Après Jodie Foster, Michael Cimino ou encore Takeshi Kitano, Arte dresse maintenant le portrait de Meryl Streep dans Meryl Streep, mystères et métamorphoses. Souvent citée comme l’actrice préférée de l’industrie, cette icône du cinéma semble, de prime abord, aussi mystérieuse que populaire.
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L’immense Meryl Streep pousse son premier cri en 1949 dans le New Jersey. Issue d’une famille modeste, elle incarne le pur produit américain dont on parle dès les années 1950. Attirée par la figure de la pom-pom girl, elle se transforme en l’archétype de la lycéenne archi-féminine et séduisante. Plus tard, lorsqu’elle décide de monter sur scène, c’est selon la méthode enseignée à l’Actors Studio de New York qu’elle se transforme. Rapidement, cette élève surdouée comprend qu’elle doit surtout se fier à son instinct.
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Si tout commence sur grand écran avec Julia en 1977, le documentaire de Charles-Antoine de Rouvre revient sur son histoire d’amour avec le regretté John Cazale (révélé dans Le Parrain) et son premier rôle d’envergure dans Voyage au bout de l’enfer, le chef-d’œuvre de Michael Cimino. Elle et son époux, affaibli par son cancer des poumons, y donnent la réplique à Robert De Niro le temps d’un dernier tournage. Peu avant la sortie du film, son mari décède.
Veuve à 29 ans, la nouvelle actrice auréolée par les critiques se voit contrainte de se remettre à travailler pour payer les factures. Profondément marquée par le décès de John Cazale, la comédienne se plongera dans des rôles dramatiques dès le début de sa carrière, avant de se réinventer dans les comédies.
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Pièce maîtresse du féminisme hollywoodien
Outre ce sombre épisode, qui fait partie de la fascinante carrière de l’actrice, ce documentaire s’attarde sur la manière dont Meryl Streep a participé à l’écriture de ses rôles, comme dans Kramer contre Kramer. Ce film culte réalisé par Robert Benton était teinté d’une vision essentiellement masculine. C’est l’actrice qui a remanié le scénario, après une première lecture, apportant un peu d’épaisseur au personnage féminin, qui quitte brutalement son mari et son fils.
Taxé d’anti-féministe à sa sortie, Kramer contre Kramer trouve en Meryl Streep une voix salvatrice. Impliquée dans chacun de ses projets, l’actrice s’impose face aux critiques et défend le propos de son personnage. Bien qu’aujourd’hui l’actrice incarne des femmes complexes, à fort caractère et possédant un véritable esprit d’indépendance, elle a dû mener un long combat contre l’opinion publique à ses débuts. Désormais, il suffirait qu’elle claque des doigts pour qu’un projet dans lequel elle est impliquée se concrétise.
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Forte de sa renommée pour revendiquer ses engagements féministes, celle que l’on surnomme “la reine des comédies musicales” reste allergique à la célébrité. Meryl Streep, mystères et métamorphoses intègre d’ailleurs quelques anecdotes marrantes qui prouvent combien la coqueluche de Hollywood déteste les prix et le cirque des tapis rouges. Parmi elles ? Cette fois où elle a oublié l’un de ses Oscars aux toilettes.
Une carrière infinie
À travers ces nombreuses images d’archives, d’interviews et de discours, Meryl Streep confie qu’elle vit avec la peur de ne plus jamais tourner. Comme pour bon nombre d’actrices, l’arrivée de la quarantaine est souvent injustement fatale pour une carrière au cinéma.
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Intelligente et puissante, notre inimitable vedette est l’une des rares à avoir su tirer profit de sa longévité. Si on l’a d’abord entrevue littéralement tordre le coup aux clichés devant la caméra Robert Zemeckis dans La mort vous va si bien, elle a su jouer la carte de la perversité absolue de la femme mûre dans Le diable s’habille en Prada avant de se glisser dans la peau de Margaret Thatcher dans La Dame de fer.
Capable de traverser les décennies, d’enchaîner les rôles, de transformer l’industrie de l’intérieur, Meryl Streep brille dans ce portrait riche et enrichissant. Ce documentaire inestimable de Charles-Antoine de Rouvre sera disponible sur Arte jusqu’au 3 août.
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