Entre la master class du groupe ATEEZ et Le Sserafim accusé de “fraude”, quel rôle a joué la K-pop à Coachella cette année ?

Publié le par Mélissa Chevreuil,

© Scott Dudelson / Getty Images

L’un a fait le show (dans le bon sens du terme), l’autre a fait le show (dans le mauvais sens du terme).

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Il est vrai, on vous a (beaucoup) parlé de l’édition Coachella de cette année et pour cause : au-delà des débats éthiques qu’elle peut causer, elle a provoqué une jolie FOMO dans à peu près tout le bureau. Les uns (comme moi) ne vivent que pour les actes I et II de Lanachella et ses boucles de star désuète de cinéma. Les autres pour le magnétisme de Tyler, the Creator qui s’accapare la scène comme personne. Sans évoquer en profondeur le retour de l’iconique No Doubt, la prestation so coquette de notre Polly Pocket favorite Sabrina Carpenter ou encore le show quasi onirique de Doja Cat sans oublier les sets fantasmagoriques des Frenchies de Justice (cocorico). Et encore, le name dropping pourrait durer des heures. Toutefois, il y a bien un domaine que nous n’avons que si peu esquissé, qui est celui de la K-pop, pourtant bien présente au cours des deux week-ends à travers différents groupes et pas des moindres, ATEEZ et Le Sserafim en tête. Problème, si sur les réseaux, ces groupes ont beaucoup fait parler, c’est tantôt en bien… tantôt en mal, où les critiques plus ou moins constructives dégueulent. Alors on ravale son vomi (ou pas hein) et hop, on fait le point.

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ATEEZ met tout le monde corda

Commençons par ceux qui ont mis tout le monde d’accord, aka les fringants bg du groupe ATEEZ dont on vous parlait déjà lors du festival MCOUNTDOWN à Paris. À noter qu’il s’agit du premier groupe masculin de K-pop à performer à Coachella (eh oui, Stray Kids et BTS jamais, comme quoi). Les enjeux étaient forts mais les huit membres tout de Valentino vêtus ont su être à la hauteur, combinant chorégraphie de haute volée avec des envolées lyriques des plus admirables, tant lors du premier week-end que du deuxième. Une prestation d’une bonne heure musclée, saluée autant par la profession que par les fans qui les stan, et nappée de bops comme “ROCKY”, “HALA HALA” ou “BOUNCY” et “WONDERLAND” (sous un éclairage vert pas forcément flatteur, mais bon, les goûts, les couleurs). Pourquoi les gens, fans de K-pop mais pas que, ont kiffé ? Car les djos ont fait le show pardi, reprenant leur souffle lors de précieuses secondes entre chaque morceau et se donnant à fond. Jongho, chanteur principal, a également réussi à sortir du lot avec sa voix toujours impeccable, en dépit du stress. Pour preuve, plusieurs moments avec lui sont devenus viraux, comme lors de sa performance sur “ARRIBA” où entre deux notes bien placées, l’intéressé tenait un verre de… tequila dans un bar improvisé. Polyvalent, le boug.

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Sur “WONDERLAND”, il a enchaîné les high notes sans trépasser, confortant son statut de meilleur chanteur de la scène K-pop actuelle – il est du moins sur le podium et clairement pas numéro 3.

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Fait assez rare pour être mentionné : des musiciens étaient là pour leur prêter main-forte, ce qui est plutôt rare avec le groupe voire carrément avec le genre musical. Ajoutez à cela une scénographie contenant quelques éléments renvoyant à la Corée du Sud ici et là, patriotisme oblige, et vous obtenez un show complet qui fait l’unanimité.

Le Sserafim cloué au pilori

Problème, leur prouesse a été largement écartée par celle du girls band Le Sserafim… et pas pour les bonnes raisons. Le tout jeune groupe, fondé il y a seulement deux ans, avait beaucoup à gagner, tant sa popularité se veut grandissante grâce à des bangers qui font les beaux jours de TikTok et des stories Insta. Vous pensez ne pas voir de qui je parle ? Écoutez “Smart”, “ANTIFRAGILE” ou “EASY”, et vous capterez que oui, vous connaissez (et écoutez !) de la K-pop sans même le savoir.

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Sauf que voilà, le groupe s’est fait abattre par les fans et la critique, remettant en doute leurs capacités vocales, déjà questionnées au préalable à cause de membres jugées vocalement “plus faibles” que d’autres comme Sakura Miyawaki. Et le premier week-end parle de lui-même. Si les chorés sont réalisées de manière plutôt honorable, côté chant, le résultat est assez gênant. Les notes justes sont aussi rares que les légumes dans mon assiette (just be honest) et les versions “clean” (c’est-à-dire avec uniquement les voix isolées sans instru) sonnent comme un prank, tant on a l’impression d’entendre une bande de copines bourrées dans le karaoké du coin. Oups.

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Disons les termes : sur les réseaux, les filles se sont fait démolir, les internautes hurlant que toute personne défendant leur performance était forcément dans le déni. Le deuxième week-end n’a pas tellement réconcilié le public avec les jeunes femmes, pour une simple et bonne (ou mauvaise) raison : l’utilisation quasi excessive mais possiblement essentielle de backtrap, comprenez par là une bande-son en arrière-fond avec la musique et les paroles. Le groupe peut ainsi s’en servir de fil conducteur et n’a qu’à chanter au-dessus. Une sorte de semi-play-back qui assure aux filles une “protection”, puisque la bande-son enveloppe leurs notes les plus fausses. Si elles sont loin d’être les seules à utiliser cette technique pour minimiser les ratés, elles ont néanmoins été critiquées une fois encore.

Loin de moi l’idée de me faire l’avocate du diable, mais il serait bon de nuancer le propos. Si leurs chorégraphies ne sont pas les plus techniques, elles restent physiques et rares sont les artistes capables de cumuler chant et danse avec le même level. Sachant que, et sans la jouer les Miss météo, le festival à ciel ouvert a lieu dans un désert. C’est bête, mais c’est un détail qui n’en est pas, tant il y fait chaud et sec. Un challenge considérable pour des artistes pas habituées aux lives. Justement : ajoutez à cela que Le Sserafim reste un jeune groupe (bonjour le stress) qui a encore beaucoup à apprendre et à prouver. Les comparer à Blackpink, entité de K-pop qui fut le premier à poser un pied à Coachella et qui était nettement plus aguerri, n’a donc pas de sens.

Sans omettre que les groupes formés par les maisons de disques n’ont pas tous pour vocation de faire du live avec brio, mais plutôt d’enchaîner les bops et MV (music video) de qualité. En ce sens, les protégées de HYBE et Source Music cochent bien les cases du contrat. Alors plutôt que de multiplier les reproches, saluons qu’une fois encore, un évènement d’une envergure mondiale a su mettre en avant un courant musical qui, malgré sa popularité évidente, fut (et est toujours) boudé par une bande d’irréductibles condescendants. Coachella ne sera pas le seul en ce sens, puisque Lollapalooza, autre festival prestigieux ayant lieu à Chicago en août prochain, a parmi ses têtes d’affiche… le groupe Stray Kids. À vos pronostics – et vos Lightsticks !

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