Incapables de “rester là les bras croisés au vu de la situation” palestinienne, Marwa Hanachi et Laura Menassa ont voulu “tenter quelque chose, pas seulement pour récolter des fonds, mais aussi pour mettre en lumière ce que subit Gaza (et pas que) au jour le jour : nettoyage ethnique, humiliation, occupation, colonisation, et surtout pas de droits au retour sur leurs terres”, nous détaillent les co-organisatrices de From the river to the sea 48 – en référence au célèbre chant de libération palestinienne, “From the river to the sea, Palestine will be free” (“De la mer au Jourdain, la Palestine sera libre”), et à l’année de la Nakba.
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Ensemble, et à l’initiative de Marwa Hanachi, elles imaginent la création d’un “mouvement solidaire à travers un événement quasi simultané entre différentes villes”. Malheureusement, les pressions externes ont eu raison de la journée parisienne, supposée se dérouler ce dimanche 18 novembre à l’origine : “Le lieu parisien a subi des pressions à propos de l’événement, donc ils se sont rétractés au dernier moment”, nous préviennent les organisatrices. Tunis et Beyrouth n’ont pas flanché, et in extremis, le lieu solidaire La Corvée a sauvé l’histoire en proposant son espace le dimanche 26 novembre prochain.
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Les organisatrices ne baissent pas les bras malgré cette déception, prévoyant déjà d’autres occurrences internationales, de la Suède aux États-Unis en passant par Marseille : “On reçoit beaucoup de demandes de participation, pour faire quelque chose dans une autre ville, mais aussi beaucoup de harcèlement déplacé”, rappelle le duo. Le projet est viscéral, solidaire et découle du sentiment partagé de ces deux amies, “la même frustration face à la situation en Palestine” : “Nous sommes particulièrement sensibles à cette cause depuis notre enfance.”
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Marwa Hanachi, responsable des opérations, et Laura Menassa, photographe, ont imaginé la tenue d’une exposition et d’une vente de tirages au profit du Palestinian Children’s Fund Relief. Parmi les artistes invité·e·s, on retrouve, entre autres, Aïda Dahmani, Samir le Babtou, Fethi Sahraoui, Tanya Traboulsi, Rita Kabalan et Gogy Esparza :
“Nous avons tout de suite pensé aux confrères et consœurs de Laura dont le travail parle souvent de résistance, d’espoir et d’appartenance. Nous avons fait appel à des gens que nous connaissons ou que nous avons rencontrés au cours de notre vie afin de compléter la programmation de Paris (comme Masuna Ceramics ou La Cuisine de Souad) et aussi, au culot ! […] Grâce aux réseaux sociaux, tout le monde se connaît sans se connaître. Tou·te·s ont accepté automatiquement, mentionnant que c’était un devoir de participer. C’est ce que Laura aime dans sa communauté de photographes entre le Maghreb et le Moyen-Orient. Nous avons nos combats respectifs au quotidien, et nous répondons toujours présent·e·s lorsqu’il faut soutenir une cause. Marwa a également son réseau sur Paris et a tout mis en œuvre de son côté pour que les choses se concrétisent.”
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Les choses sont “allées assez vite”, poursuit la photographe, grâce au “bouche à oreille”. “Marwa gère l’organisation à Paris, Sarra Ben Hafsia s’est occupée de la riche programmation de Tunis et moi, je m’occupe actuellement de celle au Liban. Chacune a suivi le déroulement des autres pour qu’il y ait une harmonie, une concordance. Par exemple, à Tunis et à Paris, nous avons la playlist de Radio Al Hara. Entre Beyrouth et Paris, les photographes et le screening [devaient] se [répéter].”
En plus de l’exposition et la vente, les événements mélangent d’autres formes d’art, du cinéma, de la littérature, de la musique ou de la gastronomie, afin de “créer un dialogue entre les gens et de se réunir, de connaître notre culture commune et de voir le monde à travers les yeux de ces artistes”. Les courts-métrages présentés toucheront à des thématiques diverses, “mais complémentaires”, insiste Laura Menassa. “Ils traitent des sujets comme la santé mentale, l’isolement, l’appartenance et aussi les rites religieux. Des sujets qui sont aujourd’hui plus que d’actualité, et dans lesquels nous pouvons tou·te·s nous retrouver à un certain moment de notre vie.”
À travers leur initiative (dont le graphisme a été pensé et réalisé par Sama Beydoun), Marwa Hanachi et Laura Menassa espèrent apporter une aide financière aux Palestiniennes et Palestiniens tout en mettant en lumière ce qu’ils et elles traversent : “Malgré les vagues de manifestations dans le monde entier, nous nous sentons si petites et impuissantes. Nous pensons qu’aujourd’hui, c’est le peuple palestinien qui nous donne une grande leçon de vie”, concluent les deux amies.
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Vous pouvez retrouver From the River to the Sea 48 sur Instagram. L’événement de Tunis à lieu ce dimanche 19 novembre au B7L9, l’événement de Beyrouth le dimanche 26 novembre au Ked, et l’événement de Paris, le même jour, à La Corvée.