Fausses critiques et coup marketing hasardeux : Megalopolis de Coppola est au cœur d’une nouvelle polémique

Publié le par Manon Marcillat,

© Le Pacte

Pour promouvoir ce long-métrage démesuré et précédé d’une réputation chaotique, son distributeur a tenté un pari risqué.

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Projet aussi ambitieux que maudit, Megalopolis de Francis Ford Coppola est au cœur d’une nouvelle controverse. Considéré comme son ultime chef-d’œuvre par le cinéaste qui le développe depuis près de quatre décennies, le film censé faire de New York le personnage principal de l’histoire en la transformant en une sorte de ville futuriste utopique sera mis en pause suite aux attentats du 11 septembre qui ont endeuillé la Grosse Pomme et les États-Unis, avant d’être officiellement enterré en 2007.

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Ressuscité en mai 2019, après douze années de hiatus qui ont fait fuir les financiers et donc entièrement autofinancé par Francis Ford Coppola, Megalopolis a été présenté cette année au Festival de Cannes, où il a été froidement accueilli par la critique et les festivaliers, avant d’être entaché par des révélations de comportements inappropriés de la part de son réalisateur envers les femmes de son équipe sur le tournage du film. Il a finalement été acquis par le distributeur américain Lionsgate qui travaille actuellement à promouvoir la sortie en salle de ce film maudit, œuvre aussi abondante qu’absconse et précédée d’une réputation chaotique.

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Probablement démuni quant à la stratégie à adopter pour susciter l’intérêt des spectateurs pour ce long-métrage démesuré, Lionsgate a tenté un pari risqué. Ainsi, des citations acerbes au sujet d’anciens films de Coppola de la part de critiques cinéma réputés, qui ne sont plus en activité aujourd’hui, ont été insérées dans le dernier trailer de Megalopolis dans l’idée de démontrer que l’œuvre du cinéaste a su résister au temps alors que la critique s’est souvent avérée sévère à son sujet. “Le génie est souvent incompris”, affirme, en voix off, Laurence Fishburne qui figure au casting du film.

Ainsi, selon les inserts que l’on pouvait lire dans la bande-annonce de Megalopolis — supprimée depuis — la célèbre et redoutée Pauline Kael, ancienne critique au New Yorker, aurait qualifié Le Parrain d’œuvre “affaiblie par son maniérisme” au moment de sa sortie tandis que le théoricien de la critique cinéma Andrew Sarris l’aurait accusé d’être “bâclé et complaisant” dans les colonnes de l’hebdomadaire The Village Voice. Le critique du Daily News Rex Reed n’aurait quant à lui pas du tout apprécié Apocalypse Now, qu’il aurait considéré comme “un déchet épique” tandis que Rogert Ebert, journaliste au Chigaco Sun-Times, aurait taxé Dracula de “triomphe de la forme sur le fond”.

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S’il est une stratégie hasardeuse de s’en prendre aux critiques qui ont encore et toujours un impact décisif sur le succès d’un film, ce pari aurait pu s’avérer être un coup marketing payant — positionnant le nouveau film de Coppola dans la lignée de ses prédécesseurs qui ont marqué l’histoire malgré des avis peu élogieux — si ces anciennes citations étaient avérées. En effet, selon le journaliste de Vulture Bilge Ebiri, la plupart de ces extraits sont introuvables dans les critiques originales et auraient été fabriqués de toutes pièces, peut-être par une intelligence artificielle.

Face à la polémique, Lionsgate a supprimé le trailer qui avait cumulé 1,3 million de vues en 24 heures, et s’est fendu d’un communiqué publié par Variety afin de présenter ses plus plates excuses : “Nous présentons nos excuses les plus sincères aux critiques impliquées, à Francis Ford Coppola et à American Zoetrope [la société de production du réalisateur qui a autofinancé le film, ndlr] pour cette erreur inexcusable qui a échappé à notre processus de validation. On a merdé. On est désolés.”

Malgré ce destin malheureux, Megalopolis a également trouvé preneur en France. Le film a été acquis par Le Pacte et sortira le 25 septembre prochain dans nos salles.

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