Des mots aux arts visuels, Tarek Lakhrissi imagine des futurs queers émancipateurs

Publié le par Pauline Allione,

© Tarek Lakhrissi/Photo : Aurélien Mole

Élu jeune talent de Reiffers Art Initiatives, l’artiste crée des œuvres en prise avec les luttes plurielles de notre époque.

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C’est dans le cadre du programme de mentorat de Reiffers Art Initiatives que l’artiste contemporain Ugo Rondinone a choisi de mentorer l’artiste et poète Tarek Lakhrissi. Les deux artistes exposeront en duo dans “who is afraid of red blue and yellow?”, une exposition visible du 16 octobre au 1er décembre 2024 au Reiffers Art Center, dans le 17e arrondissement de Paris. Focus sur l’œuvre contemporaine et poétique du jeune talent 2024 de Reiffers Art Initiatives.

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Né en 1992 à Châtellerault et établi à Paris, Tarek Lakhrissi développe une pratique protéiforme allant de l’installation à la performance, en passant par le film et la sculpture. Formé au théâtre et inspiré par l’œuvre d’auteur·rice·s féministes et queers comme Monique Wittig, Jean Genet et José Esteban Muñoz, il entretient un rapport particulier au langage. L’artiste travaille en effet à partir de textes, pour explorer artistiquement des sujets politiques et sociaux, dont les identités queers et racisées en Europe.

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“J’ai baigné dans un monde totalement fait de mots, de langage et de phrases. Je pense toutes mes performances et mes installations à partir d’un texte, qu’il soit poétique, théorique ou plus romanesque. Ça m’a également amené à des formes expérimentales avec de la vidéo. Comment une parole a une forme, un impact ? Comment par la parole, on peut créer une communauté ? Comment par la parole, il y a une possibilité d’exprimer certaines choses plus facilement ?”, détaille l’artiste dans une interview donnée à L’Alsace.fr. Ses œuvres sont aussi baignées d’influences multiples : les clips de Missy Elliott et Travis Scott, les États-Unis, ou encore le cinéma.

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Au croisement de luttes plurielles

Son installation Unfinished Sentence, faite d’armes et d’outils de domination suspendus, est ainsi née après la lecture d’un livre de Monique Wittig, Les Guérillères, et s’attaque au sexisme et au racisme, tandis que son premier recueil de poèmes Le Sang !/Blood! (2022) explore, entre autres, les expériences des minorités queers. Son court-métrage Out of the Blue, visible lors de l’exposition “Habibi, les révolutions de l’amour” à l’Institut du monde arabe parisien, met quant à lui en scène le personnage de Mejda, qui s’endort devant un film de science-fiction et se réveille dans un monde où des extraterrestres kidnappent les “hommes de pouvoir”.

Si son travail jongle entre plusieurs médiums, l’artiste continue d’explorer des thèmes récurrents comme la spéculation et la transformation, pour imaginer des mondes parallèles poétiques et politiques, où les minorités reprendraient le pouvoir. Une façon, aussi, de proposer des alternatives face à un monde menaçant, à un avenir peu réjouissant : “J’ai envie de dire que le futur m’inquiète. J’essaie de trouver du calme, le calme du moment présent, au milieu de cette inquiétude, parce que je ne suis pas sûr que nous sommes prêt·e·s à affronter ce qui va arriver et ce qui nous attend”, raconte l’artiste au magazine Citizen K.

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Tarek Lakhrissi, Sick Sad World, 2020, “who is afraid or red blue and yellow?”. (© Aurélien Mole)

“Ugo Rondinone & Tarek Lakhrissi. who is afraid or red blue and yellow?” est à découvrir au Reiffers Art Center (Paris), jusqu’au 1er décembre 2024.

Konbini, partenaire de Reiffers Art Initiatives.

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