Alors qu’on attend son nouvel album, Drake fait encore parler de lui en postant une photo de lui avec tous les soutiens-gorge qu’il a reçus sur scène. Il y en a vraiment beaucoup. Et on se demande bien pourquoi il les a gardés. Cela fait maintenant des semaines, des mois, que Drake s’enfonce dans un positionnement assez ridicule de beauf ultime limite mascu.
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L’album commun de Drake et 21 Savage, Her Loss, a été vendu à plus de 500 000 copies sur sa première semaine en novembre 2022. C’est plus haut que toutes les plus hautes estimations. Drake y rappe près de deux fois plus que 21 Savage, donc on peut dire que le rappeur de Toronto reste un des artistes les plus importants du monde. Pourtant, depuis plusieurs morceaux, voire albums, Drake semble en décalage de plus en plus certain avec une partie de son public.
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OK, Drake a mis une femme sur la pochette, embrasse l’empowerment féminin de nombreuses fois pendant l’album, tout en renouvelant son soutien au droit à l’avortement. Mais sur le morceau où il reprend “One More Time” des Daft Punk (beauf ?), il balance aussi une pique qui semble être pour Megan Thee Stallion en mettant dans la même phrase “shoot”, “lie” et “stallion”.
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Drake prend ainsi implicitement parti pour Tory Lanez, accusé d’avoir tiré dans le pied de Megan pendant une embrouille en voiture. Plus tard dans l’album, on aperçoit une autre balle perdue, cette fois-ci sûrement pour la nouvelle sensation Ice Spice, qui semble être un 10 mais qui est mieux en mode muet. Aïe. La rappeuse a répondu avec humour, mais la critique reste acerbe sur le physique et la valeur artistique.
Drake semble presque devenir le symbole de l’antiwoke. Il embrasse le féminisme, mais ne propose aucun featuring féminin ou reprise d’artistes féminines. Et ses seules cibles sont des femmes. Bon. Si on ajoute le côté culte du corps à outrance, un interlude avec le spécialiste parisien des grosses bagnoles et des tournures de phrases très boys club, on peut ouvertement se demander si le héros Drake n’a pas fait exprès de ringardiser son image.
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Ses prises de position sont toujours sujettes à interprétation et Drake y joue à chaque fois le premier degré naïf, mais on a du mal à se dire qu’un rappeur avec une telle carrière, fan de Jay-Z, ne voit pas les seconds sens que chaque auditeur peut trouver. Est-ce que Drake n’est pas justement en train de créer l’archétype même du rappeur masculiniste ? Ça y est, Drake est peut-être juste devenu réac.
Le 5 majeur de la semaine du 22 novembre 2022
Leto & Guy2Bezbar – TP1G
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Ce duo a une alchimie incroyable, une efficacité pure… Du tout-terrain. Et surtout, du fun. On sent qu’ils s’amusent à faire des tours de passe-passe, à trouver la meilleure aisance possible. C’est archi-agréable à l’écoute, comme sur ce “TP1G” très, très efficace. De toute façon, tout Guy2Bezbar est un sans-faute pour moi.
Cochise – Crème brûlée
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Dans la mouvance post-Playboi Carti, Cochise gagne largement aux points. Et là, son nouveau titre s’appelle carrément “Crème brûlée”. Il parle d’en manger tout le temps. Et en plein milieu, il envoie un gros “Takeoff, Rocket. Takeoff, Rocket”. Bon, voilà, je suis archi-conquis.
Rapi Sati & Couli B – Dis pas ça
On reste du côté du 19e arrondissement avec l’excellent Rapi Sati qui invite Couli B, dont je vous parlais il y a peu. Et c’est encore une réussite, un morceau hyper-dansant et addictif. En bonus, l’apparition d’Orelsan dans le clip, qui nous citait justement il y a peu Couli B parmi les artistes qu’il écoutait en ce moment. J’aime cette explosion de style dans toutes les directions, allant de Barbès à Caen. C’est vraiment une bonne énergie actuelle, un beau mélange.
GloRilla – Nut Quick
GloRilla est en train de prendre une place très importante dans le rap actuel. En quelques mois, elle a installé un style féminin très contagieux en direct de Memphis. Elle vient de sortir son EP, Anyways, Life’s Great, neuf titres très efficaces avec des basses en forme de sarbacanes. “Nut Quick” est encore une master class niveau frontal, avec son clip mettant en avant les femmes de Memphis. On entend des restes de Three 6 Mafia et Project Pat, mais aussi les alliances avec Detroit, comme peut le faire Moneybagg Yo, Pooh Shiesty ou Big30 en ce moment. Une belle claque. Prochain tube : “Unh Unh”. Putain de basses sarbacanes.
MIKE – What Do I Do?
J’avais hésité la semaine dernière mais en fait, je le réécoute tous les jours depuis. MIKE avait sorti un de mes albums préfs de l’année 2021 avec Disco!. Le meilleur pote d’Earl Sweatshirt est tout simplement inclassable, comme son ami. Ce nouveau morceau slash clip porte bien son nom tellement on s’y perd avec délectation. Un régal. Allez, je me le remets.
Ligne nostalgique
Cette semaine, j’ai classé tous les albums de Nas. Ça m’a permis encore une fois de me plonger dans la discographie vraiment très large du génie de Queensbridge, avec certains disques que j’avais sous-estimés, d’autres que je pensais bien meilleurs. Parmi tout ça, j’ai réécouté de nombreux featurings et collaborations de ses meilleures années, pour moi entre 1995 et 1999. Et ma préf reste très sûrement celle avec le duo Raekwon et Ghostface Killah, notamment sur “Verbal Intercourse”. Toujours les frissons.
J’ai diggé pas mal de freestyles aussi sur la même période, et on peut ajouter un super groupe avec Prodigy et Havoc de Mobb Deep. Vraiment une grande période. Ce freestyle en plein Yo! MTV Raps avec Raekwon, Nas et Mobb Deep me fait bien kiffer (donnez-moi leurs fringues Wu-Wear, pleaaaase).
Et en tout neuf : Raekwon et Ghostface font partie de la nouvelle campagne de la collaboration Kith x Knicks sortie la semaine dernière. Après Dipset en 2020 et The Lox en 2021, le duo membre du Wu-Tang explose le concept freestyle accap en plein Madison Square Garden, et me fait redire que c’est vraiment le rap que j’aime. Merci, Nas. Merci, Prodigy et Havoc. Merci, Rae et Ghost.