Exit le streaming : l’industrie du disque mise sur les réseaux sociaux

Publié le par Valentin Després,

cc pixabay

Les plateformes comme TikTok et Triller intéressent de plus en plus les majors.

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Il n’aura fallu qu’une petite dizaine d’années pour que le streaming bouleverse en profondeur notre façon d’écouter de la musique. L’industrie du disque, forcée de revoir son modèle économique pour l’intégrer pleinement, en tire aujourd’hui plus de 8,5 milliards par an. Depuis quelques mois, un autre secteur, peut-être plus juteux encore, est en train de se faire une place de choix dans ce business lucratif : celui des réseaux sociaux. Se pourrait-il que nous soyons déjà à l’aube d’une nouvelle révolution ? C’est en tout cas ce que révèle le magazine américain Rolling Stone, qui a pu s’entretenir avec Steve Cooper, directeur général du groupe Warner Music.
L’entreprise américaine a révélé dans un rapport financier, publié le 23 novembre dernier, qu’elle avait réalisé 3,8 milliards de chiffre d’affaires au cours de l’année passée mais que “seuls” 63 % de cette somme provenaient du streaming. Steve Cooper a ensuite ajouté que les partenariats qu’ils nouaient avec des réseaux sociaux comme Facebook, TikTok ou Snapchat étaient de plus en plus nombreux et qu’ils représentaient déjà pour la major un revenu à neuf chiffres. Celui-ci augmenterait d’ailleurs à une vitesse plus importante que celui généré par le streaming payant.
Il peut paraître normal, à première vue, que les entreprises de médias sociaux reversent d’importants montants à l’industrie du disque pour utiliser la musique qu’elle produit, mais cela est en réalité extrêmement récent. Jusqu’à la fin du premier trimestre 2018, les sommes versées par Facebook, TikTok et Snapchat au groupe Warner pour utiliser sa musique s’élevaient à… 0 euro. L’entreprise de Mark Zuckerberg se trouvait même en situation de violation des droits d’auteur à ce moment-là.
En mars 2018, la major Facebook et sa filiale Instagram ont signé leur premier accord commercial. Snapchat a attendu août 2020 pour le faire et aucun contrat de long terme n’a encore été signé avec TikTok. Malgré ce retard à l’allumage, les réseaux sociaux sont passés en l’espace de deux ans du statut d’épineux problème du monde de la musique à celui de source de revenus non négligeable.

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Diminution de la croissance du nombre d’abonnés payants

La Warner était la première entreprise de l’industrie musicale à embrasser pleinement la révolution du streaming : elle se vante d’ailleurs d’avoir réussi à en tirer la majeure partie de ses revenus dès 2016. Avec la diminution de la croissance du nombre d’abonnés payants aux plateformes, les réseaux sociaux pourraient bien incarner le moyen de faire entrer l’industrie du disque dans sa prochaine phase de développement.
“Nous sommes à l’aube d’un nouvel âge d’or pour la musique et les opportunités sont partout”, avait déclaré Steve Cooper lors de la publication des résultats financiers de son entreprise en novembre. Les applications de création de contenus musicaux, comme TikTok ou son concurrent direct Triller, sont surveillées de très près par les maisons d’édition en raison de leur immense potentiel à générer des revenus. En 2020, “le créateur devient public et le public devient créateur, ce qui crée un effet multiplicateur massif”, explique Cooper. La signature d’un contrat courant sur plusieurs années entre Sony Music et TikTok confirme cet engouement.
En plus des réseaux sociaux, le monde du jeu vidéo pourrait également devenir un immense levier de croissance. En avril dernier, plus de 27 millions de fans avaient assisté sur Fortnite aux concerts virtuels conçus par Travis Scott. D’après certaines prédictions, le secteur à lui seul pourrait rapporter plus de 300 milliards de dollars par an, d’ici 2025. Aujourd’hui, l’industrie musicale tout entière ne génère que 6 % de ce chiffre. De quoi donner le tournis.

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