarthysme et l’homophobie organisée des États-Unis dans les années 1950.

A voir aussi sur Konbini

En mêlant thriller politique et romance queer, l’écrivain Thomas Mallon sort en 2007 un roman passionnant qui raconte McCarthy comme jamais auparavant, à travers les yeux et la peur des homosexuel·le·s qui le craignaient. Quinze ans plus tard, son histoire (et celle de plusieurs centaines de milliers d’Américain·e·s de l’époque) prend corps dans la minisérie Fellow Travelers, créée et écrite par Ron Nyswaner, qui a déjà séduit les États-Unis.

Publicité

Publicité

Fellow Travelers est portée par deux des acteurs gays les plus en vue du moment : Matt Bomer (Chuck, White Collar, American Horror Story, Magic Mike), qui y incarne Hawkins Fuller, un impressionnant homme politique dans le placard, et Jonathan Bailey (notre nouveau vicomte préféré de la série Bridgerton), qui campe le rôle de Tim Laughlin, jeune homme idéaliste maladroit et attachant qui se rêve prêtre.

Leur histoire d’amour naissante s’entremêle avec celle de leur pays, alors qu’ils gravitent tous les deux autour des bureaux politiques états-uniens au sein desquels la chasse aux sorcières des années McCarty (où communistes et “déviants sexuels” sont traqués) ne laisse personne à l’abri.

Publicité

Maccarthysme et romance gay

Ron Nyswaner, scénariste de la série, a notamment écrit le scénario du film Philadelphia en 1993, tout premier film hollywoodien traitant du sida, de l’homosexualité et de l’homophobie, pour lequel il a été nommé aux Oscars. Fervent militant des droits des personnes homosexuelles, sa plume et sa vision donnent vie au récit de Thomas Mallon en restant fidèle au texte d’origine, tout en inscrivant l’intrigue dans des préoccupations et des codes modernes.

La série Fellow Travelers offre un récit queer inédit, qui rajoute à l’impossibilité de l’amour dit “déviant” un danger évident qui sert de base à l’esprit thriller de la série, et nous tient en haleine au fil des épisodes, tout en assurant son travail de mémoire en nous ramenant à l’homophobie institutionnelle qui a pu contaminer l’Histoire – avec des restes plus ou moins évidents aujourd’hui.

Publicité

Une torride histoire de l’Amérique

Si l’essentiel de l’intrigue se focalise sur cette période de chasse aux sorcières sous la tyrannie de McCarthy, quelques bonds dans le temps nous permettent également une plongée dans les temps forts de quatre décennies d’histoire états-unienne, des manifestations contre la guerre au Viêt Nam des années 1960 à la fièvre disco des années 1970, en passant par l’épidémie de sida qui a touché de plein fouet la communauté homosexuelle dans les années 1980.

Publicité

Au-delà du couple star de la série (qui crève l’écran d’alchimie et de sex-appeal), d’autres personnages permettent de revenir sur des périodes et des moments tout aussi cruciaux de l’histoire des États-Unis. C’est le cas de Frankie Hines, drag-queen interprétée par Noah J. Ricketts, qui incarne la place particulière des artistes transformistes dans une Amérique intolérante, mais aussi de son amant Marcus Hooks, interprété par Jelani Alladin, à travers lequel la ségrégation raciale se trouve un récit vibrant.

La série est un véritable coup de cœur et se déguste en quelques jours au rythme des tensions, des rebondissements et des relations qui se tissent organiquement à l’écran. Si on aime sa narration, on souligne également l’intelligence de sa photographie plutôt classique, qui ne s’embarrasse pas de trop de fioritures ou d’effets visuels superflus pour laisser la complexité et la tension guider le récit.

Publicité

On aime aussi la liberté sexuelle qui s’opère à l’écran, défaisant les récits queers d’une aseptisation malheureuse, préférant montrer une facette joueuse, libidineuse et pleine de fantasmes de l’amour gay, malgré le drame. Ça fait du bien, et ça donne chaud. La preuve qu’aucune séquence de fellation graphique ou de coït entre hommes n’a de quoi désolidifier le sérieux du propos – après tout, on a bien fait copuler Cillian Murphy et Florence Pugh en plein interrogatoire dans un film sur l’arme nucléaire la plus dangereuse de l’Histoire sans que ça ne fasse sourciller qui que ce soit.

Récemment, Bailey a remporté le prix du Meilleur second rôle aux Critics Choice Awards pour sa performance dans la série et a dédié, dans un discours touchant, sa victoire aux personnes queers qui vivent encore dans des communautés intolérantes, ajoutant que Fellow Travelers “nous rappelle que les personnes LGBTQ+ ont toujours existé, le plus souvent dans l’ombre”, avant de partager son prix avec Matt Bomer, son partenaire dans la série.

On s’attache forcément à la romance entre les deux protagonistes, et si on aurait d’abord tendance à bouder une énième fiction gay aux contours malheureux (maladie, secret, amour impossible), c’est ici l’Histoire qui s’impose à la série, ne lui laissant d’autres choix que de dérouler la tristesse et la douleur historique des communautés queers, qu’il reste nécessaire de raconter en hommage à celles et ceux pour qui la honte, la peur et la menace sont encore des réalités.

La série Fellow Travelers est à découvrir sur Canal+.