L’acteur assure qu’il n’avait pas l’intention de froisser Woody Allen, ni Roman Polanski.
“Ces dernières années, vous avez beaucoup tourné en Europe alors que vous n’êtes même pas condamné aux États-Unis.” Cette phrase, prononcée par Laurent Lafitte pendant son discours d’ouverture du 69e Festival de Cannes, a fait couler beaucoup d’encre depuis deux jours. Adressée à Woody Allen, elle a été interprétée comme une double référence à l’affaire Polanski, poursuivi pour viol aux États-Unis, et Woody Allen, accusé d’agression sexuelle par l’une de ses enfants.
Sauf qu’apparemment, Laurent Lafitte n’avait pas du tout en tête la seconde affaire. Dans une interview au Hollywood Reporter, il explique sa blague : il ne savait pas que le matin de la cérémonie, Ronan Farrow, frère de Dylan Farrow (la fille de Woody Allen qui l’accuse d’agression sexuelle) avait écrit une tribune dénonçant le silence des médias sur le sujet.
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(à partir de 3’30)
Laurent Lafitte précise que s’il “avait su que la blague serait mal interprétée”, il “ne l’aurai[t] pas faite”, qu’il ne voulait se fâcher avec personne et que d’ailleurs, il a supprimé un trait d’humour sur Nicole Kidman de peur de la vexer. Il se justifie ainsi :
“J’ai appris que ma blague avait fait beaucoup réagir, pas dans la salle, mais après la cérémonie. Je n’ai su que ce matin que le fils de Woody Allen avait publié un communiqué hier qui accusait son père [d’agression sexuelle]. Je n’étais pas au courant.
Quand j’ai écrit cette blague, le but était plutôt de se moquer de l’Europe, et des raisons pour lesquelles l’un des plus grands réalisateurs américains y travaille depuis des années. Alors qu’Allen n’y était pas obligé, puisqu’il n’a pas été accusé de viol dans son pays comme Roman Polanski.
C’était conçu comme un trait d’humour sur le puritanisme américain, et sur le fait qu’un réalisateur américain ait envie de faire tant de films en Europe. Je n’étais pas au courant du reste.”
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“Une tempête dans un verre d’eau”
“Puritanisme américain ?” Vu comme ça, la blague devient tout aussi gênante, mais pour d’autres raisons. Roman Polanski a fui les États-Unis après avoir été poursuivi pour viol sur mineure, en 1977. Il avait plaidé coupable pour “rapports sexuels illégaux” mais avait rejoint l’Europe avant le verdict, craignant une peine trop lourde. Ce que Laurent Lafitte qualifie de puritanisme, c’est une décision de justice empêchée sur un sujet très grave.
Laurent Lafitte assure donc qu’il ne visait même pas méchamment Roman Polanski, mais qu’il ciblait plutôt les différences de mœurs entre le Vieux Continent et les États-Unis. Impossible de savoir si ce qu’il dit est vrai, mais comme cela, l’explication semble quand même un peu tirée par les cheveux – et la vanne, plus drôle du tout.
Quel que soit le réel sens de cette phrase, il est bien dommage que l’explication de Laurent Lafitte l’éclaire d’un jour nouveau : l’impertinence et la défense publique des victimes de violences sexuelles dans le palais des Festivals, cela avait quand même plus de gueule que ces atermoiements finalement eux-mêmes très puritains.