Matthew Perry a été retrouvé mort à son domicile à l’âge de 54 ans hier, samedi 28 octobre. L’AFP a rapporté que “l’acteur a été retrouvé inconscient par son assistant dans son jacuzzi à son domicile de Los Angeles” et n’avait pu être ranimé par les secours. Difficile de séparer l’acteur de son emblématique interprétation de Chandler Bing, dix ans durant, dans la série Friends. À la mémoire du comédien et de son personnage fétiche, voici cinq leçons à tirer de ses dix ans d’existence sur petit écran.
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Vous pouvez choisir votre famille
Tous les Thanksgivings, c’est la même rengaine, Chandler refuse de manger la traditionnelle dinde et sa purée de patates douces. Monica est obligée de lui préparer un repas à part composé d’un sandwich au fromage et d’un paquet de Funyuns format familial, de gâteaux apéro goût oignon, parce que la fête états-unienne lui rappelle de mauvais souvenirs familiaux. Le protagoniste mettra huit saisons et un mariage avant de faire la paix avec ses parents mais il nous prouvera, pendant une petite décennie, qu’on peut “faire famille autrement” grâce à ses ami·e·s.
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Par opposition aux autres personnages, qui mentionnent souvent les autres membres de leur famille et ont des frères et sœurs, Chandler est très seul. Sa bande de copain·ine·s devient sa famille (métaphoriquement et littéralement, puisqu’il épouse son amie et voisine de palier Monica) et il se fait un devoir d’être toujours présent pour elle et de lui prouver sa loyauté – comme lorsqu’il passe six heures dans une boîte pour s’excuser d’être tombé amoureux de la copine de Joey.
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Sortez de vos chemins tracés (et lisez Heidegger)
Une des blagues récurrentes de Friends concerne le mystère autour du taf de Chandler. Ce n’est pas tant que personne le comprend, mais plutôt que ça a l’air tellement rasoir que personne ne prend la peine de s’en souvenir. Tout ce qu’on sait, c’est que c’est un poste qui ne semble pas lui prendre trop de temps (puisqu’il passe son temps à boire des énormes bols de café au Central Perk), qui lui assure un salaire très confortable (il paye ses factures et celle de son colocataire Joey, acteur sans le sou, pendant un bon nombre de saisons) et grâce auquel il a un spacieux bureau en haut d’une tour de Manhattan.
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Après avoir tenté de démissionner une première fois dans la saison 1 – et avoir vite changé d’avis à la promesse d’une grosse augmentation et de jolis privilèges –, Chandler quitte enfin son poste de “statistical analysis and data reconfiguration manager” pour trouver sa passion. Il finira dans la pub, après une période de chômage, de doutes et d’idées pourries. En se décidant à se mettre (un tout petit peu) en danger et à refuser la facilité et ce qui est attendu de lui, Chandler convoque la philosophie de Martin Heidegger, qui interroge dans Être et temps, en très, très gros, l’essence de l’être humain :
“[Heidegger] nous explique que chacun d’entre nous a le pouvoir, en tant qu’être humain, de se définir soi-même. Heidegger nous dit aussi que la plupart d’entre nous abandonnons toujours cette liberté un peu par paresse et nous préférons nous fondre dans ce qu’il appelle ‘l’être dans la moyenne’. C’est-à-dire qu’on satisfait tous un certain nombre d’impératifs de la ‘dictature du on’. On répond à un certain nombre de normes, de tutelles extérieures et notre vie passe sans qu’elle ait été véritablement notre vie”, nous expliquait la philosophe Marianne Chaillan en 2021.
Chandler prouve au fil des épisodes, et malgré un certain temps à se mettre en route, qu’il sait se remettre en question et ne souhaite surtout pas passer à côté de sa vie. De là à vous conseiller, comme le fait Beyoncé, de changer d’emploi, il n’y a qu’un pas.
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Ne retournez pas avec votre ex
Tout le monde adore Janice (ou tout le monde devrait adorer Janice). Avec ses tenues extravagantes, son rire bruyant et sa voix nasillarde, on ne peut pas dire qu’elle vit pour le male gaze. Mère de jumeaux, mariée au roi du matelas puis divorcée, elle est indépendante et déterminée et c’est sans doute pour ça que Chandler ne peut s’empêcher de la rappeler dès qu’il ressent le moindre coup de mou. Mauvaise idée, baby Bing, ça n’a marché ni la première, ni la deuxième fois, ça ne fonctionnera pas mieux à la sixième tentative : quand ça ne veut pas, ça ne veut pas. Il faut lâcher ce téléphone et trouver l’amour chez ta voisine – et vous devriez en faire autant. Peut-être pas avec la voisine, mais vous avez saisi l’idée.
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Ne vous prenez pas trop au sérieux
Chandler est névrosé, Chandler adore la cigarette, Chandler se pose énormément de questions mais – et c’est sans doute la source de ses pouvoirs en plus de son troisième téton – Chandler est surtout infiniment drôle. Cynique, sarcastique, ironique et tous les mots en -ique que vous voudrez, il désamorce toutes les situations et moments de gêne à grand renfort de bons mots et blagues foireuses. Lorsqu’il devient patron, il n’hésite pas à forcer ses tics de langage et de personnalité afin que ses collègues puissent se moquer de lui et rire ensemble, à ses dépens. Ça, c’est ce qu’on appelle de l’amour du rire désintéressé.
Ne vous méprenez pas, on ne vous enjoint pas à fermer les yeux sur vos traumas et simplement passer dessus une bonne couche d’humour, mais les incessantes blagues du personnage prouvent surtout sa capacité à pointer du doigt ses défauts et les travers de ses proches et du monde qui l’entoure.
Apprenez à grandir
Chandler a une peur bleue de l’engagement, il rompt avec des filles super juste parce qu’il a la trouille et il utilise le divorce de ses parents comme une villain origin story qui expliquerait tous ces manquements de l’âge adulte. Dieu merci, Chandler finit par sortir de son adulescence, notamment grâce à son amour pour Monica. Se rendant compte qu’il peut la perdre (un ressort scénaristique aussi lourd dans la réalité que dans la fiction), Chandler prend enfin les choses en main à la saison 6 et se décide à s’engager. Joli tournant, c’est Monica qui le demandera en mariage plutôt que lui.
Pétri de méfiance à l’égard des schémas familiaux traditionnels et apeuré à l’idée d’être père, il finit par adopter des jumeaux avec Monica et à déménager en banlieue avec sa famille. Au-delà de l’apologie de l’idée que les choses se finissent bien quand on vieillit heureux·ses à deux avec des enfants, on choisit plutôt de célébrer ici l’idée qu’il est possible de changer, de mûrir et de se remettre en question au contact de celles et ceux qu’on aime. Marié et père de famille, Chandler n’en oublie pas pour autant sa fonction de pilier pour ses ami·e·s, puisqu’il choisit une maison dans laquelle une chambre est réservée à son cher Joey.