On ne le répétera jamais assez, si les scénaristes, acteurs et actrices américain·e·s sont en grève à Hollywood, c’est pour des questions de revalorisation salariale et d’accès à l’assurance santé, mais aussi officieusement pour faire la guerre à l’intelligence artificielle. Ou plus précisément pour se faire entendre contre le manque de restrictions et de protections contre cette nouvelle technologie qui inquiète les milieux du cinéma, des séries ou encore du doublage. Si les récents propos polémiques de Bob Iger, le patron de Disney, ont jeté de l’huile sur le feu, Netflix joue carrément la carte de la provocation à l’égard des membres des syndicats de la SAG-AFTRA et de la WGA.
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Sur sa plateforme de recrutement, le géant américain du streaming vient de mettre en ligne une offre très alléchante qui concerne un “AI product manager”, soit littéralement un responsable de production spécialisé dans les intelligences artificielles et le machine learning. Sur la page de description du job, on peut lire que “le machine learning et l’intelligence artificielle alimentent l’innovation dans tous les domaines de l’entreprise, qu’il s’agisse de nous aider à acheter et à créer du contenu de qualité, d’aider les membres à choisir le titre qui leur convient le mieux grâce à la personnalisation, d’optimiser notre traitement des paiements et d’autres initiatives axées sur les revenus”.
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Et le salaire fait rêver : Netflix propose entre 300 000 et 900 000 dollars par an (environ entre 269 000 et 808 000 euros) pour séduire son messie des IA. Oui mais voilà, en pleine grève des syndicats, et alors que les gros studios n’ont toujours pas bougé le petit doigt pour entamer des pourparlers depuis l’échec des premières négociations, l’offre d’emploi de Netflix est très mal vue. Plusieurs stars et scénaristes qui ont bossé pour des séries de la plateforme, comme Jorge A. Reyes (Reine du Sud) et Elizabeth Benjamin (13 Reasons Why) dénoncent la déshumanisation de cette industrie au profit de bénéfices toujours plus grands.
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Pour le moment, l’Alliance of Motion Picture and Television Producers (AMPTP), le syndicat qui représente les gros studios comme Netflix et Disney, assure prendre très au sérieux les inquiétudes des grévistes concernant l’IA. Dans un récent communiqué, la guilde avait assuré que “le contenu généré par une IA ne serait pas éligible au crédit d’écriture” et que, conformément aux règles définies par la WGA, “seule une personne peut être considérée comme un scénariste et bénéficier du crédit d’écriture selon l’accord de base”. Mais bon, on a vu assez d’épisodes de Black Mirror pour savoir que des twists n’ont pas besoin d’être suggérés par une IA pour arriver.