Perfect Days, un vrai feel-good movie sous forme de petit éloge de la simplicité

Publié le par Manon Marcillat,

Pour son retour à la fiction, Wim Wenders a posé ses caméras à Tokyo pour un film poétique et pudique.

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Perfect Days, c’est quoi;?

Cette année à Cannes, le célèbre cinéaste allemand notamment connu pour le somptueux Paris, Texas palmé en 1984 présentait deux projets : le documentaire Anselm en Séances spéciales et Perfect Days, son nouveau long-métrage de fiction pour lequel il est retourné à Tokyo après avoir filmé la capitale nippone en 1982 dans Tokyo-Ga.

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Cette fois-ci, il a choisi de nous livrer le quotidien d’Hirayama, un homme d’une cinquantaine d’années qui travaille à l’entretien des toilettes publiques de Tokyo et s’adonne à cette tâche avec soin, méticulosité, application et, ainsi, dignité. Il vit seul sans pour autant éviter le contact avec l’autre, sa vie est simple et sa routine quotidienne très bien huilée.

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Mais c’est bien ?

Perfect Days n’est pas le nouveau film de Ken Loach ou des frères Dardenne, comme pourrait le laisser penser ce court synopsis, mais un vrai feel-good movie sous forme de petit éloge de la simplicité et sur fond de littérature, de rock et de photographie, extrêmement satisfaisante à contempler.

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Le film s’ouvre un peu à la façon de Jeanne Dielman, 23, quai du Commerce, 1080 Bruxelles, nous invitant dans la vie chiche et routinière d’Hirayama. Petite toilette sommaire, pulvérisation des plantes, café au distributeur du coin, et le voilà parti sillonner la capitale et ses lieux d’aisance au volant de sa camionnette, les cassettes des Velvet Underground, d’Otis Redding, de Lou Reed ou de Patti Smith rythmant ses trajets et lui procurant un plaisir évident.

Mais à la différence du film de Chantal Akerman, rien ne semble aliénant dans ce quotidien pourtant répétitif. Pendant ses jours de repos, Hirayama se rend aux bains publics, développe les photos noir et blanc qu’il prend avec son petit Olympus ou va dîner dans son restaurant favori. Bien que ses premiers mots ne soient prononcés qu’à la trentième minute du film, l’employé un peu simplet qui travaille avec lui à l’entretien de la ville ou sa nièce venue en visite le ramènent régulièrement dans le monde des vivants et des parlants.

Les toilettes qu’il nettoie ne ressemblent en rien à nos innommables toilettes publiques françaises mais sont toutes des sortes de petites bizarreries architecturales ou technologiques – comme ces déconcertantes cabines transparentes qui s’opacifient quand on les verrouille –, extrayant Perfect Days d’un misérabilisme qui pourrait le guetter.

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Pourtant, Hirayama demeure un invisible de ces grandes villes anonymes et ses tentatives foirées de connexion à ses pairs – la jeune fille sur le banc voisin avec qui il partage sa pause déjeuner ou la mère apeurée à qui il restitue son petit garçon égaré – nous ramènent à sa condition sociale qui n’a pas toujours été sienne. Hirayama pense que Spotify est un magasin et vit dans une petite bulle anachronique faite de cassettes audio et de photos argentiques au cœur de la ville la plus technologique de la planète, sans pour autant être déconnecté de ce monde moderne.

Par ce personnage, Wim Wenders nous raconte peut-être son décalage face à un certain cinéma, mais sans passéisme, et nous a cueillis sans qu’on l’attende, à quelques jours de la clôture du festival. Discrètement, Perfect Days est venu se hisser tout en haut de nos coups de cœur cannois et a fait couler nos toutes premières larmes, entre fatigue et émotion.

On retient quoi ?

L’acteur qui tire son épingle du jeu : Koji Yakusho, que l’on voulait voir récompensé du prix d’interprétation masculine
La principale qualité : sa simplicité extrêmement satisfaisante
Le principal défaut : être programmé à la fin d’un festival au bout du rouleau
Un film que vous aimerez si vous avez aimé :
Paris, Texas, Paterson, In the Mood for Love et Jeanne Dielman, 23, quai du Commerce, 1080 Bruxelles
Ça aurait pu s’appeler :
Simple comme Hirayama
La quote pour résumer le film :
“Poétique et infiniment pudique”

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Article écrit à Cannes le 2 mai 2023, mis à jour le 29 novembre 2023